L’Institut Pasteur de Bangui (IPB) a récemment accueilli une délégation de l’Africa CDC pour discuter des avancées d’un programme de santé lancé en 2022, en partenariat avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Ce programme se concentre sur la collecte et l’utilisation de données précises sur la mortalité afin d’améliorer les politiques de santé publique en Afrique. Le Dr Carole Bohimbo a souligné l’importance de comprendre les principales causes de mortalité pour orienter efficacement les actions de santé publique. Les défis liés à la collecte de données, notamment le manque d’exploitation optimale des informations cruciales, restent un obstacle majeur. Ce problème est particulièrement aigu lorsque les décès surviennent en dehors des structures hospitalières, nécessitant des autopsies verbales pour obtenir des données fiables.
Le directeur général de l’IPB a insisté sur la nécessité d’une approche communautaire, pilier de la politique sanitaire en RCA, pour améliorer la collecte et l’utilisation des données. L’IPB travaille en collaboration avec le Ministère de la Santé et de la Population (MSP) pour renforcer l’intégration des communautés locales dans le processus de collecte des données sanitaires, en formant des agents communautaires et en utilisant des outils technologiques d’aide à la décision pour le diagnostic et la prise en charge des maladies. Ces technologies permettront un enregistrement plus efficace des données, assurant une meilleure traçabilité des causes de décès.
Le Professeur Boum II a également mis en avant les efforts de formation et de renforcement des capacités locales. L’IPB collabore étroitement avec l’Africa CDC pour développer des programmes de formation destinés aux professionnels de la santé et aux agents communautaires. Cette initiative vise à renforcer les compétences locales et à garantir une collecte de données de haute qualité, essentielle pour mettre en œuvre des interventions de santé publique efficaces. Enfin, les discussions ont également porté sur les évaluations continues et la planification stratégique.
Les représentants de l’Africa CDC et de l’IPB ont convenu de l’importance d’ajuster les plans en fonction des résultats des évaluations, en utilisant des indicateurs de performance clés pour guider leurs actions. La collaboration internationale et le soutien technique sont essentiels pour surmonter les défis liés à la collecte et à l’utilisation des données. L’intégration de ces évaluations continues permet non seulement de répondre aux besoins immédiats, mais aussi de planifier des stratégies à long terme pour améliorer la santé publique en République Centrafricaine.
Bulletin mensuel de l’Institut Pasteur de Bangui
« Le combat de l’excellence au sein de l’Institut Pasteur de Bangui (IPB) ne sera gagné que par les fruits des efforts de tous et de toutes ».
Yap Boum II, directeur de l’Institut Pasteur de Bangui, en République centrafricaine. Il a publié plus de 100 articles, notamment sur la nécessité de trouver des solutions africaines à la pandémie de COVID-19 dans la revue The Lancet.
Cette citation de Catulle empruntée à la Ministre des Affaires étrangères Mme Sylvie BaipoTemon lors de la levée de l’embargo sur les armes de la RCA durant la récente session du Conseil de sécurité de l’ONU peut s’étendre à tous les secteurs d’activité et à tous les combats.
Le combat de l’excellence au sein de l’Institut Pasteur de Bangui (IPB) ne sera gagné que par les fruits des efforts de tous et de toutes. De nombreux efforts ont été consentis depuis plus d’un an par le personnel, et les fruits commencent à apparaître. Le diamant de l’IPB commence à briller, et il va falloir redoubler d’efforts pour le polir afin qu’il illumine toutes les populations centrafricaines, contribuant ainsi à un accès équitable et à un diagnostic de qualité. 2023 a été l’année de tous les diagnostics et audits, nous permettant de cerner les défis et de proposer des solutions dans une feuille de route pratique et pragmatique qui inclut toutes les directions et tout le personnel de l’IPB.
Au fil des mois de 2024, la mobilisation dans la rédaction des procédures, la mise en place d’outils de gestion financière tels que PowerBI, la réduction des charges, la meilleure gestion des stocks, l’accroissement des partenariats nationaux et internationaux, et la mise en place d’instances de gouvernance telles que le conseil scientifique en cours, ont permis au premier semestre 2024 d’entrevoir le bout du tunnel. En effet, un retour à l’équilibre de l’institution est proche, et nous pouvons envisager un bilan positif à la fin de l’année 2024. Sur la vingtaine de projets de recherche soumis depuis septembre 2023, près de 5 millions d’euros seront investis à l’IPB pour la recherche dans les trois années à venir.
Le prix Mérieux permettra d’évaluer l’impact des changements climatiques sur les arboviroses, le Wellcome Trust nous permettra de mieux comprendre la dynamique des vecteurs responsables du paludisme, la recherche sur les entérovirus sera accentuée avec le support de l’IP Paris, le projet MEDICINE financé par Expertise France va renforcer la lutte contre le paludisme, le VIH, et la tuberculose en équipant les relais communautaires d’outils d’aide à la décision.
L’optimisation des hémocultures avec le partenariat Analog Devices et l’Université de Harvard permettra d’améliorer la prise en charge rapide des septicémies. Enfin, The Village contribuera, grâce à la fondation Gates, à ouvrir les scientifiques centrafricains à tout un réseau de mentors et de partenaires de la diaspora, du Pasteur Network, et du monde entier. Cette tendance a été partagée avec l’équipe d’Expertise France, de l’IP Paris et de SYNEX qui ont visité l’IPB afin de nous accompagner dans notre extension et notre développement dans le cadre de notre plan stratégique 2024-2029, avec l’appui de l’AFD.
Le conseil de perfectionnement de l’IPB aura l’opportunité et la responsabilité de donner des orientations à l’IPB en fonction de ces avancées significatives et des priorités de la Centrafrique. De nombreux efforts sont encore nécessaires pour achever la feuille de route à la fin de l’année 2024 et pour finaliser le plan stratégique 2024-2029 supporté par le projet de développement de l’IPB. En effet, nous sommes encore loin du compte. Seuls 25 % des personnes vivant avec le VIH ont une charge virale réalisée chaque année.
Avec le MSP, le Fonds mondial et les partenaires, il faudra atteindre 50 % en 2025, encore loin de la cible de 95 %. Sachant que 50 % d’entre eux vivent hors de Bangui, la décentralisation auprès du MSP est une certitude. Elle permet aussi de répondre aux épidémies en cours de MPOX à Bayanga, Bossangoa, et maintenant à Bangui, d’hépatite E dans la Vakaga, ainsi qu’à la surveillance de la polio, des entérovirus, et des grippes. Au-delà de la décentralisation, l’intégration sous-régionale a permis à l’IPB d’accompagner le Cameroun par la formation du personnel de laboratoire à la confirmation de son premier cas de coqueluche.
C’est donc plus que jamais le moment de redoubler d’efforts afin que la victoire soit belle. Celle de l’équité et de l’amélioration de la santé des populations centrafricaines. Pour cela, nous n’accepterons rien de moins que l’excellence.
Le professeur Yap Boum II est directeur exécutif de l’Institut Pasteur de Bangui, en République centrafricaine. Il est l’ancien représentant d’Epicentre, la branche recherche de Médecins Sans Frontières (MSF) et a mis en œuvre des études sur la tuberculose, le paludisme, le VIH, l’Ebola, le COVID-19. Il enseigne la santé publique et la microbiologie dans plusieurs universités africaines. Il a été le chef des opérations de la réponse au COVID-19 au Cameroun. Il siège au conseil d’administration de The Lancet Global Health et s’intéresse particulièrement à l’équité et à la contribution des scientifiques africains à la santé mondiale. Il a co-fondé Kmerpad, qui a mis au point des serviettes hygiéniques lavables afin d’autonomiser les femmes. Il a également co-fondé iDocta, une plateforme numérique qui met les services de santé à la portée de la communauté. Il a créé Homegrown Solutions for Health (HS4Health) afin de trouver des solutions innovantes pour relever les défis sanitaires auxquels l’Afrique est confrontée. La plateforme numérique Village de HS4Health utilise l’IA pour connecter les scientifiques afin de décoloniser la santé mondiale. Il est inspiré par la vision d’une Afrique saine et riche qui se développera en s’appuyant sur les ressources locales et un partenariat équitable.
Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’École de biologie industrielle de Cergy ; d’une maîtrise en microbiologie de l’Université Paris XI ; d’un doctorat en microbiologie de l’Université Paris XI ; d’une maîtrise en santé publique et épidémiologie de l’Université de Liverpool ; d’une maîtrise en administration des affaires spécialisée dans l’entrepreneuriat et le leadership de l’Université de Cape Town. Il est professeur de microbiologie à l’université des sciences et technologies de Mbarara en Ouganda.
Il a publié plus de 100 articles, notamment sur la nécessité de trouver des solutions africaines à la pandémie de COVID-19 dans la revue The Lancet.
Bulletin mensuel de l’Institut Pasteur de Bangui
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