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Dans certaines grandes villes du triangle national, on trouve certains produits extrêmement nocifs pour la santé du consommateur dans des bouteilles d’alcool de contrefaçon ou issus de la contrebande.
Des trafiquants de bières frelatées ont été arrêtés dans la ville de Douala au Cameroun. Il s’agit d’un homme et une femme qui avaient transformé leur chambre à coucher au quartier New-Bell en mini-brasserie. Chambre insalubre, bouteilles sales, eaux souillées, les images de « l’usine » démantelée par la gendarmerie nationale à New-Bell font le tour des réseaux sociaux. Outre des bouteilles de Guinness, apprend-on, plusieurs autres marques de bières ont été trouvées au domicile des présumés criminels.
Ils opéraient au pied de leur lit. Ces contrefacteurs ont été dénoncés aux forces de l’ordre par le voisinage qui n’acceptait plus ces opérations malsaines et dangereuses pour la santé de la population. Tous ces produits contrefaits ont des conséquences sur la santé du consommateur. L’alcool méthylique est utilisé comme substitut de l’éthanol dans un grand nombre de boissons alcoolisées frelatées dans de nombreuses régions du monde en développement. Le méthanol (alcool de bois) est produit à partir de la distillation destructive en bois. La formation de deux métabolites toxiques, le formaldéhyde et l’acide formique, provoque l’empoisonnement au méthanol.
L’apparition des symptômes varie entre 40 minutes et 72 heures après l’ingestion. Les signes cliniques peuvent inclure des maux de tête, vertiges, léthargie, une vision floue, une diminution de l’acuité visuelle, et une photophobie (sensibilité à la lumière). Un coma et des convulsions apparaissent dans les cas graves. Des décès ont été signalés après l’ingestion de 15 ml ou 3 cuillères à café d’une solution à 40 %.
La consommation d’un volume plus faible peut provoquer une cécité. Les complications neurologiques et ophtalmologiques sont les plus fréquentes et surviennent avec des taux sériques de méthanol supérieurs à 20 mg/dl. Le pronostic de l’empoisonnement au méthanol est en corrélation avec la quantité de méthanol consommé. La dose létale minimale de méthanol chez l’adulte est de 1 mg/kg de poids corporel.
Au Kenya, il existe une sorte de bière, très connue, qui s’appelle “chang’aa”, ce qui veut dire “tue-moi vite”. Au moins vous êtes prévenu. Il s’agit normalement de maïs, de millet ou de sorgo fermenté mais le “chang’aa” est très souvent coupé au méthanol et distillé avec des eaux souillées. Dans d’autres alcools, il arrive aussi de trouver des produits qui servent à l’embaumement des corps, du formol ou de l’acide de batterie.
Dans des alcools illégaux évidemment. Soit de la contrefaçon, de la contrebande, soit il s’agit de breuvages “faits maison”, de façon totalement artisanale. Et les pays les plus touchés sont bien-sûr les plus pauvres car ces cocktails sont infiniment moins chers que l’alcool officiel, légal. En 2014, l’Organisation Mondiale de la Santé estimait que presque un quart de la consommation totale était issue du secteur informel. Eh bien une autre étude vient de sortir, signée d’une ONG qui lutte contre “l’usage nocif de l’alcool”. Etude qui montre que dans certains pays, comme le Mozambique, l’Ouganda ou le Cameroun, c’est carrément plus de la moitié de l’alcool consommé qui est illicite.
E.S.N