Les personnels de santé jouent actuellement un rôle déterminant dans la lutte mondiale contre le COVID-19, et des mesures spéciales doivent être prises pour les soutenir et les protéger. Au Cameroun, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie appelle à une mobilisation nationale pour soutenir ces derniers. Alors, que faut-il faire?
Le bilan du Covid-19 au 10 avril 2020 révèle que le Cameroun compte 822 cas confirmés (495 au Centre, 263 au Littoral, 52 à l’Ouest, 5 au Sud-Ouest, 5 au Sud et 2 à l’Est), 12 décès, 86 personnes guéries et 21 personnels de santé infectés depuis le début de l’épidémie. Les travailleurs de la santé sont donc en première ligne de la lutte quotidienne pour endiguer la propagation du virus et sauver des vies. Les images de ces travailleurs, exténués, qui se battent pour sauver des patients ont touché le monde entier. La sécurité et la santé au travail des personnels soignants est primordiale pour leur permettre d’effectuer leur travail en cette période de crise. Leur protection doit être une priorité.
Alors, que faut-il faire?
1. Assurer la sécurité des travailleurs de la santé
Il est de la plus haute importance de garantir la sécurité et la santé des personnels soignants et de soutenir le personnel d’appui (notamment le personnel de blanchisserie et de nettoyage ainsi que les travailleurs chargés d’évacuer les déchets médicaux).
Toutes informations concernant la transmission du virus doivent être communiquées aux travailleurs de la santé aussi largement et rapidement que possible, en particulier celles qui portent sur les directives les plus récentes ainsi que sur les mesures à prendre pour prévenir la contagion et la façon dont elles devraient être mises en œuvre. Le dialogue entre travailleurs et employeurs du secteur de la santé peut contribuer à garantir que les politiques et procédures préconisées sont convenablement mises en œuvre.
Il est essentiel de mettre à disposition des personnels soignants des équipements de protection individuelle, mais aussi de les former et de les sensibiliser à une utilisation correcte de ces équipements. En outre, des tests de dépistage du COVID-19 devraient être mis à la disposition des travailleurs de la santé aussi largement que possible, pour promouvoir aussi bien leur propre sécurité que celle que des patients.
2. Protéger leur santé mentale
La pandémie expose les travailleurs de la santé à des situations exceptionnellement exigeantes. Outre une lourde charge de travail et, parfois, des situations traumatisantes où ils doivent faire face à des décisions difficiles à prendre et à des taux de mortalité sans précédent, les travailleurs de la santé doivent surmonter la peur de contracter la maladie ou de la transmettre à leur famille et à leurs proches.
Les enseignements tirés d’autres épidémies, telles que l’épidémie de maladie à virus à Ebola qui a frappé l’Afrique de l’Ouest en 2014, montrent que les travailleurs de la santé peuvent être victimes de discrimination et de stigmatisation, fondées sur la crainte du public de contracter la maladie.
Apporter un soutien d’ordre social au sein des équipes, des familles et auprès des amis, et fournir des informations et des conseils aux travailleurs de la santé sur la façon de gérer le stress ainsi que le stress post-traumatique sont deux aspects qui doivent impérativement s’inscrire dans la réponse à la crise.
3. Assurer le suivi des heures de travail
En situation d’urgence, les travailleurs de la santé se voient contraints de travailler dans des conditions inhabituelles et, parfois, atypiques. Pour faire face à la pandémie, de nombreux travailleurs de la santé subissent un surcroît de charge de travail, déjà lourde, de longues heures de travail et l’absence de périodes de repos.
De nombreux pays ayant fermé les écoles et mis entre parenthèses toute vie publique, ces travailleurs doivent en outre organiser leur vie privée et s’occuper des personnes qui sont à leur charge. Des aménagements du temps de travail appropriés devraient être mis en place pour aider les travailleurs de la santé à concilier les exigences des services en matière de santé, leurs responsabilités familiales et leur propre bien-être.
4. Protéger le personnel et les bénévoles recrutés en dernière minute
Pour lutter contre la pandémie, plusieurs pays ont réagi en sollicitant l’aide professionnelle de personnel recruté en dernière minute, de bénévoles ainsi que de militaires, personnels soignants retraités ou étudiants en médecine et en soins infirmiers. Si ces mesures semblent encourageantes car elles permettent d’assurer les soins nécessaires, elles devraient être mises en œuvre avec prudence pour garantir que ces travailleurs bénéficient de la même protection dans l’emploi que les autres.
Les gouvernements devraient consulter les partenaires sociaux pour éventuellement contrôler et réglementer ces recrutements ponctuels. Il convient de prendre en considération, au même titre que la sécurité et la santé au travail, d’autres aspects des conditions d’emploi, à savoir la protection sociale, la rémunération, les périodes de repos et les aménagements du temps travail.
5. Recruter et former davantage de travailleurs de la santé
Des investissements doivent être faits dans tous les systèmes de santé afin qu’ils puissent recruter, déployer et retenir un nombre suffisant de travailleurs de la santé dûment formés, soutenus et motivés. La pandémie de COVID-19 souligne une nouvelle fois la nécessité urgente de disposer d’un personnel de santé solide, partie intégrante de tout système de santé résilient; cet aspect est désormais reconnu comme fondement essentiel pour permettre le rétablissement de nos sociétés et de nos économies et pour se préparer à de futures urgences sanitaires. Joseph Mbeng Boum avec Christiane Wiskow (spécialiste du secteur de la santé) et Maren Hopfe (responsable technique, secteur de la santé), Département des politiques sectorielles de l’OIT