Dans un rapport récemment publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, il a été révélé que les actes de violence à l’encontre du personnel et des infrastructures de santé continuent de sévir dans les zones touchées par la crise au Cameroun. Cette situation alarmante compromet gravement l’accès aux soins de santé pour les communautés vulnérables.
En 2023, pas moins de 16 incidents de violence ou d’obstruction des services de santé ont été signalés, dont 12 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi que quatre dans la région de l’Extrême-Nord. Ces incidents tragiques ont principalement touché les agents de santé nationaux, qui ont été victimes de meurtres, d’agressions physiques, d’enlèvements, d’extorsions et de menaces émanant des différentes parties impliquées dans la crise. De plus, des infrastructures sanitaires ont été délibérément endommagées et du matériel médical précieux a été pillé.
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la situation est si préoccupante que certains agents de santé auraient été contraints de démissionner, craignant des représailles. En janvier 2024, six incidents perturbant les soins de santé ont été recensés dans la seule région du Nord-Ouest, allant des interférences et des perturbations des services de santé à des attaques directes contre le personnel médical, en passant par la confiscation de biens hospitaliers et même la détention temporaire de membres du personnel soignant.
Ces actes de violence ont un impact considérable sur la capacité des communautés touchées par la crise à accéder aux services de santé de base. Dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, de nombreux établissements de santé ont été contraints de fermer leurs portes depuis plusieurs années en raison des attaques répétées menées par des groupes armés non étatiques, certains d’entre eux ayant même été détruits par le feu. Les populations touchées, en particulier les personnes déplacées à l’intérieur du pays, les rapatriés et les communautés d’accueil, sont confrontées à de multiples obstacles pour accéder aux soins de santé, notamment l’insécurité persistante, la disponibilité limitée des services médicaux, les coûts élevés, le manque de moyens de transport et la crainte de la stigmatisation.
De plus, ces crises ont exacerbé la vulnérabilité des femmes et des filles aux risques en matière de santé sexuelle et reproductive, tels que les grossesses non désirées, les avortements pratiqués dans des conditions dangereuses, les infections sexuellement transmissibles et la violence basée sur le genre.
Face à cette situation préoccupante, il est impératif d’agir rapidement pour mettre fin à ces actes de violence et garantir l’accès équitable aux soins de santé pour toutes les personnes touchées par la crise au Cameroun. Les autorités nationales ainsi que les organismes humanitaires doivent collaborer de manière étroite afin d’assurer la sécurité du personnel médical, de protéger les infrastructures de santé et de fournir les services essentiels à ceux qui en ont besoin. Il est également crucial de renforcer la sensibilisation aux droits en matière de santé et de lutter contre la stigmatisation afin de garantir que personne ne soit exclu de l’accès aux soins de santé de base.
La communauté internationale doit se mobiliser d’urgence pour soutenir les efforts visant à mettre un terme à ces actes de violence et à améliorer l’accès aux soins de santé dans les régions touchées par la crise au Cameroun. Les vies et le bien-être de milliers de personnes en dépendent, et il est de notre devoir collectif d’agir de manière décisive pour protéger leur droit fondamental à la santé.
Mireille Siapje