Dépigmentation de la Peau : la quête d’une peau claire aux conséquences mortelles

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Les produits utilisés pour cette pratique, tels que les crèmes et les gels dépigmentants, contiennent des substances toxiques qui peuvent causer des affections cutanées, des problèmes de santé systémiques et même des complications rénales et neurologiques.

La quête d’une peau plus claire, localement désignée par le terme « Ndjansang », a pris une ampleur considérable au Cameroun, au point où il devient, selon certaines observations, de plus en plus rare de croiser une femme à la pigmentation naturelle dans les rues. Cette pratique, qui s’étend également à une frange masculine, repose sur l’utilisation de produits variés tels que crèmes, gels, laits corporels ou savons, appliqués souvent quotidiennement et sur le long terme. Si cette transformation épidermique est perçue par certains comme un idéal esthétique, elle n’est pas sans conséquences graves pour la santé, comme le soulignent les alertes internationales et les mesures prises par le gouvernement camerounais.

Dès 2011, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé de France (ANSM) a mis en garde contre les risques sanitaires liés à l’usage de ces produits dépigmentants. Les utilisateurs s’exposent majoritairement à des affections cutanées variées, allant des infections à l’acné, en passant par l’apparition de vergetures, l’atrophie de la peau et des troubles pigmentaires parfois irréversibles.

Cependant, les dangers ne s’arrêtent pas à l’épiderme. Ces pratiques peuvent également favoriser l’émergence de problèmes de santé systémiques tels qu’un risque accru de diabète et d’hypertension artérielle, ainsi que des complications rénales et neurologiques. De surcroît, l’utilisation de ces produits par les femmes enceintes ou allaitantes expose l’enfant à des risques toxiques non négligeables.

Face à cette menace grandissante pour la santé publique, le ministère de la Santé publique du Cameroun a pris une décision ferme en août 2022. Un arrêté ministériel interdit désormais l’importation, la fabrication et la distribution des produits cosmétiques et d’hygiène corporelle contenant des substances particulièrement dangereuses telles que l’hydroquinone et ses dérivés, le mercure et ses dérivés, ainsi que les corticoïdes. Ces composants, reconnus pour leurs effets délétères sur l’organisme, sont désormais hors-la-loi sur le territoire camerounais.

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De plus, cette interdiction s’étend à la publicité et à la commercialisation de ces produits, visant à assécher les canaux de distribution et à décourager leur usage. Cette mesure audacieuse témoigne de la volonté des autorités camerounaises de protéger la santé de leur population face à une pratique culturelle aux conséquences sanitaires désastreuses.

Malgré ces interdictions claires et les mises en garde répétées, la pratique du « Ndjansang » semble profondément ancrée dans les habitudes d’une partie de la population. Le défi pour les autorités réside désormais dans l’application effective de ces mesures et dans une sensibilisation accrue des populations aux dangers réels et à long terme de la dépigmentation artificielle de la peau. La persistance de cette pratique, en dépit des risques avérés et des interdictions légales, souligne la complexité du phénomène et la nécessité d’une approche multidimensionnelle, alliant répression et éducation, pour inverser cette tendance dangereuse.

E.S.N

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