« Depuis 2005, les enfants camerounais sont vaccinés systématiquement dès la naissance contre les hépatites virales » Pr NJOYA OUDOU

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Le Directeur des Laboratoires de Recherches des Hépatites virales et la communication en santé à la faculté des médecines s’exprime sur les questions liées aux hépatites virales.

Comment définissez-vous, de manière générale, les hépatites virales ?

Les hépatites virales sont des maladies infectieuses du foie. Ce sont les inflammations du foie qui sont consécutives à une infection virale. Cela peut être le virus A, B, C, D et même le virus E.

Quelles sont les voies de contamination de celles-ci ?

Ça dépend. Il faut d’abord signaler qu’il y a deux catégories d’hépatites virales en termes de contamination.  Il y en a celles qui sont transmises par voie sanguine et celles par voie orale. Celles qui sont transmises par voie sanguine sont les hépatites virales B, C et l’hépatite virale Delta ou D. celles qui sont transmises par la voie orale sont l’hépatite virale A et l’hépatite virale E. Cela voudrait dire que si vous consommez une nourriture qui contient le virus, vous pouvez attraper l’hépatite virale A ou E. alors que l’hépatite virale B, C, D sont transmises par voie sanguine. Il faut préciser que la B en plus de la voie sanguine est transmise par voie sexuelle.

Comment elles se manifestent sur un sujet atteint ?

Tout dépend de la maladie ou du stade de celle-ci. Ce qui est sûr et de manière générale, il n’y a pas une présentation classique de l’hépatite virale. Cela voudrait dire qu’il n’y a pas un signe spécifique qui montre que c’est l’hépatite virale. Généralement, ce sont des symptômes comme les symptômes de grippe ou de pseudo grippe ; c’est à dire douleur, fièvre, douleurs articulaires, dans une moindre mesure des maux de tête. Mais, je redis avec insistance que ce ne sont pas de signe pathomimie. C’est à dire que ce ne sont pas des signes spéciaux liés à l’hépatite virale. On peut les retrouver dans d’autres maladies.

Quelles peuvent être les complications ?

Il y en a qui donne des complications, d’autres non. L’hépatite A et E, classiquement, ne donnent pas de complications. Mais, l’hépatite B, C, D donnent des complications. Celles-ci sont nombreuses. Elles sont liées à l’atteinte du foie. Et, c’est essentiellement celles qui évoluent vers la chronicité qui donnent des complications. Les hépatites virales B, C et Delta C sont les trois qui donnent les complications dont, la cirrhose qui est une maladie pour laquelle il n’y a pas de traitement et ensuite, le cancer du foie. Et entre les deux, il y a les complications de la cirrhose elle-même qui peut entrainer d’autres complications. Notamment, l’hypertension portale avec les risques d’hémorragie digestive et interne. Dans un temps plus ou moins long, on peut déboucher sur un cancer du foie qui, lui aussi, n’a pas de traitement curatif. Pour me résumer, l’évolution des complications est présentée comme suit : hépatite aigue, chronique, cirrhose et enfin le cancer du foie.

Peut-on parler d’une durée de vie pour les personnes souffrantes des hépatites virales ?

Non. C’est difficile de le dire. Parce que l’hépatite virale varie. L’évolution varie d’un sujet à un autre, de manière générale. Mais, lorsque les complications sont déjà atteintes, là, la durée de vie devient très raccourcie. Donc, autant une hépatite virale B peut trainer sur plusieurs années avant de donner des complications, autant elle peut donner directement des complications sans passer par la voie de la cirrhose. Par contre, l’hépatite virale C passe d’abord par la cirrhose.   

Il y a une tranche d’âge plus exposée à la maladie ?

Tout le monde est à risque depuis la naissance. Surtout pour l’hépatite B, C, D.

Que pensez-vous de la prise en charge des hépatites virales au Cameroun?

L’Etat camerounais fait beaucoup d’efforts en matière de prise en charge de l’hépatite virale. Je le dis parce que j’ai eu la chance et l’honneur de participer à toutes les négociations qui ont permis de diminuer les coûts de prise en charge de l’hépatite virale. Malgré cet effort, il y en a toujours ceux-là qui ne sont pas capable de se prendre en charge. D’un autre côté, l’Etat camerounais a fait l’effort de commencer à vacciner les enfants à partir de l’âge de six semaines. C’est vrai que ce n’est pas encore suffisant. Mais, c’est déjà un pas. Depuis 2005, les enfants camerounais sont vaccinés systématiquement à la naissance.

Vous dites que c’est insuffisant ce que fait le gouvernement, que suggérerez-vous ?

Il y a encore des choses à faire.  Premièrement, il faut obtenir la vaccination pour les nouveaux nés. C’est à dire la vaccination mono dolée. Il faut que les enfants, dès la naissance, soient vaccinés. Ça évite qu’on ait à courir derrière les complications plus tard. Deuxième chose, il faut que nous continuons notre plaidoyer par rapport au coût de traitement de l’hépatite virale C et ainsi beaucoup de traitement pour l’hépatite virale D. Parce qu’il y a quand même un traitement qui permet de maintenir la charge virale à zéro (0). Ce coût peut ne pas être revu mais, on doit continuer les négociations auprès des fabricants des médicaments.

Propos recueillis par Habra REBARA

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