Cancer de la prostate : La juvénilisation de la maladie inquiète le corps médical

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Selon le chirurgien urologue et Vice-Président Afrique centrale de l’Organisation africaine pour la recherche et l’enseignement sur le cancer, Dr. Achille Mbassi, sur 100 patients que le service d’urologie de l’Hôpital central de Yaoundé reçoit, 70% des patients présentent des troubles urinaires du bas appareil, donc 40% ont des âges compris entre 35ans en montant.

Cancer de la Prostate

« Le cancer de la prostate est le cancer le plus redoutable chez la gent masculine. J’ai peur de la maladie de la prostate », raconte Xavier Oumba à son voisin de banc. Assis à l’entrée du service urologie de l’Hôpital central de Yaoundé (HCY) depuis 6 h du matin, ce dernier attend avec impatience de se faire consulter. Le problème est que le quadragénaire a du mal à uriner depuis deux semaines. De jour comme de nuit, Xavier Oumba éprouve une sensation de non vidange de sa vessie. Ses angoisses augmentent avec l’arrivée d’un autre malade, disposant d’une sonde. Philippe Assiga, la soixantaine, est accompagné de son épouse. Celle-ci l’aide à effectuer chaque mouvement. L’état de santé de Philippe Assiga ne rassure pas son voisin de banc. Julien Noah est parmi les tous premiers à être reçus. Ce boulanger de 44 ans, père de huit enfants, affiche un air serein dans le couloir qui mène dans la salle de dépistage. « Mon dernier dépistage date d’il y a quatre ans et s’est bien déroulé. Si je suis là aujourd’hui c’est parce je sais qu’il y a toujours des risques et que passé un certain âge, il faut se faire dépister.» Si pour Julien Noah, la visite est une routine, pour Mathieu Edou, 38 ans, elle a une toute autre symbolique.

 « J’ai déjà vu des personnes souffrir de cette maladie en particulier mon beau-père et mon grand-frère et ça fait atrocement mal. Je n’aimerais pas l’avoir et si jamais c’est le cas, j’aimerais pouvoir le savoir tôt pour mieux me prendre en charge.» D’ailleurs, les questions de prise en charge et de prévention sont également au cœur de la campagne de dépistage. « 70% des hommes reçus en consultation présentent les symptômes du cancer de la prostate. Parmi les victimes, des patients âgés de 35 et 40 ans », confie Dr. Achille Mbassi.

La prostate et ses maladies

Les maladies prostatiques qui auparavant attaquaient les hommes d’un certain âge, deviennent de plus en plus, une affaire de jeunes. Le constat a été fait par plusieurs médecins camerounais, dont le Dr. Achille Mbassi, Urologue et Vice-Président Afrique centrale de l’Organisation africaine pour la recherche et l’enseignement sur le cancer.  « Sur 100 malades qui viennent au service d’urologie de l’Hôpital Central pour des troubles urinaires, 70% ont 40 ans et plus. Nous avons des jeunes de 40 ans qui présentent des cancers de la prostate. A cet âge, la maladie est extrêmement agressive », souligne le scientifique.

Afin de dépister la maladie de manière précoce, la structure hospitalière organise jusqu’au 1er juillet une campagne de dépistage volontaire et gratuite. Principale cible, les jeunes hommes âgés de la trentaine et plus. Marc Essimi, 37 ans, est un peu anxieux. « Je n’ai pas particulièrement mal aujourd’hui, mais il m’arrive d’avoir des difficultés à uriner. Je ne sais pas ce que ça cache, ça m’inquiète, mais il vaut mieux être fixé », confie le patient.

La juvénilisation des cas inquiète le personnel de santé. A ce titre, le Pr. Fouda, chef du service urologie et son équipe souhaitent amener les adultes à se faire consulter au moins une fois par an. « C’est alarmant de voir autant de jeunes présenter des troubles urinaires de bas appareil au quotidien. Le cancer de la prostate devrait être un problème de santé publique », déclare Dr Mbassi. Une gêne de la vessie susceptible d’aboutir à des maladies inflammatoires infectieuses de la prostate, à une tumeur bénigne, voire un cancer.

Dès lors, le malade est soumis au toucher rectal, à une échographie de la vessie, des reins et de la prostate ou encore à une débimétrie pour évaluer la force du jet urinaire. Dans la plupart des cas, les complications démarrent par une rétention aigüe d’urine avant d’attaquer les os, le foie et les poumons.

Ces urgences peuvent conduire la victime à un trouble de l’érection, à l’infertilité ou la mort. S’il est difficile de déterminer avec exactitude les causes du cancer de la prostate, les scientifiques parlent de facteurs génétiques et géographiques. Également dans le programme de ces journées portes ouvertes, une journée scientifique sur le cancer de la prostate va se tenir le 30 juin et une table ronde présentant les actualités sur le cancer de la prostate au Cameroun aura lieu le 1er juillet 2021.

Elvis Serge NSAA

Interview-

Dr Landry Mbouche, Urologue

« Le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus diagnostiqué chez l’homme »

Selon l’urologue en service à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, le cancer de la prostate, peut être prévenu. Il suffit de le diagnostiquer très tôt. Cependant les consultations dès l’âge de 40 ans chez le neurologue sont importantes.

 Lorsqu’on parle du cancer de la prostate chez les hommes, il y a comme un blocage sur le plan de l’acceptation de l’évidence de cette maladie qui exige qu’à partir d’un certain âge un suivi de cet organe soit entamé. Cette réfraction a-t-elle un impact sur l’ampleur de la maladie ?

Avant de parler de l’impact de la réfraction, je pense qu’il est important de dire d’abord ce qu’on entend par prostate. C’est un organe qu’on doit retrouver uniquement chez les hommes. Chez le petit garçon, vous verrez la prostate qui est petite. En grandissant, elle va augmenter. Et encore à l’âge de 30-40 ans  de façon naturelle. C’est si la croissance amène à un cancer qu’il y a problème. Rappelons que cet organe est situé sous la vessie. Il est donc le carrefour des voies urinaire et spermatique. Il assume deux fonctions, l’une de contenance d’urine et l’autre de fertilité. Cette réfraction part de l’ignorance commune de l’essence de la prostate. Un diagnostic tardif cause la morbidité et la mortalité et ce sont des conséquences qui résultent de la non acceptation de la maladie.

 Vous parlez de consultation tardive. Mais qu’est-ce qui est fait pour que les Hommes sachent qu’à partir de 40 ans il faudrait consulter ?

Effectivement, c’est vrai que nous avons un retard d’acquis. Normalement, ce sont des campagnes de sensibilisation pour le dépistage. Vous pourrez dire que 40 ans c’est tôt. Mais cet âge est déjà un facteur élevé du cancer de la prostate. Il y a des facteurs familiaux notamment des familles dans lesquelles le cancer de la prostate est héréditaire. Exceptionnellement pour ceux appartenant à ce type de familles là, il est impératif que le dépistage soit précoce. Comparés à d’autres qui peuvent venir à 45 ans ou plus.

 Qu’est-ce qui cause le cancer de la prostate et quel peut être le taux de prévalence au Cameroun ?

Les études n’ont pas montré de façon absolue qu’il y a une cause du cancer de la prostate comme la plupart des cancers. C’est beaucoup plus les facteurs. Il y en a principalement trois. Il s’agit entre autres des facteurs génétiques dans lesquels vous avez les facteurs familiaux comme les familles dans lesquelles, je l’ai dit toute à l’heure, le cancer de la prostate est héréditaire.

Il y a également des familles dans lesquelles il y a le cancer du sein. Et ces familles-là sont prédisposées à avoir le cancer de la prostate car un gène est partagé à la fois pour les deux maladies.

C’est le VR-CAP. Généralement, une union d’une femme au cancer du sein et d’un homme au cancer de la prostate est risquée. Le deuxième facteur est celui de la race. En effet, la race noire est prédisposée à avoir des cancers de la prostate. Ça survient très souvent à un stage précoce et se montre très agressif. Le dernier est le facteur environnemental lié à la consommation. Si vous consommez beaucoup de graisse, ou que les vessies se trouvent perdues dans la sédentarité, ils peuvent êtres des facteurs du développement du cancer de la prostate.

 Quelles sont les manifestations du cancer de la prostate ? Sont-elles pareilles chez tous les Hommes ?

C’est le deuxième cancer le plus diagnostiqué chez l’homme et la cinquième cause de décès à cancers dans le monde entier. Au Cameroun les études sont encore intra hospitalières. On attend encore une étude globale de la prévalence du cancer de la prostate. Les manifestations pour ce qui est des voies urinaires, nous avons la difficulté à uriner en nuit et en journée. Vous n’arriverez pas à supporter une pression au niveau de la vessie, vous pouvez avoir des urines qui sortent avec du sang qu’on va appeler hématurie.

Maintenant vous pouvez aussi avoir des signes extra urinaires notamment dû à une avancée de la maladie. Lorsque vous tousserez vous allez commencer à avoir mal aux os du bassin, de la colonne vertébrale, des côtes, ainsi qu’aux poumons. Vous pouvez ne même plus marcher. C’est seulement après un dépistage que tous ces symptômes se manifesteront.

 Quels sont les astuces naturelle ou artificielle pour retarder cette maladie qui donne tant de sueurs aux grosses gouttes à l’homme ?

A proprement parler il n’y a pas d’astuces. La seule chose que nous pouvons conseiller est de consulter l’urologue de façon régulière. Pour ceux qui sont dans des familles prédisposées, de venir un peu plus tôt. C’est vrai qu’on a dit 40 ans donc considérons que c’est un facteur à risque. Pour ceux qui ont 45 ans, venir à l’hôpital pour avoir une hygiène de vie notamment manger moins de graisse, consommer plus de fruits, mener une activité physique régulière.

 Quelle est l’astuce pour maintenir son jet de pipi haut ?

Généralement c’est dû à une cause organique. Si on est jeune, à moins de 30 ans, ça peut être une infection, un traumatisme au niveau de l’urètre. Mais, après 45 ou 50 ans, nous allons penser à un problème au niveau de la prostate. Il faut par conséquent consulter.

 Pour ce qui est du traitement du cancer de la prostate au Cameroun à quel niveau en sommes-nous ?

Il faudra différencier le traitement curatif où on va guérir la maladie du traitement palliatif qui est un traitement de confort. Pour accéder au traitement curatif, il y a des indications notamment l’espérance de la vie qui devra être supérieure à 10 ans. Voilà pourquoi on va traiter des malades au cas par cas parce qu’il y a des familles où on vit jusqu’à 100 ans et d’autres où on s’arrête à 50, 56 ans. Il faudra que la maladie soit localisée. Il ne faudra pas avoir l’hypertension ou le diabète. Là vous êtes éligible au traitement curatif qui peut se faire de deux façons. Soit on vous propose une chirurgie radicale où on enlève complètement la prostate soit on fait la radio thérapie.

 Est-ce que, ce n’est pas coûteux ?

Pour le moment c’est coûteux parce que c’est fait dans des structures qui fonctionnent notamment à la coloscopie. En dehors des traitements curatifs vous avez les traitements palliatifs quand vous arrivez à un stade terminal. Leur fonction est juste de freiner la maladie.

 Retranscrit par Soppi Eyenga (Stg)

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