Les patients sous dialyse dans le centre de Ngaoundéré nécessitent des poches de sang pour la transfusion. Entre temps, la culture du don de sang volontaire, gratuit et régulier tarde à s’installer au sein de la population.
« C’est vrai que la CSU aide, mais il y a des coûts du traitement de l’anémie. La transfusion sanguine est quelque chose de fréquent chez les patients hémodialysés, ces frais sont couverts par le patient ou bien par son entourage, sa famille ». Cette déclaration de docteur Oumarou Moussa, chef du centre d’hémodialyse de l’hôpital régional de Ngaoundéré, traduit à souhait, la nécessité de la disponibilisation des poches de sang destinées aux malades dans les banques de sang. Dans la région de l’Adamaoua, la culture du don de sang n’est pas très ancrée dans les mœurs. Les préjugés qui l’entourent ne facilitent pas la tâche. « Je ne suis pas prêt à donner de mon sang. A l’hôpital, ce sang est vendu aux patients. Je préfère attendre et donner à mes proches si jamais un est dans le besoin » avance Ania, habitant de Ngaoundéré. Et d’ajouter, « Très souvent, les sectaires se ravitaillent là-bas. Mieux donner mon sang à un proche qui pourra directement l’utiliser », conclu-t-il. Comme lui, de nombreuses personnes dans cette partie du pays ont la même conception du traitement accordé au sang prélevé chez les donneurs bénévoles.
Selon le représentant régional du Centre National de Transfusion sanguine dans la région, Dr. Ndedjal Hamasselbe Ibrahim, le besoin est énorme et très peu de donneurs se présentent dans les banques de sang. « Tous les services sollicitent des poches de sang, mais il y a des services qui sont plus demandeurs, notamment la maternité, la pédiatrie, les urgences avec les cas d’accidents de la voie publique ensuite le bloc opératoire » indique-t-il. Selon lui, des actions doivent être menées pour répondre aux sollicitations. « Dans l’Adamaoua, le besoin en poche de sang est estimé à environ 20.000 poches mais nous n’avons réussi à collecter que 4000 poches, soit 24%. L’OMS recommande une collecte de 1 à 3% sur l’ensemble de la population d’un pays pour couvrir son taux de besoin en produit sanguin ».
Stratégies de collectes
Pour ravitailler la banque de sang de l’hôpital régional de Ngaoundéré, le CNTS se déploie sur le terrain avec l’appui des Associations Œuvrant pour le Don de Sang. Ce qui permet de contribuer à relever le niveau de disponibilité des poches dans la banque. « La promotion du don de sang qui est l’une des missions phares du CNTS est sous l’animation des associations œuvrant pour le don de sang. Celles-ci sont sélectionnées sur des critères. Nous privilégions les associations à caractère local dans le but d’atteindre les communautés plus facilement en leur parlant dans les langues locales ». Sur le terrain, plusieurs organisations sont mobilisées pour apporter leur contribution à ce challenge. Il s’agit notamment de Arewa Medicare, SOS Don de Sang, Camer Blood, Ceprossa, Ocoprosa entre autres. En 4 campagnes organisées entre juin et septembre, plus de 500 poches ont été collectées. Malgré ces efforts, beaucoup reste à faire afin de répondre aux importants besoins en produits sanguins.
Jean Besane Mangam