Douala : La ville accueille le Navire-Hôpital Chinois « PEACE ARK »

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La métropole économique du Cameroun va accueillir un navire-hôpital d’envergure internationale. Sur instructions du chef de l’État, « PEACE ARK” va jeter l’ancre au port autonome de Douala le 7 octobre 2024 et y restera jusqu’au 14.

Alors quels types de services médicaux seront offerts aux patients à bord du navire-hôpital ? Quels sont les critères spécifiques à remplir pour bénéficier des soins ? Quel est le processus d’enregistrement des patients dans les structures sanitaires de Douala ?

Le Colonel KOKI Godefroy, Médecin-Chef de l’Hôpital Militaire de Douala Région numéro2, nous fait quelques éclairages. C’est dans une interview en pages 6 et 7 de votre journal.

Ce navire-hôpital, véritable plateforme médicale flottante, offrira gratuitement une gamme complète de services médicaux aux populations camerounaises. Les soins proposés incluent la chirurgie, le traitement des maladies infectieuses et chroniques, la pédiatrie, la dentisterie, l’ophtalmologie, l’orthopédie et la gynécologie-obstétrique.

Une initiative humanitaire

Cette mission humanitaire, fruit de la coopération entre le Cameroun et la Chine, vise à améliorer l’accès aux soins de santé, notamment dans les régions les plus reculées du pays. Les habitants de Douala et des environs pourront ainsi bénéficier de consultations et d’interventions médicales de haute qualité, effectuées par une équipe médicale qualifiée.

Les inscriptions sont déjà ouvertes dans plusieurs établissements de santé de Douala : l’Hôpital Militaire de Région N°2, l’Hôpital Général, l’Hôpital Laquintinie et l’Hôpital Pédiatrique Gynéco-Obstétrique. Les populations sont invitées à se rapprocher de ces structures pour obtenir davantage d’informations et procéder à leur inscription.

L’arrivée du navire-hôpital chinois “PEACE ARK” constitue un événement majeur pour le secteur de la santé au Cameroun. Cette initiative permettra non seulement d’améliorer la prise en charge des patients, mais aussi de renforcer les capacités des professionnels de santé camerounais.

Mireille Siapje

« Les populations… c’est quand vous faites du gratuit ou alors quand vous faites ce type d’action que vous voyez sortir tous ceux qui sont dans le besoin. »


Colonel KOKI Godefroy, Médecin-Chef de l’Hôpital Militaire de Douala Région numéro2

Quelles sont les raisons qui justifient l’arrivée du navire-hôpital « PEACE ARK » au Cameroun ?

Je suis un peu embarrassé par la question parce qu’en réalité nous savons que c’est une mission du Chef de l’État ! C’est une mission qui parce que, le Chef de l’État est soucieux de soigner ses populations à peut-être, je parle au conditionnel parce que dans les secrets des dieux entre des Chefs d’État je ne pourrai pas être là-bas ; donc je dis bien peut-être qu’il a demandé à son frère et ami chinois de lui permettre de voir que ses experts viennent soigner les camerounais. Alors cette mission arrive donc parce que les Chefs d’État l’ont décidé. Ce bateau arrive chez nous, et il ambitionne, ce bateau militaire chinois, de soigner les populations les plus démunies, mais aussi les populations nanties : parce qu’il y a des jours de consultation qui ont été réservés pour les personnalités. Je crois que c’est le 8 et le 9, donc les personnalités de quelques bords que ce soit vont être consultées pour celle qui le voudront bien, dans ce bateau. Donc, c’est pour tout le monde que ce bateau arrive ! D’aucuns pourraient souhaiter même qu’il fasse plus de jours que prévu mais malheureusement il doit faire une semaine. Voilà pourquoi le bateau chinois arrive. Maintenant sous l’égide du Ministre de la Défense du Cameroun, nous sommes en train d’organiser cette mission, sous le couvert du Directeur de la santé militaire dont je ne suis qu’un démembrement, puisque c’est lui qui est le responsable de la commission d’organisation. Donc, l’organisation est en train d’être mise en place, nous avons échangé plusieurs fois avec les attachés militaires camerounais, et je viens de vous le dire le bateau il est là pour soigner tout le monde, ceux qui veulent se faire soigner pourront se faire soigner et il y aura des actes de consultation et des actes de chirurgie qui vont être posés dans ce bateau-là.

Quels types de services médicaux seront offerts gratuitement aux patients à bord du navire-hôpital ?

Les différents services concernés sont de plusieurs ordres : les services de médecine et les services de chirurgie. Dans les services de médecine, il y a la neurologie, il y a la gastro-entérologie, il y a la dermatologie, et je pense… la cardiologie. Maintenant dans les services de chirurgie, il y a les services de chirurgie générale, de traumatologie, d’ophtalmologie, d’odontostomatologie et d’urologie. Voilà en quelque sorte, l’ensemble des services qui vont être fournis dans le bateau.

Comment ces services peuvent-ils bénéficier à la population locale, en particulier à ceux qui n’ont pas accès aux soins de santé ?

 La seule bonne façon de procéder, c’est soit de s’inscrire dans l’un des hôpitaux réquisitionnés, c’est-à-dire : l’hôpital militaire de région numéro 2, l’hôpital gynéco- obstétrique et pédiatrique de Douala, l’hôpital général de Douala, l’hôpital Laquintinie de Douala, ou alors de se faire enregistrer dans un centre médical militaire. Voilà les points d’enregistrement. La deuxième façon de se faire enrôler dans ces dispositifs, c’est de venir à la maison du parti à partir du 8 octobre 2024 au matin, parce que là-bas, il y aura un tri fait par les camerounais et les chinois qui permettront directement d’aller au bateau pour se faire consulter, ou opérer en fonction du cas.

Pouvez-vous expliquer le processus d’enregistrement des patients dans les structures sanitaires de Douala ?

La seule chose que nous demandons aux hôpitaux de faire, c’est de s’assurer que, quand on enregistre un malade, on le fait dans sa spécialité souhaitée. Pour nous éviter un double tri, ce serait plus intéressant de les enregistrer par spécialité. Si le malade arrive et il dit qu’il a un problème de dents, qu’on l’enregistre comme quelqu’un qui va voir un stomatologue plutôt que de l’enregistrer comme un patient lambda et qu’après ce jour on soit obligé d’abord de vérifier qu’il veut aller chez le stomatologue.

Quel impact pensez-vous que cette opération aura sur la santé publique au Cameroun ?

Je pense pour ma part que les populations, et je l’observe d’ailleurs avec les activités civilo-militaires que nous faisons tous les semestres, c’est que, il y a un gros feuillage qui cache beaucoup de choses en dessous ; on a l’impression que les populations sont relativement en bonne santé mais c’est quand vous faites du gratuit ou alors quand vous faites ce type d’action que vous voyez sortir tous ceux qui sont dans le besoin et qui malheureusement ne se pointe pas tous les jours dans vos hôpitaux. Donc pour moi, quel que soit l’heure où l’on peut faire ce type d’action, ce serait toujours la bienvenue parce que c’est la chance d’aller extirper ceux qui n’ont pas la capacité d’aller dans les hôpitaux tous les jours pour accéder à un soin fut-il gratuit. Même sans médicament, le simple fait de savoir déjà que vous avez telle maladie vous apporte une capacité de guérison ; mais quand vous êtes là vous êtes rongés par un mal sans même savoir ce que c’est, ça vous pose déjà un problème puisque vous prenez à gauche un paracétamol, vous prenez à gauche une quinine, vous prenez à gauche un antibiotique sans savoir ce que vous soignez. Mais si on vous dit que vous avez la fièvre typhoïde par exemple, vous saurez que si je dois me soigner je dois aller chercher le médicament contre la fièvre typhoïde ; mais quand vous ne savez même pas ce qui vous fait mal au ventre, et vous savez que vous avez des douleurs au ventre sans que vous ne sachiez si c’est une hernie, un problème de gastrite ou un problème d’hémorragie, comment vous ferez pour vous soigner ? Il faut déjà connaître le diagnostic pour vous faire soigner ! Donc toute action qui peut faire en sorte que ceux qui n’accèdent pas aux soins parce qu’ils n’en ont pas les capacités au quotidien puissent accéder à ce soin même si ce n’est qu’un soin de diagnostic ; c’est déjà un pas ! Puisque demain il peut y avoir un soin thérapeutique et pour moi c’est déjà quelque chose.

 Donc cette activité-là aura systématiquement son impact surtout que, les chinois sont prêts à prendre 600 personnes en consultation et probablement à opérer au moins 30 à 40 personnes par jour… donc si vous avez 3000 personnes qui sont consultées en 7 jours je ne pense pas que ce soit négligeable. Si vous avez 100, 200 ou 300 chirurgies qui sont faites en une semaine, je ne pense pas que ce soit négligeable ; au moins cela auront eu ce gain-là. Si en plus de ça pour celui qui n’a peut-être pas eu la chance de faire un examen comme le scanner ou alors une radio parce qu’il n’avait pas de l’argent, et que les Chinois lui donnent cette possibilité de réaliser ce scanner vous, vous convenez avec moi qu’il aura gagné quelque chose dans la capacité de se soigner. Pour moi ça a forcément un impact sur la population.

Et comment se fera le suivi-évaluation de ce processus ?

Merci pour la question, parce qu’elle est pertinente et même très pertinente. En réalité, concernant le suivi-évaluation, nous avons échangé avec les Chinois à ce sujet et il était question pour eux parce qu’ils ne veulent pas que ça se passe mal pour les populations camerounaises, d’affronter les cas difficiles dans les hôpitaux, avec les experts chinois dans les hôpitaux. Mais les cas légers pour lesquelles le suivi est aisé vont être pris en charge dans le bateau. Voilà la dynamique des Chinois parce qu’en réalité si eux ils prennent en charge les cas compliqués, déjà il faudra les suivre jusqu’à la fin ; ils n’ont pas ce temps de suivre jusqu’à la fin parce qu’ils ne seront pas là pour des mois donc ils préfèrent prendre dans leur bateau des cas légers et venir vous aider ou nous aider dans les hôpitaux à gérer ce qui permettrait que, comme ce sont nos malades dans les hôpitaux qu’on puisse continuer la suite puisqu’on connaît déjà les malades et qu’ils ne nous ont apporté qu’un appui en termes soit de diagnostic soit de thérapeutique. Donc voilà un peu la dynamique de chez moi qui me semble logique.

Y a-t-il un message que vous voudriez transmettre aux camerounais concernant cette initiative

À l’heure d’aujourd’hui les chinois sont un pays développé et même très développé… donc, je pense que, il faudrait sortir ça de sa mentalité la notion subjective qui voulait que les chinois fassent toujours des choses dans les à peu près et se dire : si les Chinois viennent jusqu’à nous c’est parce qu’ils ont pu faire du chemin et ils ont fait ce chemin parce qu’ils ont travaillé. Donc il est important pour nous de capter cette capacité et même de tirer exemple d’eux et donc de nous mettre au travail pour espérer que demain nous aussi nous soyons capables d’exporter nos soins et peut-être d’aller les brandir auprès de nos voisins. Pour moi c’est un exemple à suivre, ça c’est le message que je souhaiterais que les populations Camerounaises puissent garder. La Chine est un exemple à suivre. Il faudrait faire comme eux c’est-à-dire : hier nous n’étions pas capable de sortir de notre espace et aujourd’hui nous sommes capables de sortir et d’aller monter que nous avons fait du chemin nous avons évolué et même dépasser les plus forts, parce que la Chine aujourd’hui fait concurrence au plus forts ; donc le Camerounais doit se dire : on doit suivre cet exemple de la Chine en mesure peut-être pas d’aller rivaliser avec les plus forts du monde mais au moins avec les plus forts de notre région d’Afrique ou alors peut-être d’Afrique centrale et même peut-être pourquoi pas d’Afrique entière. Mais pour cela il faut retrousser les manches notre, savoir est capable de cela, mais ça nécessite malheureusement qu’on soit au travail.

Parlant justement de travail quelles seront les prochaines étapes après le départ du navire ?

 Après le départ du navire, il faudra suivre les malades et là les Chinois l’ont bien précisé en principe c’est d’ailleurs pour ça qu’ils ont adopté cette philosophie qui voulait que les cas simples soient pris en charge dans leur bateau et que les cas compliqués, ils apportent un appoint dans les hôpitaux. En fait, le suivi sera je dirais pour moi individualisé, c’est selon le malade en fonction de là où il a été enregistré ou alors en fonction de comment il sent la perspicacité d’un hôpital pour se dire je m’en vais à cet endroit parce que je pense que je peux avoir un bien meilleur suivi dans cet hôpital. Pour les femmes et les enfants, l’idéal d’aller vers l’hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique une fois sortie de la mission chinoise.  Maintenant pour tout le reste ce sera fonction de sa bourse parce que si vous allez à l’hôpital général il faut en avoir les capacités. Pour le reste ce sera fonction de cette bourse là mais aussi du plateau technique qu’il y a en face pour pouvoir vous apporter une solution définitive à après le départ des Chinois.

 

Interview réalisée par Mireille Siapje

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