Douala : Les pharmaciens dans la logique du monopole
Le mot a été au centre des préoccupations lors de la rencontre du 25 septembre 2024 pour célébrer la Journée mondiale à lui consacrée par les Nations unies.
La situation de monopole a donc été bien expliquée par le Dr Franck Nana
Et c’est la salle de conférence de la Délégation régionale de la santé pour le littoral qui a été choisie pour mener les activités relatives à la Journée mondiale des pharmaciens. Au menu, donc, la communication sur le monopole du pharmacien dans un contexte marqué par la vente illicite des médicaments dans la rue, la prolifération des kiosques de vente des médicaments. Pharmaciens et étudiants en pharmacie ont appris sur le rôle du pharmacien dans la couverture santé universelle, programme mis sur pied par l’État du Cameroun et implémenté par le Ministère de la Santé publique. En revenant sur le monopole du pharmacien, on est d’abord parti sur un constat sans complaisance : « On a l’impression que certains professionnels de santé, une fois sortis de l’école, oublient complètement de lire, de s’informer, de se mettre à jour », a dit le Dr Joseph Marie Bikoti, administrateur Frpsl.
La situation de monopole a donc été bien expliquée par le Dr Franck Nana, l’un des principaux orateurs du jour. Pour lui, « le monopole pharmaceutique est un monopole où l’État, à travers une loi, donne à la profession de pharmacien le droit de fabriquer, de distribuer, de dispenser dans les formations sanitaires, des réservations de pharmacie le médicament, tout en expliquant à chaque dispensation, donc au patient, comment prendre un produit, lui expliquer ce qui peut arriver en cas de détresse, comment rattraper le coup. » C’est ça son rôle. « Le pharmacien a le monopole parce qu’il est responsable, parce qu’il est compétent et parce que derrière, il doit assumer toute responsabilité civile, pénale, administrative », a dit le président de l’ordre des pharmaciens du Cameroun, devant la cinquantaine des manipulateurs des molécules.
Un monopole qui ne doit pas traverser les limites : « Le pharmacien a le droit, et l’obligation, de rappeler aux médecins que tel ou tel produit est en contre-indication ». Vous devez le changer. Mais pas que le pharmacien le change. Il doit faire appel au médecin avant de délivrer le produit. Le pharmacien doit lui rappeler qu’il y a une anomalie. Et pas de façon fantaisiste. Un pharmacien ne peut pas proposer ou créer des interactions qui n’existent pas à un médecin, puisqu’il a le droit de reconsulter un autre pharmacien pour avoir le cœur net. Donc, le pharmacien a bien le droit de faire la correction, et de demander au médecin, par un acte, de modifier, ou alors de confirmer, sa prescription », a insisté le Dr Franck Nana.
Le rôle du pharmacien dans la CSU
Un module choisi pour mettre les pharmaciens privés dans la marche du train de la prise en charge, notamment dans le volet Médicaments. On a évoqué ici le volet paquets de soins. Dans les explications données, il a été mentionné que : « Chaque paquet de soins a des intrants pharmaceutiques ». Et pour réussir la couverture santé universelle (CSU), il faut « avoir des médicaments », il faut avoir ces intrants. On peut être consulté avec une ordonnance, si le médicament ne suit pas. « Tout est voué à l’échec », a dit le Dr Bikoti qui soutient que, « cette CSU de pharmacien est si importante qu’il faut assurer la disponibilité de ces intrants, qu’il n’y ait pas de rupture. » Un malade, un enfant de 2 à 5 ans qui est diagnostiqué du paludisme, s’il n’y a pas de médicament, cet enfant peut mourir. Donc, il appartient aux pharmaciens de veiller à tous les niveaux, au niveau de la structure d’approvisionnement, au niveau de la pharmacie, de la formation sanitaire, pour que le produit soit disponible et bien géré. Et d’anticiper également, quand il y a des menaces de rupture, les produits en voie de préemption. Donc, il y a toute une communication que le pharmacien doit assurer concernant la gestion du médicament, concernant sa disponibilité. Voilà le rôle du pharmacien, parmi tant d’autres ; tout est précis.
Grands moments de partage entre différents acteurs de la chaine de fournitures des médicaments. Le rendez-vous a été donné l’année prochaine pour la 15e édition.
Alphonse JENE
Réaction
« Le pharmacien joue un rôle très important dans la mise en œuvre de la Couverture santé universelle (CSU) »
On a choisi d’organiser des communications qui portent essentiellement sur la Couverture santé universelle (CSU) et le rôle que les pharmaciens occupent dans la mise en œuvre de ce mécanisme. Et on pense que les jeunes pharmaciens qui sont en train de sortir des facultés n’ont pas eu la chance d’avoir la CSU comme module en tant que tel. Et on estime que, au sortir de ces facultés, il faudrait qu’ils soient imprégnés de cette notion, de ce mécanisme, que dès qu’ils sont affectés dans les formations sanitaires, qu’on n’organise pas spécialement des formations pour les mettre dans le bain.
On a pensé que ce module-là était très important pour les jeunes étudiants, mais également important pour les pharmaciens du privé qui ne sont pas encore véritablement impliqués dans la mise en œuvre de la CSU. Ils entendent parler, et c’est mieux qu’on ait le même niveau de compréhension et d’information. Et c’est pour cela qu’on a choisi cette thématique.
Et en même temps, le président de l’Ordre a pensé que le monopole du pharmacien était un élément très important pour informer les uns et les autres concernant les obligations sur le plan légal, donc sur le plan de la loi et de la réglementation, auxquelles le pharmacien est soumis, donc il faudrait qu’ils en prennent connaissance tous les jours. On dit souvent que nul n’est pas censé ignorer la loi. On a l’impression que certains professionnels de santé, une fois sortis de l’école, oublient complètement de lire, de s’informer, de se mettre à jour.
L’importance du pharmacien dans la CSU.
Le pharmacien joue un rôle très important dans la mise en œuvre de la CSU. On parle de paquets de soins pour la CSU phase 1. Chaque paquet de soins a des intrants pharmaceutiques. Et pour réussir la CSU, il faut avoir des médicaments, il faut avoir ces intrants. Tu peux être consulté pour presque une ordonnance si le médicament ne suit pas.
Tout est voué à l’échec. Cette CSU de pharmacien est si importante qu’il faut assurer la disponibilité de ces intrants, qu’il n’y ait pas de rupture. Un malade, un enfant de 2 à 5 ans qui est diagnostiqué du paludisme, s’il n’y a pas de médicament, cet enfant peut mourir.
Donc, il appartient aux pharmaciens de veiller à tous les niveaux, au niveau de la structure d’approvisionnement, au niveau de la pharmacie, de la formation sanitaire, pour que le produit soit disponible et bien géré. Et voilà le rôle du pharmacien, parmi tant d’autres. En dehors de la formation, du suivi de la qualité, de la pharmacovigilance, la disponibilité nous semble très importante et la bonne gestion de ces informations afin d’éviter les ruptures. Et d’anticiper également, quand il y a des menaces de rupture, les produits en voie de préemption.
Recueillis par A.J.
Interview
« Le pharmacien a le monopole parce qu’il est compétent et parce qu’il doit assumer toute responsabilité civile, pénale et administrative ».
Il est le président de l’Ordre des pharmaciens du Cameroun. Il s’est ouvert à nous pour expliquer les contours d’un monopole face aux mauvaises pratiques de certains citoyens qui ont choisi de manipuler les produits pharmaceutiques sans en avoir ni qualité, ni compétence.
Vous parlez du monopole des pharmaciens. On veut que vous nous expliquiez un peu en quoi ça consiste…
Nous sommes à la quatorzième Journée internationale du pharmacien, pour montrer la place et l’importance du pharmacien dans le système de santé, en tant que professionnel et acteur. Le thème cette année, c’est « Penser santé, penser pharmacie, et un professionnel fiable et de proximité ». Et au détour de ce thème, nous avons voulu montrer ce qu’on appelle le monopole. Parce que lorsqu’on dit que c’est un professionnel de santé qui est fiable et qui est de proximité, nous devons donc montrer quel est ce rôle de fiabilité et puis de proximité. Le monopole des pharmaciens, si vous voulez, pour moi, c’est un couperet.
A la différence de certains monopoles, ce monopole est à cheval entre l’activité pharmaceutique proprement dite que nous avons apprise pendant sept ans. Je le dis encore aux gens : je n’ai pas appris le commerce à l’école, bizarrement. Pendant mes sept années d’études, si on a pris des cours de la partie économique, ça ne dépassait pas six heures sur sept années.
Donc, pendant sept années, on nous a formés à comment fabriquer le médicament. Comment le distribuer, comment le dispenser, comment expliquer sa production, qu’est-ce que le médicament doit faire dans l’organisme, de quoi le médicament doit être, si vous le prenez, comment éviter de le prendre ensemble. Parce que la molécule ou la famille de molécules de tel groupe et tel groupe mélangé crée une explosion dans votre corps. On appelait les pharmaciens avant les apothicaires. Ce n’était pas le boutiquier, c’est lui qui connaissait les produits qui venaient de loin. Il était capable de distribuer tel épice et tel épice fait. Donc c’était le meilleur cuisinier. Du coup, les rois avaient toujours besoin des apothicaires à côté d’eux.
Pendant sept années, c’est ce que nous avons fait à l’école. Mais lorsque nous venons sur le terrain, il s’avère que l’État, dans presque tous les pays, fait le soin en même temps qu’on dispense et qu’on fait une partie vente. La dispensation à laquelle on paie de l’argent, par exemple un paracétamol, cette dispensation avec de l’argent n’est pas la vente. C’est une dispensation parce que rien n’est gratuit. Même le médecin que vous voyez à l’hôpital, qui vous consulte, ce n’est pas lui que vous payez. C’est parce que vous ne le voyez pas.
La partie vente du pharmacien vient des produits non pharmaceutiques qu’il vend. Donc nous avons un problème de monopole, où certains veulent attaquer le monopole, et où d’autres pharmaciens aussi disent qu’on perd le monopole. Vous ne perdez pas ce que vous avez de droit, ce que la Loi vous a donné. Alors le monopole pharmaceutique, pour le citer lui-là, c’est un monopole où l’État, à travers une loi dans chaque pays, donne à la profession de pharmacien le droit de fabriquer, distribuer, dispenser dans les formations sanitaires, des réservations de pharmacie le médicament, tout en expliquant à chaque dispensation, ça je parle du patient, comment la personne doit prendre, qu’est-ce qui doit arriver, en cas de détresse, comment rattraper le coup.
C’est ça son rôle. Et je rappelle aux pharmaciens que pour le faire, ils doivent être présents. Ça s’appelle les exercices personnels. Attention, si vous, un simple commerçant, vous dites de vous arrêter dans sa boutique chaque jour, chaque jour, un moment, vous avez dit, l’affaire-là, c’est plus compliqué que ce que je pense. Si on vous dit qu’à tel acte que vous risquez, que si la personne se plaint, vous pouvez faire la prison. Il n’est plus commerçant en ce moment. Alors si le pharmacien, dispense une ordonnance non conforme, qui a peut-être été prescrite par un médecin, il est passible de sanctions. Donc, sa responsabilité, ce n’est pas celle qui l’a prescrite, mais sa responsabilité, c’est d’analyser cette ordonnance, de n’avoir pas dénoncé le produit au-delà, ou bien contre-nature, par rapport à la pathologie. Et s’il se trompe au cours de la délivrance, il est aussi passible de sanctions.
Vous voyez bien qu’ici, il s’agit d’une responsabilité que l’État confère aux gens. Et ça s’appelle, en termes pharmaceutiques, le respect des bonnes pratiques de fabrication. Un pharmacien qui est à la production ou qui a un contrôle qualité dans une industrie, et qui décide délibérément de biaiser sur la qualité du produit, est passible de sanctions, de poursuite judiciaire et de tout ce qui va avec.
Docteur, vous dites qu’un pharmacien peut revoir un produit prescrit par le médecin. Est-ce que cela ne crée pas de conflits ?
Non, ça ne crée pas de conflits. C’est institué par des textes. Ça ne veut pas dire qu’on revoit toutes leurs copies. Non, il ne s’agit pas de ça. Un médecin peut faire une prescription, avec un ensemble de produits, où il y a des contre-indications entre eux, des médicaments. Le pharmacien a le droit, et l’obligation même, de rappeler aux médecins que tel produit, tel produit, soit en contre-indication. Vous devez le changer.
Pas que le pharmacien le change. Il écrit au médecin ceci, je n’ai pas le droit de délivrer.
Pourquoi ?
Parce que s’il délivre et qu’il y a un problème, la faute ne va pas revenir au médecin. Le médecin n’a pas l’obligation de résultat. Le pharmacien, qui est son confrère, doit lui rappeler qu’il y a une anomalie. Et pas de façon fantaisiste. Un pharmacien ne peut pas proposer ou créer des interactions qui n’existent pas à un médecin, puisqu’il a le droit de reconsulter un autre pharmacien pour avoir le cœur net. Même s’il y a aujourd’hui des logiciels décrits pour pouvoir savoir, il y a toujours des subtilités qui permettent d’éviter un certain nombre de choses.
Donc, le pharmacien a bien ce droit-là de faire la correction et de demander au médecin, par un acte, de modifier, ou alors de confirmer, sa prescription. Il peut arriver que le médecin, ayant vu quand même cette anomalie, décide de le donner de façon volontaire, parce que ce qu’il veut soigner est plus important que le risque. Dans ce cas, le médecin porte la mention, « Je dis bien… » Donnez « tant, tant, tant » en toute lettre. C’est ce qui est prévu dans nos textes.
En ce moment, le médecin emporte la responsabilité de son acte. Et qu’il dédouane en ce moment le pharmacien. Vous voyez bien, si on vient chez vous et qu’on vous dit, le patron, voilà la lettre officielle, vous laissez, parce qu’il y a une lettre avec cachet. Et aujourd’hui, il y a ce qu’on appelle le rôle du pharmacien clinicien qui est en train d’arriver, en force, dans tous les pays. Vous avez vu, en Europe, que les pharmaciens ont fait la vaccination dans tout le monde entier. Ça n’a pas ému les gens. Donc, pourquoi est-ce que chez nous, on va s’offusquer du rôle du pharmacien ? Et le pharmacien doit être formé. Ça s’appelle un monopole de compétence. Un monopole de responsabilité. Le pharmacien a le monopole parce qu’il est responsable, parce qu’il est compétent et parce que derrière, il doit assumer toute responsabilité civile, pénale, administrative.
On a l’impression aujourd’hui que le monopole a changé de camp parce que le médicament est dans la rue et l’ordre des pharmaciens est silencieux !!!
L’ordre des pharmaciens n’est pas silencieux. Nous parlons chaque jour. Le médicament est dans la rue parce qu’à un certain moment, certains Camerounais ont pensé que le médicament était un produit banal. Aujourd’hui, avec le nombre d’insuffisants rénaux que nous voyons dans le pays, je crois que chacun prend conscience qu’il ne s’agit pas qu’une affaire d’argent. Il s’agit d’une affaire de santé avant tout. Si vous n’avez pas la santé, même si vous avez tout l’argent du monde, ça ne vous sert à rien. La santé est primordiale. Dans le passé, on a dû dire à des pharmaciens, à nos aînés, que le monopole, ce n’était pas à eux seuls, de vendre les médicaments : tout le monde pouvait en vendre. On en paye des prix avec les insuffisants rénaux, les cancers, les insuffisants hépatiques. Toute la population en paye le prix.
Il faut donc qu’on revienne au bon sentiment, que chacun comprenne qu’il faut laisser le médicament au bon endroit. Pour la question des coûts, vous vous rappelez que la couverture santé universelle (CSU) est celle qui doit baisser les coûts des médicaments aux gens. Ce n’est pas en laissant les médicaments aux mains inexpertes que le coût sera bas. L’État, à travers la CSU, doit prendre en charge et laisser les professionnels faire leur travail.
La CSU est l’outil aujourd’hui majeur mis en place totalement, qui va permettre à l’usager lambda, femme de ménage, pousseur, benskineur, de se soigner au même titre qu’un ingénieur, un médecin, un pharmacien, un professeur d’université. Parce qu’ils seront égaux devant la maladie.
Quels sont les mécanismes que l’Ordre des pharmaciens du Cameroun a mis en place pour combattre la vente des médicaments périmés ?
Avec le ministère de la Santé, nous sommes vraiment en pointe sur la question de contrôler au niveau de toutes les structures pharmaceutiques la gestion des médicaments périmés. Nous avons lancé et nous allons encore accélérer le processus d’aider les structures pharmaceutiques à rassembler les médicaments pour les détruire par incinérateur ou bien par les voies légales. Donc il y a eu ces deux volets. Aider d’abord les structures pharmaceutiques, l’officine des pharmaciens et des hôpitaux à détruire les produits périmés et aussi contrôler les structures pharmaceutiques si les procédures sont maintenues. Justement, cette question que vous me posez me fait un peu sourire.
Comment ceux qui ont admis que les médicaments doivent être vendus dans la rue, comment ils contrôlent que ces gars détruisent les périmés ?
Aujourd’hui, dans les structures pharmaceutiques, on peut regarder, mais comment allons-nous regarder dans ces kiosques ? Comment ? C’est complètement impossible. Du coup, ces kiosques recyclent délibérément. Lorsqu’il n’a pas vendu son produit, que voulez-vous qu’il fasse ? Lui qui n’est pas assujetti à un impôt. Moi qui suis assujetti à un impôt dans ma structure pharmaceutique, j’ai le droit de déduire, lorsque j’ai fait toutes les procédures, cette destruction des périmés. Donc le problème des périmés se pose, c’est vrai dans nos circuits. Mais beaucoup plus dans ces circuits informels que nous avons tous acceptés. Avec le ministère de la Santé, nous sommes debout dans cette lutte et nous appelons toutes les composantes de l’État, les mairies, qui donnent des boutiques à des gens qui vendent ces produits dangereux, qui vendent des médicaments alors qu’ils ne sont pas habilités ? Les mairies doivent jouer leur rôle et nous estimons aussi que les autorités administratives, les sous-préfectures, les préfectures, les gouvernements, doivent nous aider dans cette lutte. C’est vrai que la tolérance administrative au Cameroun est la chose commune, mais nous avons la maladie qui ne connait pas la tolérance administrative.
Elle frappe tout le monde sans distinction et l’autorité administrative qui le laissera ou qui pense qu’on peut pouvoir se retrouver à l’hôpital avec ces mêmes médicaments et être administré, et ce jour, il dira j’aurais dû, mais ce serait trop tard parce qu’en ce moment, le médicament l’aurait retrouvé au sein de la formation sanitaire.
Docteur, dites-nous, les mauvaises langues disent qu’il y a beaucoup de complaisance (14 :14) de la part des pharmacies. Si on prend le cas du gazon à Douala par exemple, il y a des médicaments rares que l’on ne trouve pas dans les pharmacies…
Oui, nous avons eu cette information. Nous avons commencé depuis quelques mois d’être plus rigoureux encore, beaucoup plus envers les pharmaciens. Le pharmacien qui est maître dans le médicament, qui a toute la plénitude, tout le monopole, toute la connaissance lorsqu’il l’utilise pour aller dans le sens de l’illicite, est passible pour moi des peines capitales. Là, nous avons sifflé la fin de la récréation avec les pharmaciens. Nous n’en voulons plus. Nous ne voulons plus admettre que cela soit possible. Sachez que lorsque l’on prête serment, on dit justement qu’on n’utilise pas nos connaissances pour corrompre les nerfs pour violer la loi. Nous avons demandé à chaque pharmacien de respecter le serment. Prenons acte.
En 2025, vous verrez. Ça a commencé au niveau des pharmaciens. On ne va pas vous dire, mais vous verrez que les choses vont changer et j’ai dit aux pharmaciens d’accompagner ce mouvement. Parmi nous, il y a certains qui le faisaient pour ne pas faire la chasse aux sorcières. Nous leur demandons d’arrêter. Mais nous souhaitons que chacun retrouve le chemin de la raison. Ils sont moins nombreux, c’est vrai. Ils sont marginaux. Mais même cette minorité, nous n’en voulons plus. C’est vrai qu’il y a des brebis galeuses partout. Mais nous disons aux gens ce que nous voulons, nous voulons nous présenter face au monde, comme étant un corps d’élite, comme un corps qui respecte les règles.
Nous demandons aux pharmaciens : lorsque vous avez cette ambition, vous ne faites plus de la dentelle. L’ordre des pharmaciens dit qu’on n’en veut plus chez nous. On souhaite être un corps d’élite qui respecte la loi. C’est à ce prix que nous allons aller au combat tous ensemble.
Quelle est la relation que les pharmaciens entretiennent avec les Délégués médicaux ?
En temps normal, le délégué médical vient faire la communication ou l’information médicale. Le Délégué médical n’a rien à voir avec les officines. La preuve, vous pouvez la regarder dans certaines officines des pharmacies. En fait, la plupart n’ont pas accès à nos structures pas plus de deux jours de la semaine, parce que le pharmacien assume la commande de ses produits. Là, vous devez aussi savoir qu’il y a un texte en préparation pour limiter l’information médicale et la communication. Pour dire ce que le délégué doit faire. Vous savez que le laboratoire fabrique les produits, il doit préparer la communication et l’information.
Il y a eu des dérives par le passé. Au ministère de la santé, on prépare un texte pour justement calibrer, codifier et appliquer la réglementation. Les délégués médicaux ont leur rôle, ils ont leur place, mais ils ne doivent en aucun cas porter les médicaments par devers eux, c’est interdit. Lorsqu’on parle de monopole, le délégué n’est pas pharmacien : il n’a pas le droit de porter les médicaments. Il y a ce qu’on appelle la Compliance. Un délégué ne viendra pas avec l’argent pour soudoyer le médecin, non, ça ne doit pas se faire. Chacun doit faire son travail.
Un message aux pharmaciens ?
Que les pharmaciens ne se découragent pas. Vous l’avez dit, il y a le médicament dans la rue, nous en sommes conscients. On a des remontrances, mais qu’ils ne se découragent pas, nous sommes en train de travailler avec l’État pour que d’ici six mois, nous arrivions à réduire l’ampleur des dégâts. Il y a des textes que nous avons envoyés à certaines autorités, à certaines firmes pharmaceutiques. J’ai un bel espoir que le suivi de ces textes va mettre un peu hors d’état de nuire ces vendeurs de la rue.
Recueillis par Alphonse JENE
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