Dr Hervé Gaël NDALLE : « La présence des punaises n’est en aucun cas liée à la saleté »

Selon le vétérinaire et épidémiologiste de terrain, en service à la Direction des Services Vétérinaires, Ministère de l’Élevage des Pêches et Industries Animales (MINEPIA), pour le cas de Yaoundé, la prolifération pourrait s’expliquer par une potentielle introduction par un ou des voyageurs qui les auraient ramenés de là, ou la brocante (meubles, matelas infestés).

Comment peut-on nommer le phénomène décrié par le sous-préfet de Yaoundé 2 ? Épidémie… Pandémie… Quelle différence entre ces divers termes

Ce phénomène peut être qualifié d’invasion, de recrudescence ou d’infestation et les deux premiers mots sont ceux qui s’adaptent le plus au contexte. En effet, l’Épidémie est l’apparition et la propagation rapide d’une maladie infectieuse qui touche plusieurs personnes en peu de temps et dans un endroit précis (quartier, village, ville ou pays comme le choléra par exemple) ; et la Pandémie est l’apparition et la propagation rapide d’une maladie infectieuse qui touche plusieurs personnes en peu de temps dans plusieurs pays ou continents au même moment (COVID-19, mpox…). La différence entre les deux termes se situe donc au niveau de la répartition géographique.

Quelle peut être l’origine ou la source de ces bestioles ?

Initialement, les punaises sont des habituées des chauves-souris et des oiseaux. Donc, on les retrouve beaucoup plus dans les nids, les greniers, mais aussi dans les bâtiments occupés ou pas, dans les transports (avions, trains, métro, bateaux…). Ces bestioles n’ont pas de limites géographiques, on peut donc les retrouver dans les plus grandes villes du Canada, de la France et même des USA où ces derniers mois il y a une forte recrudescence de punaises de lit.

Pour le cas de Yaoundé, la prolifération pourrait s’expliquer par une potentielle introduction par un ou des voyageurs qui les auraient ramenés de là, ou la brocante (meubles, matelas infestés). Dans l’un ou l’autre des cas, on peut considérer qu’il n’y a pas eu un contrôle des effets introduits dans les maisons.

Ces bestioles sont courantes en Europe… Comment expliquer leur présence sous les Tropiques ?

Les punaises de lit sont des insectes qui aiment la chaleur, elles ne sont pas nouvelles sous les tropiques. Et puis, comme précédemment dit, les voyages internationaux, les échanges commerciaux favorisent leur circulation. N’oublions pas que nous sommes dans une période où nos frères reviennent d’Europe et d’Amérique pour les congés.

Ces insectes sont-ils vecteurs de maladies ? Lesquelles ?

Les punaises, contrairement aux autres bestioles suceuses de sang, ne transmettent pas de maladies. Néanmoins, elles sont à l’origine de fatigue, d’anxiété, d’inflammation de la peau (urticaires) et de lésions cutanées.

Quels conseils pouvez-vous donner à la population pour limiter leur prolifération ou les exterminer ?

Il faut faire sécher les habits pendant minimum 45 min sous soleil, laver vêtements, draps et couettes avec de l’eau chaude (90 degrés minimum), nettoyer les produits de brocante avant de les introduire dans la maison.

Comme astuce de grand-mère, utiliser du clou de girofle, de l’ail, de la menthe fraîche et du vinaigre blanc, qui sont des répulsifs, dans les endroits affectionnés par les punaises. Il faut noter que les punaises sont attirées par les vibrations, le CO2 (libéré par les hommes et animaux), la chaleur et les odeurs.

En cas de morsure par ces punaises, et face à l’apparition des urticaires, prendre des antihistaminiques ou des anti-inflammatoires

Propos recueillis par Adèle BITGA