Le gestionnaire des incidents Covid-19 au Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Afrique (AFRO), Dr Thierno Baldé a animé la conférence numérique, sur l’État de la maladie dans cette région, mardi 07 septembre 2022, en présence des journalistes de neuf pays d’Afrique.
Dr quel état des lieux de la Covid-19 en Afrique ?
Concernant la situation globale de la Covid-19 pendant les 04 ou 05 dernières semaines on avait une tendance baissière des cas rapportés dans notre région pratiquement dans toutes les sous régions que ce soit en Afrique de l’Ouest, en Afrique australe, en Afrique de l’Est ou alors en Afrique Centrale. À la date du 22 août 2022, on a enregistré sur tout le continent africain, au-delà même des pays couverts par le bureau de l’Organisation mondiale de la santé, environ plus de 12.3 millions de cas enregistrés depuis le début de la pandémie. En gros, 12.3 millions avec environ 256 mille décès enregistrés et un taux de létalité de 2.1% au niveau de l’Afrique. Il y a eu beaucoup de personnes qui sont tombées malades, qui sont guéris donc on est à près de 91% environ de taux de guérison. Depuis qu’on suit cette pandémie, on va dire que les pays les plus touchés sont ceux d’Afrique australe notamment l’Afrique du Sud et certains pays de l’Afrique du Nord comme l’Algérie mais aussi tous autres pays dans cette même zone. C’est sure qu’on devrait prendre ça avec beaucoup de princeps mais c’est aussi sûre que les capacités de dépistage ou de détection des cas sont plus importantes dans ces pays là.
Il y a aussi d’autres facteurs qui pourraient expliquer cette situation dans ces pays là que ce soit des facteurs démographiques ou encore des facteurs de connectivités avec le niveau de développement socioéconomique qu’ils ont. Maintenant quand on prend le côté vaccination, ça été un enjeux important dans notre région ici pour plusieurs raisons. La première c’est qu’il y a eu pendant longtemps une longue indisponibilité des vaccins en Afrique donc l’essentiel des vaccins qui étaient produits à l’extérieur de l’Afrique étaient utilisés ici ou stockés. Les gens ont attendu pas mal longtemps pour pouvoir avoir les vaccins ce qui a entraîné aussi beaucoup de doute et d’interprétation par rapport à cela. Après les vaccins sont arrivés au moment où on avait une tendance baissière. Pour pouvoir convaincre les gens à aller prendre le vaccin n’était pas si évident que ça. Par contre je pense qu’il est très important de rappeler ici l’importance de la vaccination dans la protection de nos populations face à cette maladie surtout face aux formes sévères de celle-ci. On met en place beaucoup d’efforts pour pouvoir accélérer la vaccination des populations, surtout chez les personnes qui sont les plus à risques notamment le personnel de santé, les personnes âgées ou encore celles qui ont d’autres maladies à risques.
On constate toujours que le taux de vaccination est faible dans beaucoup de pays. Que prévoit l’OMS avec les départements ministériels pour augmenter ces taux en vue de l’atteinte de l’immunité collective ? (Mali)
Je pense que comme je l’ai mentionné tout à l’heure-là vaccination est vraiment l’enjeu important que nous prenons très au sérieux. Il y a eu beaucoup d’efforts qui ont été faits et beaucoup de progrès aussi. Aujourd’hui on a des pays comme le Rwanda, le Cap-Vert, Sao-Tomé qui sont à près de 78% du taux de vaccination de leurs populations. Donc il y a beaucoup de progrès qui ont été faits et parallèlement aussi, il y a des pays qui sont vraiment derrière dans le taux de vaccination. L’une des premières stratégies depuis maintenant plusieurs mois c’est d’organiser des campagnes de vaccination et je pense que la plupart des pays ont trouvé des moyens très innovateurs où les gens sont motivés à pouvoir prendre le vaccin, en allant vers les populations. L’investissement aussi dans l’amélioration de tous les processus parce-que cette vaccination vient avec beaucoup d’enjeu de logistique et de financement. Beaucoup d’efforts ont été fait avec l’OMS ou avec d’autres partenaires qui travaille dans le domaine de la santé. On a vu le des résultats tangibles, maintenant il faut maintenir ces résultats et aller chercher d’autres personnes pour pouvoir faire ces vaccinations. L’autre chose c’est qu’on est en train d’essayer de comprendre les facteurs qui limitent vraiment la vaccination. Ça prend du temps et on y est actuellement, mais je peux vous dire que l’engagement des différents acteurs dans ce sens, est très important. Ce sont des procédures qui sont complexes mais sur lesquelles on travaille pour les changer.
Je pense que toutes les stratégies qui sont mises en place dans ces pays, pour renforcer la vaccination doivent être bien articulées avec les stratégies qui sont en cours. Il arrive parfois que l’on puisse encourager les recours de soins ou bien l’offre de soins avec des mesures de performance. C’est une pratique qui n’est pas nouvelle, elle a ses avantages et ses inconvénients. Mais il est important de voir l’implication de tout ce monde là. L’importance d’engager tout le monde, toutes les personnes impliquées dans l’offre de soins dans les communautés qu’ils soient les porteurs de ce dossier que la vaccination est quelque chose d’indispensable.
Est-ce que les vaccins qu’on utilise en ce moment préviennent tous les nouveaux variants ? On se rend compte que la politique vaccinale varie d’un pays à un autre. Est-ce-que l’OMS ne devrait pas harmoniser la politique vaccinale avec l’ensemble des pays membres ? N’est-il pas important de changer sa stratégie de communication pour que les gens comprennent qu’il reste important de se vacciner pour éviter d’autres formes de résurgence ? (Cameroun)
On voit une certaine variabilité au niveau de l’entrée dans certains pays. C’est un problème qu’on a rencontré depuis le début de cette pandémie. Je ne parlerai pas de l’impuissance de l’OMS par rapport à cela mais c’est des enjeux qui sont quand même aussi nationaux. On n’a pas de mandat qui pourrait obliger les pays à changer leurs politiques, notre discours a toujours été de celui de pouvoir mettre en place des mesures qui protège le pays mais aussi celles qui pourraient essayer de limiter la transmission régionale ou mondiale en suivant les différentes recommandations du règlement sanitaire international. Actuellement on voit ce problème-là parfois on exige les tests même s’il y’en a pas beaucoup. On exige beaucoup plus les preuves de vaccination. Au pont où on est rendu faut qu’on apprenne vraiment à vivre avec ce vaccin-là. Donc les certificats de vaccination sont ceux qui sont pratiquement les plus utilisés. Tous ces vaccins ont montré leur efficacité contre toutes les formes de variants actuellement. On sait qu’il y a une efficacité de toutes ces vaccins contre la forme sévère. Je crois qu’il faudrait qu’on comprenne tous ici que le vaccin n’empêche pas quelqu’un de tomber malade. Son principal objectif est de limiter la survenue de la forme sévère de la maladie.
Sur la situation du Cameroun, dans les deux dernières semaines aussi le Cameroun c’est un pays où dans 04 districts on a eu des remontées importantes des cas. On est en train de travailler avec tout le pays et avec le ministère de la santé publique pour pouvoir palier à ça. Une des approches est de pouvoir renforcer la composante communautaire de la riposte. L’OMS avait déjà supporté l’initiation de ce projet communautaire-là qui consiste à pouvoir renforcer la détection à travers l’utilisation des tests antigéniques, les coupler à la sensibilisation et aux kits de protection. À cela on a ajouté la vaccination et le traitement à domiciliation. On est en train de pousser pour que cela se passe rapidement. Je pense qu’il y avait les problèmes au niveau de la surveillance pour pouvoir savoir le variant en circulation. Ce qui est sûre c’est que la vaccination est ouverte à tout le monde et nous encourageons toutes les couches de la population et pas seulement les voyageurs.
Quel est le dosage parfait du vaccin et sa durée de réactivité ? (Algérie)
Selon les recommandations actuellement lorsque vous prenez votre série de doses, il faut prendre un booster qui est une dose additionnelle. Le booster se prend après 5 à 6 mois. Donc on prend la première série de nos vaccins et au bout de 5 à 6 mois on Continue avec la diminution de l’immunité induite par le vaccin, actuellement c’est ce qui est conseillé pour pouvoir continuer le vaccin avec les doses supplémentaires.
Propos recueillis par Divine KANANYET