Dans le cadre de la mise en place d’un système de sensibilisation des élèves par les élèves sur les questions liées à la consommation des drogues et substances psychoactives, l’Association Foi et Justice a organisé une série de formation du 13 au 21 mai 2019 dans les villes de Yaoundé, Akonolinga et Batouri.
Au Cameroun, les établissements scolaires sont devenus le cadre par excellence pour la consommation des drogues. Des antidouleurs (Tramol, Diazépam, D10,..) en circulation et vente libre dans les rues, détournés de leur usage médical sont utilisés comme stupéfiants par des jeunes dans les établissements scolaires. Leur usage sans avis médical cause des dommages sur la santé physique et mentale des jeunes, détériore le climat scolaire et social. Ce phénomène prend de l’ampleur et remet en cause l’éducation, l’avenir de l’école, de la famille et de la nation camerounaise. Alertée, l’Association Foi et Justice a mobilisé des acteurs divers et constitué une plateforme de lutte contre ce fléau.
« C’est dans ce cadre que les formations des pairs éducateurs ont été organisées pour impliquer les élèves eux-mêmes. Au total, 129 pairs éducateurs ont été formés au lycée bilingue d’Akonolinga, 87 au Collège Barry de Batouri et 49 au lycée de Nkoldongo pour un total de 265 pairs éducateurs formés à ce jour », précise Adih Adibone, chargée de la communication à l’Association Foi et Justice. A terme, près de 600 élèves seront impliqués dans cette sensibilisation à raison de 30 à 40 au moins par établissement scolaire cible du projet, préalablement identifiés par les relais scolaires.
« Au terme de cette année scolaire, le lycée de Nkolndongo enregistre près de 32 grossesses, un chiffre jamais enregistré auparavant. Nous apprécions véritablement cette initiative. Surtout la phase interactive qui permet de comprendre l’ampleur du phénomène, car plusieurs élèves sollicitent la diffusion régulière des messages de sensibilisation, des causeries éducatives sur les dangers de ces substances, la mise sur pied des centres de prise en charge des victimes », dixit un haut responsable du lycée de Nkolndongo. Pour les élèves, ce projet est salutaire. « La proximité des ventes emportés avec l’établissement favorise amplement la consommation des substances psychoactives. Impliquer les élèves dans cette lutte est une bonne chose », relève Larissa K, élève dans cet établissement.
Le Projet de lutte contre la circulation et l’usage non médical des médicaments psychoactifs et autres drogues en milieu scolaire au Cameroun vise à renforcer les connaissances des pairs éducateurs sur les questions de drogues et de leurs conséquences ; à réaliser l’enquête de base sur la consommation des drogues dans les ESC de Batouri ; évaluer les activités des relais scolaires des ESC et créer et/ou redynamiser les clubs santé ou club antidrogue.
Pour mémoire, l’association Foi et Justice a à son actif : deux investigations sur la lutte contre la drogue en milieux jeune et sur la consommation de drogue en milieu scolaire, deux ateliers, des actions média, une conférence sur la « Gestion du phénomène de drogue dans les établissements scolaires au Cameroun » (06/01/2018) et des initiatives de plaidoyer. A travers 15 établissements cibles, le projet veut toucher plus de 23 450 apprenants, 30 éducateurs, plus 375 parents d’élèves (regroupés en 15 associations de parents d’élèves et enseignants), 25 leaders de communauté et d’opinion.
Dès la prochaine rentrée scolaire, les relais scolaires auront pour objectif de relancer le club anti-drogue en appui avec le Comité national de lutte contre les drogues (Cnld) et la plateforme de lutte contre les drogues en milieu scolaire.
Joseph MBENG BOUM