1- Comment avez-vous découvert Échos Santé et quel impact a eu ce journal sur votre pratique médicale ?
J’ai découvert le journal Echos Santé par des échanges professionnels avec son Directeur de publication, Joseph Mbeng Boum, que je connais aujourd’hui depuis près de 12 ans. Nous nous connaissons depuis que j’étais Directeur de l’Hôpital de District de Ngoumou. Et à l’époque il animait une émission de santé sur la chaine Vision4. Donc nous avons gardé de très bons liens et j’ai donc vu naitre sous mes yeux son bébé, le journal « Echos Santé », qui a très bien progressé et qui s’est densifié sur le plan professionnel et qui au fur et à mesure s’est imposé comme une figure communicationnelle importante et essentielle de notre système de santé.
2- Selon vous, comment Échos Santé a-t-il évolué depuis son premier numéro et quel rôle a-t-il joué dans l’information des professionnels de santé et du grand public ?
Je pense que le journal Echos Santé au départ évidemment traitait souvent des actualités médicales quotidiennes ou régulières et s’est progressivement muté sur la communication institutionnelle, notamment en traitant toutes les actualités liées au ministère de la santé et ses services déconcentrés, s’est donc transformé en une source crédible d’information institutionnelle. Je pense que, que ce soit le ministère de la santé et ses services techniques déconcentrés, que ce soit les partenaires techniques et financiers ou partenaires au développement, ils ont trouvé en Echos Santé une plateforme crédible pour relayer leurs informations.
3- Quels sont, selon vous, les principaux enjeux de santé auxquels le Cameroun est confronté aujourd’hui et comment Échos Santé peut-il contribuer à y répondre ?
Les principaux enjeux de notre système de santé sont aujourd’hui, le renforcement de l’offre de soins avec une densification de la couverture géographique de l’offre de soins mais aussi l’amélioration des plateaux techniques de l’offre de soins. On a beaucoup progressé dans la valorisation des hôpitaux de première et deuxième catégorie. Le parent pauvre de cette viabilisation sur le renforcement de l’offre de soins reste nos hôpitaux de district de santé qui se meurent. La plupart des hôpitaux de district ou des centres médicaux d’arrondissement sont en pleine décrépitude, il manque presque de tout : matériel technique, matériel roulant, les bâtiments sont complètement délabrés ; c’est un vrai enjeu car les districts de santé couvrent à peu près les besoins de 80% de la population donc il faut vraiment travailler dessus.
Le deuxième enjeu est celui de l’offre en ressources humaines de notre système de santé notamment, les médecins, les infirmiers, les pharmaciens, les chirurgiens-dentistes, les administrateurs de la santé, les nouveaux corps professionnels, les éducateurs spécialisés…c’est un secteur en plein bouleversement d’ ailleurs il ne se passe pas un mois sans une actualité majeure qui concerne ces corps ou ces ordres professionnels. Donc notre pays a besoin de bien structurer son offre en ressources humaine en santé. Je pense que le journal Echos Santé peut évidemment se positionner comme acteur majeur de la gestion de l’information.
L’autre enjeu de notre système de santé est notamment celui du financement. On parle aujourd’hui de la couverture santé universelle avec l’offre du gouvernement, je pense que le journal Echos Santé travaille largement dessus mais il faut évidemment penser à d’autres sources de financement qui peuvent renforcer notre système de santé surtout au niveau des districts qui sont insuffisamment perfusés en financement depuis la diminution drastique des financements publics.
Un énième enjeu est notamment celui du médicament avec l’insuffisance de la production pharmaceutique nationale qui est encore à ses débuts avec quelques balbutiements et aussi la présence du médicament contrefait , de la contrebande ou de la rue qui est un véritable poison pour notre système de santé ainsi que la réglementation qui est assez fragile en ce qui concerne les produits pharmaceutiques, surtout en ce qui concerne les médicaments traditionnels ou alternatifs. Donc il y a encore beaucoup de balbutiements dessus. Echos santé peut se positionner ici comme un vrai relais de la bonne ’information afin que les vendeurs d’illusions ne profitent pas du vide pour essayer de prendre la place qu’ils ne méritent pas.
Un autre élément qui entre en jeu c’est la gouvernance en santé qui est un véritable problème. Ici le journal peut se positionner comme relais de bonnes pratiques de gouvernance et comme acteur de dénonciation des actes de mal gouvernance dans le secteur de la santé.
Le dernier enjeu est celui de la prévention et de la promotion de santé. Si on n’a pas les moyens de soigner les gens, il faut les empêcher de tomber malade. Ici Echos Santé doit poursuivre les actions qu’il a déjà entamé.
4- Quelles sont, selon vous, les perspectives d’avenir pour le secteur de la santé au Cameroun et quel rôle les médias comme Échos Santé peuvent-ils jouer dans cette évolution ?
C’est notamment la santé numérique qui va prendre de plus en plus de place à l’ère de la démonétisation d’internet, des objets connectés, de l’intelligence artificielle, etc. il faut déjà voir quelles places tous ces outils pourront avoir dans notre système de santé et comment mieux communiquer dessus pour pouvoir améliorer la prise en charge peut d’une des aires médicaux. Notre perspective c’est notamment l’intégration des investisseurs dans le domaine de la santé que ce soit les investisseurs de la diaspora ou alors les investisseurs du secteur privé, il va falloir encourager les investissements massifs dans le domaine de la santé pour venir aider ou appuyer l’Etat dans son vaste plan de financement de santé. Le journal Echos Santé peut également en avoir une place de choix. Une autre perspective est la professionnalisation de la médecine traditionnelle ou de la pharmacopée traditionnelle qu’il faudra mieux structurer ou mieux encadrer car elle peut être notamment une vraie source de valeur pour qu’on ait aussi une alternative à l’importation massive de produits pharmaceutiques qui impactent négativement sur notre balance commerciale et qui fragilisent également nos enjeux géopolitiques. Donc je pense que, ce sont des perspectives qu’il faut intégrer et aborder avec sérénité et le journal Echos Santé peut se faire porte-voix avant-gardiste de ces perspectives pour leur vulgarisation dans l’espace publique.
Propos recueillis par Désiré Effala