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Dr, CHE Kingsley Soh lors de l'entretien accordé à Echos Santé.
Monsieur le Directeur Général, nommé le 25 novembre 2024, vous avez officiellement pris fonction 9 jours plus tard. Comment avez-vous organisé la gestion des services pendant la période des fêtes de fin d’année à l’hôpital ?
Effectivement, nous sortons d’une saison festive. En prélude à cela, nous avons eu des réunions de planification, au cours desquelles nous avons mis en place des équipes de garde qui devaient travailler pendant cette période dans l’ensemble des 23 services que compte HGOPY.
Nous n’avons pas rencontré de cas difficiles. Nous avons plutôt eu de nombreux cas modérés. Le 25 décembre 2024, j’étais moi-même présent à l’hôpital, et ce jour-là, nous avons accueilli 14 patients. Puis, le 1er janvier 2025, j’étais toujours à l’hôpital. Nous avons enregistré deux césariennes, dont une a donné naissance à des jumelles. C’étaient nos premiers bébés de 2025, et j’étais là pour célébrer cela avec les mamans. Au total, nous avons eu un accouchement normal et deux césariennes, ce qui a abouti à la naissance de quatre bébés.
Du côté des Urgences, nous avons traité huit cas le 1er janvier, comprenant des accès palustres, des syndromes hystériques et des gastro-entérites fébriles. Encore une fois, il n’y avait pas de cas sévères. Grâce à l’équipe des Urgences, nous avons pu tout gérer aisément. De plus, le 1er janvier, nous avions 10 cas en observation. Ainsi, il n’y a pas eu de problèmes majeurs à HGOPY durant ces deux fêtes. Je pense donc que nous avons passé une période de fêtes calme.
Nos équipes de garde ont bien répondu présentes, car c’était également l’objectif de ma visite à l’hôpital pendant ces deux jours de fête. Ces visites inopinées m’ont permis de constater que tout le personnel était en poste. J’étais satisfait de leur engagement et je n’ai pas manqué de les encourager de façon particulière.
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Vue avant de l’HGOPY.
Quelles sont les priorités de l’hôpital pour l’année 2025 en matière de qualité des services de santé ?
Pour l’année 2025, l’hôpital a défini plusieurs priorités en matière de qualité des services de santé, en commençant par une analyse approfondie des situations existantes. Nous avons adopté une approche scientifique afin d’identifier les problèmes et de planifier des actions concrètes. Quatre équipes d’évaluation-qualité ont été déployées dans tous les services : une équipe pour le laboratoire, une pour la pharmacie, une pour la prévention et le contrôle des infections, et une dernière pour évaluer les autres secteurs de l’hôpital. Ces équipes sont en train de finaliser leurs rapports, mais des retours préliminaires nous ont déjà permis de cibler certains points à améliorer.
Parmi les priorités immédiates, nous avons observé un besoin urgent d’améliorer l’accueil des patients, notamment à l’entrée de l’hôpital et aux urgences. Le mauvais accueil des malades est un problème récurrent, et nous mettons en place des solutions pour y remédier. Nous avons également pris conscience des réhabilitations nécessaires dans les salles d’hospitalisation, qui doivent devenir plus confortables et agréables, en particulier avec des chambres individuelles. Nous avons reçu de nombreuses plaintes à ce sujet, et des actions concrètes seront entreprises pour résoudre ces problèmes dans les semaines à venir.
En outre, nous constatons que les bâtiments nécessitent une rénovation, notamment au niveau de la peinture et de l’aménagement. Nous sommes en train de travailler avec le ministère de la Santé pour obtenir un soutien financier en vue d’investir dans l’amélioration des infrastructures. Les équipes d’évaluation finaliseront leur rapport dans une semaine, et nous exploiterons ces informations pour élaborer un plan détaillé de résolution des problèmes identifiés.
Donc, les priorités de l’hôpital pour 2025 se concentrent sur l’amélioration de l’accueil des patients, la réhabilitation des infrastructures hospitalières et la mise en place d’un suivi systématique pour garantir la qualité des services dans tous les domaines de soins.
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Lors de la visite du Minsante, Dr Manaouda Malachie le 4 décembre dernier au sein de HGOPY.
Comment prévoyez-vous de résoudre les problèmes d’insolvabilité des patients, en particulier les femmes et les enfants ? On a beaucoup entendu parler de « mamans prisonnières » ici.
La question des patients insolvables est malheureusement un défi auquel nous sommes confrontés. Toutefois, HGOPY, étant un hôpital public dédié à la prise en charge des femmes et des enfants, en particulier dans les domaines de la gynécologie, de l’obstétrique et de la pédiatrie, reste ouvert à tous, y compris à ceux qui ne peuvent pas payer. Nous sommes pleinement conscients de la nécessité de mettre en place des mécanismes pour gérer cette problématique.
Actuellement, nous travaillons à formuler un plaidoyer pour trouver des solutions durables. Heureusement, des bienfaiteurs viennent régulièrement soutenir notre établissement en réglant les factures des patients insolvables, et nous bénéficions également de l’aide de certaines microfinances. Par ailleurs, lors de notre Conseil d’administration du 23 décembre 2024, nous avons alloué une somme spécifique dans notre budget pour soutenir la prise en charge des patients insolvables.
Afin d’améliorer la gestion de ces situations, nous avons décidé de mettre en place une sensibilisation accrue. J’ai constaté que la facture était souvent présentée à la fin de la prise en charge, et lorsque celle-ci est importante, il devient difficile pour les patients de la régler. C’est pourquoi, à partir de maintenant, nous comptons communiquer régulièrement l’état de la facture des patients dès leur admission et à chaque étape de leur prise en charge.
Je profite de cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude envers Monsieur le Ministre de la Santé Publique, Dr Manaouda Malachie, pour avoir pris en charge 20 cas de patients insolvables lors de mon installation le 4 décembre dernier. Je tiens également à remercier l’association Renaprov, qui a contribué à libérer 18 autres patients à la même période, ainsi que l’association « Les Sœurs de Gérico », qui a également pris en charge plusieurs cas depuis lors. Nous remercions sincèrement toutes ces personnes et structures qui nous soutiennent dans notre mission de garantir l’accès aux soins pour les patients insolvables.
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Vue d’en face des bâtiments de HGOPY.
Le Directeur de HGOPY remercie les bienfaiteurs. Par ce geste, est ce qu’il veut dire qu’il n’y aura plus de « maman prisonnière » dans cette formation sanitaire durant son règne ?
Je pense que le problème, ce sont les ressources. Nous avons constaté que nous avons beaucoup plus de patients qui ne peuvent pas payer, parce que nos conditions d’hospitalisation ne sont pas agréables, surtout pour les personnes qui ont les moyens. C’est pourquoi nous avons pensé rendre ces conditions confortables. Ainsi, nous aurons aussi les mamans qui peuvent payer. Il y a des bienfaiteurs qui sont en fait nos patients hospitalisés et, en constatant que d’autres mamans ne peuvent pas payer, ils se lancent pour les aider. Nous allons donc tout faire pour encourager également les personnes qui ont des moyens à utiliser nos services.
La bonne nouvelle est que nous sommes un pôle d’excellence et que nous avons l’un des meilleurs spécialistes en ce qui concerne la gynécologie, l’obstétrique et la pédiatrie. En termes de ressources humaines, nous avons donc des ressources humaines de qualité. Maintenant, ce sont les conditions de travail du personnel et les conditions d’hospitalisation que nous devons davantage améliorer afin que les usagers puissent apprécier et utiliser nos services.
Monsieur le Directeur Général, que feriez-vous pour que les patients qui arrivent à Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé (HGOPY) ne soient pas paniqués par le coût du traitement ?
D’entrée de jeu, nous accueillons d’abord le malade avant de voir s’il a les moyens ou pas. Donc, je peux rassurer la population en disant qu’on ne va chasser personne ! C’est-à-dire que, tout le monde qui veut venir à HGOPY est la bienvenue. Après, nous verrons l’aspect financier. Comme vous le savez, cet hôpital a été inauguré par le Chef de l’État, Son Excellence Paul Biya en 2002. L’objectif visé est d’avoir des hôpitaux de première catégorie pour offrir des soins de qualité aux populations les plus vulnérables. Donc, cela veut dire que tout le monde devrait être pris en charge dans un hôpital de première catégorie. Ce n’est pas seulement l’hôpital des riches. Donc, il faut rassurer la population que nous sommes ouverts. Certes, nous aurons des cas d’insolvables. Mais, nous trouverons toujours des stratégies pour les prendre en charge.
Quelle est la capacité d’accueil de cette formation sanitaire ?
La capacité d’accueil de notre formation sanitaire est de 226 lits. Actuellement, le taux d’occupation des lits varie entre 60 et 80%. L’hôpital dispose de 23 services, et nous sommes en train d’élargir cette offre. Nous réfléchissons notamment à la création d’un service de médecine interne, tout en disposant déjà de spécialistes en dermatologie et en cardiologie, bien que ces derniers soient pour l’instant vacataires. Par ailleurs, nous avons récemment acquis des équipements modernes, tels que des scanners et des appareils d’échographie, pour améliorer progressivement notre plateau technique et offrir des soins de qualité à nos patients.
Permettez-moi de préciser que, dans cet hôpital, nous recevons des malades qui viennent pour la consultation externe et ceux qui viennent pour être hospitalisés. Je parle dans ce cas des femmes en plein travail d’avant accouchement et des femmes qui nécessitent la chirurgie.
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Les mamans appréciant les gestes des bienfaiteurs à HGOPY.
Quelle est votre réaction quant à la décision de la contractualisation de 9944 personnels de Santé annoncée par le Chef de l’État le 31 décembre dernier lors de son adresse à la Nation ?
C’est une très bonne nouvelle parce que, ici, nous avons un gap de ressources humaines qui est énorme. Nous sommes en train de faire le plaidoyer auprès de Monsieur le ministre de la Santé Publique pour avoir beaucoup plus de personnels. Mais, on sait que même à son niveau, il n’en a pas assez. Donc, cette décision est une très bonne nouvelle pour le secteur de la Santé et nous comptons beaucoup sur ces personnels qui seront recrutés. On sait qu’il y a beaucoup de médecins, beaucoup d’infirmiers et beaucoup de laborantins qui sont dehors malgré leur formation.
Je pense que c’est une opportunité qui a été offerte aux Camerounais. Donc, nous en tant qu’établissement hospitalier public, nous attendons les retomber de ce recrutement que nous comptons voir dans les mois à venir. Voyez-vous, la médecine est une profession noble. Le recrutement par l’État ou non, la formation dans ce domaine est quelque chose à encourager. Il faut que les jeunes se fassent former en médecine, soins infirmiers etc. pour sauver la vie des populations. C’est Dieu seul qui peut payer les personnels de Santé.
Peut-être un vœu à l’endroit de vos collaborateurs pour la nouvelle année…
Je souhaite une bonne et heureuse année 2025 à mes collaborateurs. Je les encourage tous les jours à travailler davantage. Ils auront la motivation dans cette formation sanitaire. Lors du Conseil d’administration, on a revu le système des calculs des quotes-parts. Donc, j’ai promis à mes collaborateurs que nous gagnerons plus en travaillant plus.
Propos retranscrits par Junior NTEPPE KASSI