Forum Galien 2025 : Dr Safiatou Coulibaly plaide pour une recherche africaine tournée vers l’innovation

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Au Forum Galien, la biologiste moléculaire ivoirienne Safiatou Coulibaly, championne de l’initiative African Voice of Science portée par Speak Up Africa, a mis en lumière les défis de la recherche en Afrique, les solutions locales déjà portées par les scientifiques, et l’urgence d’investir dans la jeunesse et l’innovation pour assurer l’autonomie sanitaire du continent.

Invitée au Forum Galien, la Dr Safia Coulibaly, biologiste moléculaire et responsable de la plateforme Génétique et Cancer de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, se présente comme une jeune scientifique déterminée à « apporter des solutions africaines à des problématiques africaines », particulièrement dans le domaine du cancer.

Elle participe à cette 8ᵉ édition en tant que championne EVOS (African Voice of Science), une initiative lancée par Speak Up Africa visant à amplifier la voix des chercheurs africains et à défendre leur place dans la recherche et le développement.

Le défi du financement et la nécessité de mutualiser les ressources

Lors d’un panel intergénérationnel sur la recherche et le développement en Afrique, Dr Coulibaly a insisté sur un obstacle majeur : le faible financement de la recherche.

Pour elle, cependant, il ne faut pas attendre des financements importants pour agir :

« Il faut que nous soyons capables de construire à partir de ce que nous avons déjà. »

Elle défend la création de pôles régionaux de recherche, capables de mettre en commun des ressources financières et humaines, et d’encourager une compétition saine entre jeunes chercheurs.

Selon elle, ce type de mécanisme renforcerait l’innovation et permettrait de développer des solutions adaptées à des zones géographiques entières, plutôt qu’à un seul pays. Un exemple concret : rendre les tests génétiques du cancer accessibles en Côte d’Ivoire

Elle illustre la capacité d’innovation africaine par un projet majeur : la mise en place des premiers tests de génétique du cancer réalisés sur le territoire ivoirien.

Avec un financement limité à 10 millions de francs CFA, son équipe a collaboré avec les cliniciens, les institutions et les experts nationaux pour installer une solution locale, alors que jusque-là les analyses n’étaient disponibles qu’à l’étranger.

Avant ce projet, les patients devaient payer 500 000 à 800 000 FCFA pour envoyer leurs échantillons en France ou aux États-Unis.

Grâce au travail mené en Côte d’Ivoire, le coût de ces analyses est désormais de 200 000 FCFA, soit quatre fois moins cher, même si ce montant reste encore élevé pour beaucoup.

Elle espère que ces tests pourront un jour être intégrés à la couverture maladie universelle ou pris en charge par les assurances pour alléger davantage le coût pour les patients.

Soutenir la jeunesse scientifique africaine

Pour la biologiste, les jeunes chercheurs jouent un rôle central dans la transformation des systèmes de santé africains.

Elle appelle à créer un écosystème favorable, à la fois financier et légal, stimulant la création de startups scientifiques.

L’investissement dans la recherche n’est pas uniquement un effort financier, rappelle-t-elle : c’est aussi un levier économique, un enjeu de souveraineté et un pas vers l’autonomie sanitaire du continent.

Son message aux jeunes : oser, innover, s’appuyer sur les générations précédentes et persévérer malgré les obstacles.

À l’issue de cette 8ᵉ édition, Dr Safiatou Coulibaly repart « avec énormément d’espoir ». Elle souligne la richesse scientifique africaine révélée par ce forum, la diversité des experts présents et la vision commune qui se dégage : avancer unis, dans la même direction, pour renforcer la recherche africaine.

Pour conclure, elle lance un appel clair : « Croyons en nous-mêmes, croyons en nos capacités, investissons en nous-mêmes, et soyons leaders de notre propre autonomie sanitaire. »

Un message qui résonne fortement dans un contexte où l’Afrique cherche à prendre en main son avenir scientifique et sanitaire.

Mireille Siapje

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