Glaucome : Première cause de cécité irréversible

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Les glaucomes sont le plus souvent une augmentation anormale de la pression des liquides à l’intérieur de l’œil. Ceci entraîne la dégénérescence des fibres nerveuses chargées de transmettre au cerveau les informations issues de la rétine, ce qui peut rendre aveugle l’œil touché.

Le glaucome est la première cause de cécité irréversible au Cameroun, en Afrique et dans le monde. Qualifié de « tueur silencieux», l’ophtalmologue précise que : « cette maladie est une maladie chronique comme l’hypertension artérielle, comme le diabète, le VIH/SIDA, qui entraperçoivent un traitement palliatif ». Selon le personnel médical, l’hôpital de référence Magrabi ico Cameroon eye institute (MICEI), compte de nombreux cas de glaucome. « La plupart de nos patients arrivent à un stade très avancé de la pathologie. Ils arrivent avec une cécité monoculaire », explique l’ophtalmologue. D’après le Dr Oliver Ondoa, les glaucomes sont le plus souvent une augmentation anormale de la pression des liquides à l’intérieur de l’œil. Ceci entraîne la dégénérescence des fibres nerveuses chargées de transmettre au cerveau les informations issues de la rétine, ce qui peut rendre aveugle l’œil touché. Les glaucomes sont le plus souvent un problème de vidange de l’humeur aqueuse, un des liquides de l’œil. La pression interne augmente alors, soudainement et intensément dans le cas d’un glaucome aigu, très progressivement si le glaucome est chronique. D’après le Dr Jeanne Mayouego-Enyama sur la plate-forme allô docteur, 5 Camerounais sur 100 souffrent d’un glaucome, et plus de 40% des personnes atteintes présentent une cécité d’un ou des deux yeux.

Aujourd’hui, la moitié des personnes atteintes de glaucome ne savent pas qu’elles souffrent de la maladie, donc ne bénéficient pas de traitement. On distingue 2 types de glaucome. Le glaucome chronique représente 80 à 90 % des cas. Très progressif, il peut rester sans symptôme pendant 10 à 20 ans. Pendant cette période, seul un examen complet de l’œil peut permettre de le dépister. Le glaucome aigu est une forme rare qui touche, de façon soudaine, un seul des deux yeux. La personne ressent une douleur très vive à l’œil, et elle perçoit un halo coloré autour des sources de lumière avec une nette baisse visuelle. L’œil douloureux est rouge et dur. C’est une urgence médicale. Les symptômes apparaissent généralement à un moment où la lumière ambiante est faible, lorsque les pupilles sont dilatées. Les personnes âgées et celles qui sont hypermétropes sont plus à risque de glaucome aigu. Le glaucome chronique touche les deux yeux, souvent de manière inégale. Après plusieurs années, les symptômes visuels du glaucome chronique apparaissent, signe d’un glaucome déjà avancé. Le patient ressent une perte de vision à la périphérie du champ visuel, alors que sa vision centrale reste longtemps normale. On parle alors de vision tubulaire.

Centre ophtalmologique

Quelle que soit sa cause, le glaucome évolue toujours vers une dégénérescence des fibres nerveuses qui connectent les cellules de la rétine au cerveau, du fait de la pression élevée qui règne dans l’œil. En l’état actuel de la médecine, il est impossible de réparer les dommages occasionnés aux fibres nerveuses. D’après les explications du spécialiste, le glaucome s’apparente à une maladie héréditaire, d’où, la nécessité de soumettre le plus souvent toute la famille au test médical. Surtout que dans sa phase terminale apprend-on, ni le médicament, ni la chirurgie ne peut restaurer la vue. Il est cependant primordiale une fois dans un centre ophtalmologique spécialisé de poser toutes sortes de questions concernant le mal au soignant. « Nous devons mettre un accent sur la sensibilisation pour permettre au patient de s’approprier de son mal. Le patient doit bien connaitre son mal, faire ses examens, respecter les posologies et les rendez-vous. Éviter les longues ordonnances, et nous devons éviter de menacer les patients avec un langage agressif », explique le technicien de l’œil qui s’est voulu rassurant. D’après l’ophtalmologue, le Cameroun a mis sur pied le Programme national de lutte contre la cécité. C’est un groupe d’experts qui réfléchissent particulièrement à la stratégie pour lutter contre la cécité en général.

Troubles de la réfraction

Et comme le glaucome est la première cause de cécité, ces experts développent également différentes stratégies pour lutter contre cette maladie. Il est aujourd’hui question de former plus de professionnels de la santé oculaire, alors qu’il n’y a pas si longtemps, les ophtalmologistes n’étaient pas formés au Cameroun. La génétique joue elle aussi un rôle dans l’apparition de certaines affections oculaires telles que le glaucome, les troubles de la réfraction et les dégénérescences rétiniennes comme la rétinite pigmentaire. L’origine ethnique est un autre exemple de facteur de risque non modifiable lié à un risque accru de développer certaines affections oculaires. Les expositions liées au mode de vie et les comportements sont également liés à nombre d’affections oculaires. Le tabagisme est le premier facteur de risque modifiable de la dégénérescence maculaire liée à l’âge et il occupe un rôle dans le développement de la cataracte.

Elvis Serge NSAA

Encadré

L’urgence de l’accès aux soins oculaires

Au moins 2,2 milliards de personnes sont atteintes de déficience visuelle ou de cécité, parmi lesquelles au moins 1 milliard présentent une déficience qui aurait pu être évitée ou qui n’est toujours pas traitée. Au Cameroun, la prévalence de la cécité est de 1% et la malvoyance 3% le nombre d’aveugles est estimé à 160 000 et celui de malvoyants à 480 000 au total 640 000 personnes souffrent d’un handicap visuel important. Par exemple, sur les 196 millions de personnes à travers le monde qui, d’après les estimations, sont affectées par la dégénérescence maculaire liée à l’âge, 10,4 millions présentent une déficience modérée ou sévère de leur vision de loin ou une cécité résultant de l’une des formes les plus sévères de cette maladie. De la même façon, on estime à 64 millions le nombre de personnes atteintes de glaucome à travers le monde, parmi lesquelles seulement 6,9 millions ont une déficience modérée ou sévère de leur vision de loin ou une cécité causée par les formes les plus sévères de cette maladie.

Les interventions destinées à prévenir et traiter la perte de l’acuité visuelle figurent parmi les interventions de santé les plus efficaces par rapport à leur coût et parmi celles qui réussissent le mieux». Malgré ces constats, des millions de personnes restent exposées aux risques de perte de vision faute de services de soins oculaires. A cet effet, l’OMS affirme que près de 90 % des aveugles et malvoyants vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, y compris dans certaines des populations les plus pauvres du monde, n’ont souvent pas accès aux soins oculaires. Le soin de la vision passe par l’accès aux soins oculaires, d’où la lutte acharnée contre tout facteur pouvant entraver l’accessibilité aux soins oculaires face à une cécité jusqu’à 80 % évitable dans de nombreux pays.

E.S.N

 

 

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