Hygiène menstruelle : une fille Sur 10 déserte l’école en période de règles
Selon l’UNESCO, en Afrique subsaharienne, une fille sur dix ne va pas à l’école pendant qu’elle a ses règles, ce qui, correspond à 20% du temps scolaire perdu en un an.
C ’est fort de ce constat qu’a été organisé un atelier de renforcement des capacités des autorités locales et des enseignants, pour soutenir la rétention des filles à l’école en tenant compte de leurs besoins spécifiques dans le domaine de l’eau de l’hygiène et l’assainissement. Le point d’entrée étant la gestion de l’hygiène menstruelle, la même remarque revient à chaque fois : il n’y a pas toujours de dispositif adéquat dans les établissements. La gestion de l’hygiène menstruelle demeure donc encore mal comprise dans les secteurs de l’eau, la santé et de l’éducation. L’un des principaux problèmes demeure l’insuffisance et la mauvaise qualité des installations sanitaires dans plusieurs écoles des pays en développement. En novembre dernier, la ministre des enseignements secondaires déplorait l’absence des toilettes dans près de 200 établissements.
D’après des enquêtes menées dans environ 50 pays à faible revenu, l’UNICEF estime qu’en moyenne, seulement 51% des écoles disposent d’un approvisionnement en eau adéquat et que seulement 45% disposent d’installations sanitaires adéquates. Au-delà du dispositif sanitaire, de nos jours, on rencontre encore des certaines communautés des tabous qui entourent cette période menstruelle notamment, que les serviettes hygiéniques rendraient stériles, elles empêcheraient Murielle ESSON EBANGUE les hommes d’éprouver du plaisir pendant l’acte sexuel, certaines croyances vont jusqu’à prescrire que seules les premières règles doivent trouver une jeune fille chez les parents, les deuxièmes doivent déjà la trouver installer dans son foyer, certains assimilent encore les règles à la perte de virginité, ce qui pousse plusieurs jeunes filles à ne pas en parler à leurs parents par peur de représailles. Cet atelier qui s’est déroulé du 23 au 24 février à Bertoua était basé sur trois principaux piliers, briser les tabous qui entourent la gestion de l’hygiène menstruelle afin que ce soit désormais perçu comme quelque de normal (l’organisme qui libère les déchets), la gestion sûre hygiénique des menstruations, la gestion des déchets sur le plan environnemental. L’objectif visé c’est d’appuyer la rétention des filles à l’école en prenant en compte leur besoin dans le compte de l’hygiène menstruelle afin de réduire les inégalités de genre au niveau de l’éducation. L’impact recherché c’est que les filles améliorent la fréquentation des écoles pendant cette période, ainsi que leurs performances. Pour cela, les autorités locales, les enseignants, les leaders religieux devraient davantage se familiariser et s’impliquer dans la gestion de l’hygiène menstruelle.
Pour les participants, c’est une initiative louable qui sort des sentiers battus, car c’est une question vraiment essentielle qui permettra d’harmoniser l’éducation de la jeune fille et du jeune garçon.
Tout au long de ce projet qui s’étendra sur six mois, des actions seront menées dans cinq établissements de la région avec deux axes d’intervention : le premier étant l’information et l’éducation sur la gestion de l’hygiène menstruelle à travers les causeries éducatives, les tables rondes et autres. Le deuxième axe c’est l’amélioration des infrastructures dans ces établissements en construisant les toilettes là où elles n’existent pas ou en les améliorant là où elles existent sur le plan sécuritaire (séparé filles des garçons) et sur le plan de l’eau (aménagement des points d’eau). Les enseignants seront également sensibilisés pour briser les tabous. Des kits d’hygiènes (contenant des serviettes hygiéniques, savon, slip, antibiotique) seront également remis aux établissements.
Au cours de cet atelier plusieurs autres préoccupations ont été mises sur la table à savoir : la constitution des serviettes hygiéniques à usage unique, le fait que les serviettes hygiéniques ne soient pas distribuées gratuitement comme on le fait pour les préservatifs, l’absence des serviettes hygiéniques lors de la constitution du paquet minimum remis aux chefs d’établissements en début d’année.
Murielle ESSON EBANGUE