« Je suis pour la mise en œuvre d’une démarche qualité dans cet hôpital »

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Dr Alphonse Bayiha, le Directeur de l’hôpital de District de Bonassama apporte des précisions sur l’état de la formation sanitaire dont il a la charge.  

Dans le vaste arrondissement de Douala IVème, l’hôpital de District de Bonassama est la principale formation sanitaire publique, quelle est la particularité de cet hôpital ?

Cette formation a comme spécificité sa situation géographique. Elle est au carrefour de trois régions,  le Littoral, l’Ouest et le Sud-Ouest. C’est une structure aux spécialités et atouts diversifiés. Notamment la possession en son sein d’un service d’oncologie et de soins palliatifs, d’un service de néonatologie comprenant un « programme kangourou », de deux blocs opératoires opérationnels, d’une Unité de prise en charge (UPEC) bien organisée avec une file active de plus de 3000 patients, d’un laboratoire mis à niveau dans l’optique d’une accréditation, d’un incinérateur de nouvelle génération, d’une morgue avec un module de 100 places, avec une extension allant à 150, d’une Unité de traitement du Choléra avec salle d’isolement.  Ce qui fait également sa particularité pour un hôpital de cette catégorie, c’est sa ressource humaine très riche, avec un personnel dévoué et un plateau technique comprenant 13 médecins pour les spécialités suivantes : chirurgie orthopédique et traumatologie, gynécologie obstétrique, pédiatrie néonatologie pratique la méthode « Kangourou » pour les bébés de faible poids de naissance, rhumatologie,  cardiologie, stomatologie,  néphrologie, oncologie et soins palliatifs, endocrinologie . Enfin, la Médecine générale, qui prend aussi en charge les malades atteints de la tuberculose.

En 2017 et en août 2020, l’hôpital de District de Bonassama a reçu la visite des Ambassadeurs de l’UNICEF, respectivement Samuel ETO’O Fils et Stanley ENOW, dans le cadre des programmes de vaccination, qu’est-ce qui a véritablement changé après leur visite ?

Après leurs visites, oui, un impact s’est fait ressentir en ce qui concerne la vaccination au niveau local, régional et national. A titre d’exemple le Cameroun vient d’être déclaré Polio free par l’OMS. Entre autres, quelques statistiques permettent de constater une certaine influence de leur venue, notamment pour le vaccin BCG on est passé de 1815 enfants vaccinés en 2017 à 2370  en 2018. Pour le PENTA1 de 1450 vaccinations en 2017 à 1771 en 2018. Ainsi peut être illustré l’impact de la venue de Samuel ETO’O.  Cependant les différentes doléances formulées par l’hôpital pour son compte sont restées lettres-mortes.

La ville de Douala fait actuellement face à une épidémie de choléra, quelle est la situation dans votre formation ?

Depuis le mois de février, nous faisons face à une épidémie de choléra dans tout le District de Bonassama. Au niveau de l’Unité de traitement du Choléra nous dénombrons 290 cas confirmés. Les foyers principaux sont les zones de « Mambanda », « Forêt bar » et « Grand hangar ». Les descentes dans les quartiers pour la désinfection après confirmation des cas, et la prise en charge des patients ont élevé des dépenses importantes à un montant d’environ 3 500 000 FCFA. Ce qui est vraiment lourd pour la structure, quand on sait que la prise en charge est gratuite.

Quelles sont les dispositions prises par votre centre pour lutter contre la pandémie à Coronavirus (Covid-19) ?

Face à la crise sanitaire mondiale, l’hôpital a dû s’arrimer à la nouvelle donne instruite par le gouvernement, en prenant certaines dispositions pour lutter contre la propagation de ce fléau. Cela a débuté par des cycles de formations. Le personnel a été formé sur les mesures barrières par la Délégation régionale de la Santé publique du Littoral, l’OMS, l’USAID, et le NTABS ceci sous l’organisation de la Direction pour la promotion de la santé (DPS) du Minsante. Il y a également eu la formation du personnel sur la prévention et le contrôle des infections (PCI) en milieu hospitalier. Puis, il y a eu certains investissements effectués pour l’hôpital pour mieux appliquer les mesures barrières, notamment, la création d’une zone de tri et transit des patients, l’installation de lave-mains à toutes les entrées des services pour faciliter le lavage de mains systématique. Il y a également eu l’achat d’équipement de protection et la distribution des équipements ayant fait l’objet de dons par de nombreuses entreprises. D’autres actions ont été menées comme le renforcement du comité d’hygiène, qui abat actuellement un travail remarquable dans ses activités d’assainissement du cadre de travail. Puis, la sensibilisation et l’éducation des usagers sur les mesures barrières (spots vidéo, affichages, numéros verts en cas de suspicion).

Quelles sont les actions entreprises par votre formation sanitaire pour assurer la bonne prise en charge des patients en général ?

Notre politique s’inscrit dans la démarche de l’humanisation des soins, instruite par le Minsante. L’hôpital de District de Bonassama est engagée depuis 1 an à donner des soins holistiques à ses patients à travers des soins infirmiers de qualité efficace et efficiente  (soins holistiques qui respectent la quadri dimensionnalité bio, psycho, social, puis spirituel) selon les prescriptions de Son Excellence Monsieur  le Ministre de la Sante publique le Dr MANAOUDA Malachie pour les soins ‘’holistiques’’ dans les  formations sanitaires. L’accent est mis sous l’accueil, la qualité des soins et les délais de prise en charge. Au niveau de la prise en charge, il y a une stratégie qui a été mise en place pour la gestion des urgences vitales de telle sorte qu’aucun paiement ne soit exigé à l’entrée, c’est également le cas pour les indigents. L’effectivité de l’humanisation des soins chère au Minsante au niveau de l’hôpital, est encouragée par le développement d’une stratégie de motivation du personnel, l’amélioration croissante du plateau technique et des conditions de travail du personnel. Un psychologue est également mis à contribution dans la chaîne de la prise en charge.

Quelles sont les difficultés rencontrées par le personnel de l’hôpital de District de Bonassama dans l’exercice de leur activité ?

Le personnel de l’hôpital fait face à de nombreuses difficultés qui peuvent être regroupées en trois points. Premièrement, l’espace de travail est réduit et vétuste. Ils font face aux problèmes d’insuffisances de bureaux, ou d’équipement de certains bureaux. Par ailleurs, la vétusté des infrastructures les oblige à supporter les problèmes d’étanchéité, d’humidité et autres. Deuxièmement, le niveau de plateau technique qui est inférieur à son potentiel pour la plupart des spécialistes. Tous les spécialistes n’ont pas toujours le matériel adéquat pour mener leur activité et font en plus face à l’insuffisance des ressources humaines dans leurs services car il y a un manque de personnel paramédical, notamment les infirmiers diplômés d’Etat et sages -femmes mais aussi de certains médecins spécialistes comme un pédiatre, un radiologue, un ORL, un ophtalmologue. Troisièmement, l’hôpital croupit sous le poids de la dette et ressent actuellement de plein fouet l’impact de la crise sanitaire mondiale. Ce qui affecte fortement les recettes, et a donc une incidence sur les primes du personnel. Cette situation fragilise la motivation du personnel et leur rendement.

Quels sont les besoins prioritaires de votre formation sanitaire ?

Augmenter la capacité d’accueil du cadre de travail par la construction de nouveaux bâtiments à l’instar d’un pavillon mère-enfant, un pavillon de médecine et de chirurgie. De plus il y a assez d’espace pour construire deux bâtiments R+3. On peut également noter la construction des fosses septiques aux normes de la zone fluviale, la réhabilitation des bâtiments existants. La formation sanitaire a également un grand besoin d’équiper les services en matériel et appareil de soins, notamment dans les services tels que la cardiologie, la salle d’accouchement, en odontostomatologie, en ORL, au laboratoire. Mais aussi d’une ambulance médicalisée pour le transfert des patients.

Quelles sont les attentes de votre hôpital à l’endroit du gouvernement et du secteur privé ?

Nous avons mis en place un plan de développement triennal des infrastructures et des équipements exploitables par le gouvernement et le secteur privé. Les types de financement inventoriés sont l’autofinancement (le crédit-bail, les fonds propres), le budget d’investissement public, la Mairie et les partenaires privés. Le document laisse la possibilité aux bienfaiteurs de choisir le projet qu’il juge être en capacité de financer.

Depuis quelques mois (plus de 8 mois) vous êtes à la Direction de l’hôpital de district de Bonassama. Quels sont vos objectifs ?

Mettre l’intérêt du patient au cœur de notre préoccupation ; la mise en œuvre d’une démarche qualité à l’hôpital de District de Bonassama ; faire appliquer totalement la feuille de route des missions qui nous ont été confiées par la lettre-mission du 09 Septembre 2019 du Ministre de la Santé Publique du Cameroun, Son Excellence Dr MANAOUDA Malachie, aux directeurs des hôpitaux ; moderniser l’hôpital, augmenter le taux de fréquentation, l’humanisation des soins, renforcer la discipline au sein de l’hôpital

Qui est le Dr BAYIHA ?

BAYIHA Alphonse, 52 ans, Médecin chirurgien orthopédiste. Diplômés de la FMSB UY I, et de l’ULB Belgique. Théologien catholique à l’Université Catholique St Jérôme de Douala. Il a eu une longue carrière chirurgicale essentiellement à l’hôpital Laquintinie de Douala où Il y a mis tout son dévolu au service des patients, ainsi que de sa famille et des autres.

Propos recueillis par Ghislaine DEUDJUI

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