La lèpre : Au-delà de la maladie, une plaie sociale

0
17

Les personnes atteintes de la lèpre sont victimes d’une stigmatisation profonde qui les exclut de la société. Elles sont réduites à la mendicité, privées de soins adéquats et d’un soutien psychologique indispensable. Au Cameroun, la lèpre est bien plus qu’une affection médicale, c’est une véritable plaie sociale qui isole et stigmatise ceux qui en sont atteints.

Ma vie a basculé le jour où j’ai appris que j’étais lépreux. Ma famille m’a abandonné, mes amis ont disparu. « Je suis devenu un paria », confie Issa, le regard vide. Son témoignage résonne comme un cri du cœur, un appel à la compassion pour tous ceux qui partagent son calvaire. Au Cameroun, la lèpre est encore trop souvent associée à la misère, à l’impureté et à la malédiction. Les personnes atteintes sont victimes d’une stigmatisation profonde qui les exclut de la société. Elles sont réduites à la mendicité, privées de soins adéquats et d’un soutien psychologique indispensable.

« La lèpre est une maladie curable, mais la stigmatisation, elle, est tenace », souligne le Dr Ateba. «Les malades ont besoin de traitements médicaux, bien sûr, mais aussi d’un accompagnement psychologique pour faire face à l’isolement et à la discrimination. » Les conséquences de cette stigmatisation sont multiples et dramatiques. Les malades de la lèpre hésitent souvent à consulter un médecin par peur du jugement. Ils retardent ainsi le diagnostic et le début du traitement, ce qui aggrave leur état de santé. De plus, l’isolement social favorise la dépression et l’anxiété.

« Nous devons agir rapidement pour briser le cercle vicieux de la maladie et de la stigmatisation », insiste le Dr Ateba. « Il est urgent de mener des campagnes de sensibilisation pour informer la population sur la lèpre, de faciliter l’accès aux soins pour tous les malades et de mettre en place des programmes de soutien psychosocial. » « Quand j’ai appris que j’avais la lèpre, je me suis senti seul au monde. Ma famille m’a rejeté, mes amis ont disparu. J’avais honte et je ne voulais plus voir personne. Aujourd’hui, grâce au soutien d’une association, j’ai retrouvé espoir. Je veux que les gens sachent que la lèpre, ce n’est pas une malédiction. C’est une maladie comme une autre, et avec les bons traitements, on peut vivre une vie normale ».

A lire aussi: Étude en zone rurale : L’accès à l’éclairage électrique reste un luxe

Le 26 janvier 2025, le ministère de la Santé publique a célébré la 72ᵉ édition de la Journée mondiale des malades de la lèpre, dont le thème était « Je suis aimé, j’ai de l’espoir, mais j’ai besoin de votre aide ». Au cours de la cérémonie, environ 150 malades et anciens malades ont reçu des dons généreux de la part des membres du Cercle des Amis du Cameroun (CERAC), composés de denrées alimentaires, de matériel et de produits pharmaceutiques, de vêtements et d’autres produits d’entretien. De plus, la Première Dame a offert deux bœufs aux bénéficiaires, qui ont exprimé leur gratitude à travers des chants. Ces dons devraient aider à alléger les souffrances de ces personnes souvent marginalisées.

Selon le rapport technique annuel des activités de lutte contre les maladies tropicales négligées de 2017, à la fin de l’année 2016, on dénombrait 416 cas encore sous traitement. Sur les 727 cas traités au cours de l’année, on retrouvait 196 nouveaux cas contre 228 nouveaux cas en 2015. Les régions du Nord et de l’Adamaoua sont les plus touchées, avec plus de 50 % des cas totaux enregistrés dans l’ensemble du pays. À la fin de 1999, le taux de prévalence de la lèpre à l’échelle mondiale avait baissé de 85 % pour tomber à 1,4 cas pour 10 000 habitants, et la lèpre était considérée comme éliminée dans 98 pays à travers le monde. Dans la région africaine de l’OMS, la prévalence était alors de 1,2 cas pour 10 000 habitants, et la lèpre était considérée comme éliminée dans 32 pays de la région.

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à ce jour, 43 des 46 pays de la région africaine ont atteint la cible fixée pour l’élimination de la lèpre. Toutefois, la région africaine demeure la deuxième région la plus touchée du monde, avec 41 239 nouveaux cas, derrière l’Asie du Sud-Est, avec 201 635 cas. Dans l’ensemble, 9 % des nouveaux cas de lèpre sont enregistrés chez les enfants. Il est nécessaire de maintenir la volonté politique en faveur de la lutte anti-lépreuse afin de parvenir à l’élimination totale de la lèpre dans la région africaine. Grâce au budget de l’État et au soutien de l’OMS et de l’ONG FAIRMAID, certaines activités de sensibilisation, de dépistage et de traitement sont conduites dans les principaux foyers de ces maladies tropicales à prise en charge intensive. Les régions de l’Adamaoua, de l’Est et du Nord se concentrent.

Elvis Serge NSAA

Leave a reply

ECHOS SANTE

GRATUIT
VOIR