Le lait de vache : Un nectar du septentrion aux arômes ambivalents

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La région du Nord, caractérisée par ses vastes plaines et ses paysages semi-arides, abrite une population qui entretient une relation complexe avec un produit laitier essentiel, le lait de vache commercialisé par les femmes bororo.  Ce lait, omniprésent sur les marchés et dans les foyers, est apprécié pour son goût unique et ses vertus traditionnellement reconnues. Cependant, l’absence de normes sanitaires strictes et les pratiques d’élevage parfois précaires soulèvent des questions préoccupantes sur les risques pour la santé des consommateurs.

Le lait de vache vendu par les femmes bororo constitue un pilier de l’alimentation dans la région du Nord.  Sa présence est omniprésente sur les marchés locaux, où les femmes, vêtues de leurs habits traditionnels, proposent leur produit frais, directement tiré de leurs troupeaux. La commercialisation du lait représente une activité économique importante pour les femmes bororo, participant activement à leur autonomie financière et à l’économie locale.  Au-delà de son aspect économique, le lait est profondément ancré dans les coutumes et les traditions de la région. Il est souvent intégré dans les cérémonies, offert en signe d’hospitalité, et représente un aliment essentiel, particulièrement pour les enfants et les personnes âgées.  Pour beaucoup, il est synonyme de force, de croissance et de bien-être. Sa saveur légèrement salée, parfois acidulée selon la période de traite et l’alimentation des vaches, est une caractéristique distinctive qui le rend particulièrement apprécié. Traditionnellement, le lait bororo est considéré comme un produit doté de nombreuses vertus thérapeutiques.  Il est souvent perçu comme un fortifiant naturel, particulièrement bénéfique pour les enfants en période de croissance.  Sa richesse en calcium contribue à la solidité des os, et les protéines qu’il contient favorisent le développement musculaire.  Certains lui attribuent également des propriétés digestives, notamment pour soulager les maux d’estomac et les diarrhées.  Il est parfois utilisé pour apaiser les irritations de la peau et les brûlures légères.  Ces croyances, ancrées dans la culture locale, contribuent à la popularité du lait et à sa consommation régulière, même en l’absence de preuves scientifiques formelles pour toutes ces affirmations.

Les faces sombres d’une consommation sans contrôle

Malgré les vertus supposées du lait bororo, sa consommation peut présenter des risques significatifs pour la santé, principalement liés à l’absence de contrôle sanitaire et aux conditions d’hygiène souvent précaires.  L’absence de pasteurisation expose les consommateurs à divers risques bactériens, comme la salmonellose, la brucellose, la tuberculose bovine, et la listériose.  Le manque d’équipements adéquats pour la conservation et le transport du lait contribue également à sa contamination.  La qualité de l’eau utilisée pour le lavage des récipients et le nettoyage des trayons des vaches joue un rôle essentiel dans la sécurité sanitaire du lait.  Des pratiques d’élevage extensives, avec des animaux parfois pâturant sur des sols contaminés, peuvent également influencer la qualité microbiologique du produit final.  En outre, l’absence de suivi vétérinaire régulier des troupeaux augmente le risque de maladies transmissibles de l’animal à l’homme.  Les conséquences sanitaires peuvent varier de simples troubles digestifs à des infections graves, potentiellement mortelles, surtout pour les enfants et les personnes fragilisées.

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Vers une consommation responsable et sécurisée

Face aux risques associés à la consommation du lait bororo, il est impératif de mettre en place des mesures pour garantir sa sécurité sanitaire et promouvoir une consommation responsable.  La sensibilisation des producteurs et des consommateurs aux bonnes pratiques d’hygiène est primordiale.  Des formations sur les techniques de traite, de conservation et de transport du lait doivent être dispensées.  L’accès à de l’eau potable et à des équipements appropriés (récipients propres, seaux à lait, etc.) doit être facilité.  La mise en place de structures de collecte et de contrôle sanitaire du lait, même à petite échelle, permettrait d’améliorer significativement la qualité du produit.  L’appui des autorités sanitaires et des organisations non gouvernementales est essentiel pour encadrer la production et la commercialisation du lait, en proposant des formations, des équipements et un accompagnement technique aux femmes bororo.  La sensibilisation des consommateurs à l’importance de la pasteurisation à domicile, même si elle reste rudimentaire, représente une étape cruciale pour réduire les risques de contamination.  Enfin, la promotion de l’élevage extensif en associant les meilleurs pratiques d’hygiène est essentielle pour améliorer la qualité du lait tout en préservant la tradition. Le lait bororo représente un élément culturel et économique vital dans la région du Nord.  Son rôle dans l’alimentation quotidienne et les traditions locales est indiscutable. Cependant, pour préserver les bienfaits de ce produit tout en minimisant les risques sanitaires, il est crucial d’investir dans la formation, la sensibilisation et le contrôle sanitaire, garantissant ainsi une consommation plus responsable et sécurisée pour l’ensemble de la population.

Marcus DARE

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