Le plan Pepfar menacé par la pause des financements américains : Des centaines de milliers de vies en jeu

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La mise en pause des financements américains pour trois mois pourrait paralyser le programme de lutte contre le VIH-Sida, menaçant ainsi des millions de vies en Afrique.

Une infirmière parle à une patiente séropositive dans un kiosque utilisé comme clinique mobile à Ngodwana, en Afrique du Sud, le 2 juillet 2020.

Le programme de lutte contre le VIH-Sida financé par les États-Unis, connu sous le nom de Pepfar, se retrouve en péril après la décision de l’administration américaine de suspendre ses financements pour une période de trois mois. Ce programme, qui a été déployé dans 55 pays et qui a permis de sauver plus de 25 millions de vies en deux décennies, est désormais à un tournant décisif.

Des centaines de programmes de prévention, de traitement et de soins sont d’ores et déjà menacés. Au Malawi, au Zimbabwe, au Mozambique et en Ouganda, les conséquences de cette pause se font sentir, et la panique s’installe sur le terrain. Le professeur François Venter, de l’Université de Johannesburg, déclare : « Les gens paniquent sur le terrain. Si le financement de Pepfar est complètement arrêté dans un pays comme l’Ouganda, cela signifie que personne ne pourra plus avoir accès aux médicaments antirétroviraux, et des centaines de milliers, voire des millions, de personnes risquent de mourir. Nous n’avons aucune communication des Américains sur l’avenir de ce plan, et ce manque d’informations fait très peur. »

Au-delà des traitements antirétroviraux, Pepfar soutient également les structures de santé locales, finance le personnel médical dans une trentaine de pays africains et organise des campagnes de dépistage et de prévention du VIH. Depuis sa création sous l’administration Bush, il a joué un rôle crucial dans la lutte contre l’épidémie en Afrique. Selon François Venter, les résultats sont exceptionnels, mais l’arrêt du programme serait catastrophique pour les populations les plus vulnérables : « Ces programmes ont profité à des millions de personnes et sont essentiels pour lutter contre la pandémie dans les régions les plus touchées. »

Face à cette incertitude, l’Afrique pourrait être contrainte de se tourner vers d’autres partenaires internationaux pour pallier l’absence de financement américain. Toutefois, selon un responsable de l’Africa CDC (Centre africain de contrôle et de prévention des maladies), une solution pérenne nécessiterait une prise en charge plus importante des gouvernements africains eux-mêmes, qui devraient se coordonner pour maintenir ces programmes vitaux.

Le futur de la lutte contre le VIH en Afrique est désormais suspendu à l’évolution de cette crise de financement. Si Pepfar venait à être suspendu, des millions de personnes risqueraient de se retrouver sans accès aux soins et à la prévention, compromettant ainsi les avancées réalisées en deux décennies.

Charonne Dongmo /RFI

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