Maladies hydriques : Alerte sur la consommation d’eau commercialisée dans la rue

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Généralement non potable, l’eau commercialisée dans les marchés et dans les rues par des vendeurs ambulants, est souvent cause des maladies comme la dysenterie, la fièvre jaune, le choléra, le paludisme, etc.

Tout épuisé, après une marche de près de 40 minutes sous le soleil, Ntep a préféré de se rafraichir la gorge avant de poursuivre son petit bout de chemin. « L’eau ? Viens me donner une bouteille s’il te plait », interpelle-t-il, un vendeur d’eau ambulant. Contenue dans des petites bouteilles en plastique, les prix vont de 50 à 100 francs CFA selon la taille de la bouteille. Curieusement, après avoir consommé de l’eau, le client ne part pas avec le contenant. La bouteille est reprise par le commerçant pour servir à d’autres demandeurs. Quant à la qualité de l’eau commercialisée, cela semble n’inquiéter personne. « On veut juste de l’eau fraiche. Et elle est moins chère. Avec 100 FCFA, vous avez une bouteille de 1,5 L bien fraiche. Et c’est la même eau que nous consommons à la maison », explique le passager d’un véhicule.

A côté de ceux-là qui ont opté pour la vente dans les paniers, on retrouve également des vendeurs d’eau dans les pousses. Là-bas aussi, c’est pratiquement le même tarif. Seulement, l’eau est contenue dans un vase à côté duquel sont accrochés des gobelets. « On vend l’eau dans les gobelets à 25 FCFA. Pour garder l’eau fraiche, nous achetons des glaces que nous jetons dans l’eau. Le marché se passe très bien. Je ne suis pas stable, je fais le tour des marchés », explique un vendeur.

Malheureusement, l’eau emballée dans les plastiques pour faire congeler est généralement de mauvaise qualité. Bien que la commercialisation de l’eau par les vendeurs ambulants soit une activité qui nourrit son homme, il reste à craindre, une grosse menace sur la santé des consommateurs. « C’est grave ! Je ne suis même pas sûr que cette eau soit javellisée ou filtrée. Parce que souvent, quand elle se décongèle, l’eau devient jaune. Vraiment, c’est la maladie qu’on vend aux gens. Je suis désolé », alerte Marie Ngono. Au marché Mvog Mbi, se trouve une structure de commercialisation de cette eau de la rue. Dans la structure sont versées à même le sol, des bouteilles plastiques à coté desquelles se trouvent des frigos et congélateurs. « Ils sont partout là en ville. C’est là-bas qu’ils viennent prendre de l’eau pour vendre. Ces vendeurs arborent généralement des chasubles avec lesquels ils sillonnent les artères des marchés. En outre, les bouteilles plastiques utilisées par ces vendeurs proviennent du marché Mokolo. Là-bas, l’on fait savoir que les bouteilles sont collectées par des jeunes dans la rue, ou après les cérémonies », indique un boutiquier. Le plus effroyable, ajoute-il, « ils ramassent dans les poubelles et viennent laver ici sous le pont. Ces bouteilles sont sales. C’est vrai qu’ils nourrissent leur famille, mais, ce sont des bouteilles très sales ».

Santé

Selon des experts de l’environnement de santé, la consommation de l’eau commercialisée dans la rue expose le Camerounais à un chapelet de maladies. « En consommant de l’eau sale, vous êtes exposés à la typhoïde, le choléra, la diarrhée, la dysenterie, la poliomyélite etc. C’est la présence des bactéries comme l’Escherichia, coliformes fécaux ou entérocoques dans l’eau est la cause de ces maladies », confie Djamila Fayza, infirmière. Pourtant, des méthodes simples sont conseillées par les experts pour le traitement de l’eau. Par exemple : la filtration sur tissu ; bouillir l’eau à 100°C ; la filtration sur sable ; la méthode des trois récipients, etc.

Emmanuel Eboua

 

Justin : Vendeur d’eau de la rue

Il confie gagner sa vie grâce à la commercialisation de l’eau de la rue, dans les marchés à Yaoundé.

Habitant le quartier Melen, dans l’arrondissement de Yaoundé 6, Justin est un jeune homme qui se débrouille. Arrivé il y a six mois seulement dans la ville de Yaoundé, il gagne son pain quotidien dans la vente d’eau de la rue. Une activité qui lui rapporte au moins 20 000 FCFA, le mois. « Pour l’instant, c’est ce que je fais comme activité. Quand j’aurai mieux ailleurs, je vais laisser », explique –t-il. Très engagé dans son travail, il quitte son domicile chaque matin à 8h et regagne sa résidence à 17h.

Originaire de l’Ouest, il est venu en aventure à la recherche des meilleures conditions de vie. « Je sais que ça va aller. D’ici peu, je vais me lancer dans la vente des chaussures et vêtements. C’est le secteur qui rapporte le plus ». Quant aux critiques qui foisonnent autour de la qualité d’eau commercialisée par celui-ci, le jeune homme ne nie aucun fait. « Notre travail est de vendre simplement. Le reste ne nous regarde pas ; c’est vrai que les bouteilles proviennent de toute sorte, mais on va faire comment, puisque nous n’en fabriquons pas », confesse le jeune garçon.

Moyens financiers

« Nous sommes basés à Avenue kennedy. C’est là-bas que nous prenons de l’eau pour vendre ».  Justin est son premier client. « Moi-même, je consomme cette eau. Alors, si elle donnait la maladie, je devrais être malade depuis 6 mois. Mon corps est habitué à cette eau ». Âgé de 27 ans, il est titulaire d’un brevet d’étude de premier cycle obtenu en 2009.  Faute de moyens financiers, Justin n’avait pas eu la chance de poursuivre de poursuivre ses études. Pourtant, son souhait était de devenir enseignant.

Emmanuel Eboua

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