Ils décrient l’absence d’inspecteur du travail spécialisé, l’absence d’un professeur agrégé en médecine du travail, une réglementation obsolète, etc.
Au Cameroun les médecins du travail bataillent dure pour faire valoir leur profession. Depuis près de trois ans, leurs activités se sont intensifiées à l’occasion de la journée africaine de la prévention des risques professionnels (JAP) et la Journée Mondiale de la sécurité et santé au travail. A cet effet, la Société Camerounaise de la Sécurité et Santé au Travail (Scsst) qui a pour but de contribuer au développement scientifique et pratique de la Sécurité et santé au travail (SST) a orienté cette année ses activités autour du thème : « la fonction de sécurité et santé au travail dans l’entreprise : enjeux et défis ».
Pour cette association, l’amélioration de la prévention des risques professionnelles et la prise en charge de la santé de l’ensemble de la population active du Cameroun passe par le respect de la profession. Surtout que, de nombreux manquements y sont observés. Au niveau de la réglementation, la Scsst décrie la désuète de l’arsenal juridique camerounais et la non ratification des trois principales normes internationale de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui régissent la SST, notamment la convention 155 sur la sécurité et santé au travail, la convention 161 sur les services de santé au travail et la convention 185 sur les cadres promotionnels de la SST.
L’autre faille se situe au niveau du pôle de contrôle de l’activité. Les inspecteurs de travail étant en effectif réduit, ces derniers sont absorbés par d’autres conflits. De plus, l’absence véritable d’inspecteur de médecin du travail ne facilite pas l’organisation de la profession. « Il y a pas d’inspecteur spécialisé en Sécurité et santé au travail. De plus, les inspecteurs de travail qui existent manquent de ressources matérielles », affirment le Dr Joseph Dieuboué, président de la Scsst avant de poursuivre. « Dans toute une région comme celle du Littoral, les inspecteurs de travail ne disposent pas de plus de deux véhicules pour contrôler les 14000 entreprises que nous avons dans la ville de Douala ».
L’absence de centre de formation des médecins du travail au niveau local est également considérée comme un frein à la profession. « Les 62 médecins du travail enregistrés au niveau de la Scsst ont été tous formés à l’étranger », indique Dr Joseph Kaptue, Secrétaire générale de la Scsst. A l’en croire, pour développer la profession, des projets ont été conçus au niveau des facultés de sciences biomédicales de Yaoundé où la formation pour l’institution de chaires de médecine du travail dans « nos » facultés de médecine. « Donc, c’est l’un des points les plus saillants où nous devons nous mettre à travailler afin que ce problème soit résolu ».
Cependant la création d’un centre de formation en médecine du travail requiert aussi les capacités d’un professeur agrégé en médecine du travail. Et pour l’heure, « il y a pas de professeur agrégé en médecine du travail au Cameroun. Si nous en avons, on pourra créer à la faculté de médecine de Yaoundé au Cameroun, une unité de médecine du travail », relève Dr Joseph Siakam, médecin du travail au GPAC (Groupement professionnel des aconiers du Cameroun).
Dans le cadre de ses activités, la Scsst a organisé une conférence de presse mardi dernier en prélude à la célébration de la 23e Journée africaine de la Prévention des risques professionnels (JAP) et de la 17e Journée mondiale de la sécurité et santé au travail (Jmsst). A cet effet, une marche de prévention a été organisée le 28 avril 2019 à Douala. Près de 200 personnes se sont mobilisées pour l’initiative.
G.D.