Négligence médicale La note salée de l’OMS

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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS),  chaque année, des millions de patients sont victimes d’effets indésirables dus à des soins à risque, ce qui entraîne 2,6 millions de décès par an rien que dans les pays à revenu faible et intermédiaire… ». Quatre patients sur dix subissent des préjudices dans les structures de soins de santé primaires ou de soins ambulatoires. Les erreurs les plus importantes sont liées au diagnostic, aux prescriptions et à l’utilisation des médicaments. À elles seules, les erreurs qui concernent les médicaments entraînent des coûts annuels estimés à US $42 milliards. Jusqu’à 25 % des patients souffrent de complications provoquées par des soins chirurgicaux à risque et, chaque année, un million de personnes décèdent pendant l’acte chirurgical ou immédiatement après.

 

Dans un communiqué de presse rendu public le 13 septembre 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) nous a fait comprendre que « chaque année, des millions de patients sont victimes d’effets indésirables dus à des soins à risque, ce qui entraîne 2,6 millions de décès par an rien que dans les pays à revenu faible et intermédiaire… » Quatre patients sur dix subissent des préjudices dans les structures de soins de santé primaires ou de soins ambulatoires. Les erreurs les plus importantes sont liées au diagnostic, aux prescriptions et à l’utilisation des médicaments. À elles seules, les erreurs qui concernent les médicaments entraînent des coûts annuels estimés à US $42 milliards. Jusqu’à 25 % des patients souffrent de complications provoquées par des soins chirurgicaux à risque et, chaque année, un million de personnes décèdent pendant l’acte chirurgical ou immédiatement après », peut-on lire dans le document encore disponible en ligne.

L’OMS est allée plus loin encore, nous révélant que : « …toutes les minutes, au moins cinq patients dans le monde meurent en raison de soins à risque », a expliqué le Dr Tedros Adhanom. Des moments qui marquent les familles entières, non sans parfois créer des indignations. Quelques cas recensés au Sénégal, en Afrique du Sud, au Burkina-Faso et au Cameroun, le démontrent bien.

Les cas

Sénégal, nous sommes au mois de septembre 2022, une négligence médicale et un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine ont causé le décès, au Sud-est du pays, d’une femme et de son bébé lors de l’accouchement. Le mari et tous les membres de la famille de la défunte ont failli mettre la structure sanitaire à feu et à sac, nous rapporte Adama Soulé, journaliste, qui a relaté les faits. « Dame Doura Diallo s’était présentée dans la journée au centre de santé de Kédougou pour un accouchement avant une décision du personnel médical de faire une intervention chirurgicale faite trop tard, car la situation était déjà devenue compliquée et le rapport médical envoyé aux autorités a indiqué que les manœuvres du gynécologue pour extraire le nouveau-né ont causé son décès et ont provoqué une rupture utérine qui a immédiatement conduit au décès de la mère suite à une hémorragie externe et un arrêt cardiaque», nous a-t-il informé.

Le 10 octobre 2019, au Burkina Faso, un artiste comédien de renom avait aussi lancé une campagne contre la négligence dans les hôpitaux, après le décès de son épouse sur la table d’accouchement, nous renseigne Toto Kellé, un compatriote établi au pays des hommes intègres.

Au mois de juin 2023, le site Africanews.com nous a rapporté que 29 personnes sont mortes suite au choléra dont le traitement a été négligé par les professionnels de la santé. Le 25 octobre 2019, au Cameroun, le décès d’un nouveau-né dans un hôpital de Douala a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Les parents de l’enfant ont lancé une campagne pour dénoncer la négligence du personnel médical, information couverte par Nos Soins.

Toujours à Douala, nous avons recueilli le témoignage d’un confrère qui a eu de gros moments de frayeur : « Né le 25 avril 2018 dans un hôpital public dans la ville de Douala et dont nous ne voulons pas citer pour des raisons évidentes, mon fils est sorti de l’hôpital trois jours plus tard sans avoir été consulté par un pédiatre. » Une fois à la maison, j’ai fait appel à la femme d’un collègue pédiatre, afin qu’elle vienne s’assurer que l’enfant va bien. À la seule vue de l’enfant, elle a dit qu’il avait l’ictère. Nous nous sommes immédiatement rendus dans un autre hôpital public de la ville. L’enfant avait 6 jours de naissance. L’ictère de l’enfant a été confirmé et une batterie d’examens nous a été prescrite. Il a été mis sous traitement et placé dans les rayons ultraviolets. Les infirmières ont donné les consignes de ne le faire sortir de là que pour l’allaiter. Deux jours plus tard, on nous informe que l’enfant est anémié. Il fait le transfuser rapidement. Nous nous battons pour avoir une poche de sang. Après, l’enfant est remis dans les rayons ultraviolets. Au quatrième jour d’hospitalisation, je me rends à la maison aux environs de midi, afin d’apporter de nouveaux vêtements à Madame et de faire un peu de ménage à la maison. Elle m’appelle aux environs de 15 h, tout en larmes, m’informant que l’enfant a été transféré à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yassa.

Il se trouve que pendant que mon épouse enlevait les couches de l’enfant, elle a constaté une boule au niveau de son pubis, côté droit. Elle informe le personnel médical qui s’affole. Les médecins arrivent et disent que si on n’opère pas l’enfant dans une heure, il mourra. L’hôpital dans lequel il se trouvait ne possédant pas de chirurgien pédiatre. Le médecin qui échange avec mon épouse passe alors quelques coups de fil, notamment à l’hôpital Laquintinie, puis à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yassa. Et il dit à mon épouse que le chirurgien pédiatre de l’hôpital Gynéco l’attend. Entre temps, ils ont mis des sondes dans les narines et la bouche de l’enfant et interdit qu’on l’allaite, parce qu’on va l’opérer.

Puisqu’il fallait respecter le délai d’une heure, mon épouse et sa sœur ainée ont pris la moto pour Yassa, vers 16 h 30. Une fois à l’hôpital gynéco, les formalités de paiement de la caution prennent pratiquement 45 minutes. 1 h passe, et l’enfant n’est pas encore mort. Il a faim et se tord de douleurs, mais, on ne peut pas l’allaiter. C’est finalement vers 19 h et plus qu’on rencontre le chirurgien pédiatre, qui examine l’enfant, dit sa surprise par rapport au constat fait par ses collègues. Il dit que l’enfant a certes une torsion testiculaire, le testicule non descendu, mais que ce n’est pas urgent et peut se faire même quand l’enfant aura 1 an. Il note que l’opération est risquée à son âge et n’est d’aucune urgence, comme l’a signalé l’autre médecin. Il prescrit un médicament à donner à l’enfant si cela se reproduit. Il enlève toutes les sondes mises sur l’enfant et demande à la maman d’allaiter l’enfant. Nous sommes rentrés. L’enfant va bien jusqu’à ce jour. C’est en janvier 2023 que nous l’avons fait opérer. Cette erreur médicale a failli coûter la vie à mon fils. « Quand nous sommes sortis de l’hôpital, il avait 10 jours de naissance », relate B.D, journaliste.

Alphonse JENE

 

Encadrer

Responsabilité pénale

Le médecin est soumis aux règles du droit commun, comme tout citoyen. Il peut donc être poursuivi pénalement, lorsque l’inobservation des prescriptions éthiques et déontologiques porte atteinte à l’ordre social en préjudiciant au malade. Les dispositions de l’article 289 du Code pénal réprimant l’homicide et les blessures causées par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements sont applicables au médecin pour les dommages corporels qu’il cause dans l’exercice de ses fonctions.

Qualifiée d’omission de porter secours par l’article 283 du Code pénal, la non-assistance à personne en danger est une infraction souvent invoquée à l’encontre du corps médical, vu la nature de leur profession qui les expose à des situations de patients en détresse et de par leurs missions d’administration des soins. C’est la traduction pénale d’une règle morale naturelle de tous les temps. L’infraction trouve alors à s’appliquer dans des hypothèses spécifiques aux professionnels de santé, dont les médecins. Ils sont soumis à une obligation particulière de secours auprès de personnes en situation de détresse. Il va de soi qu’en cas d’urgence, un médecin doit porter secours à toute personne malade ou blessée qui l’appelle ou lui est signalée. Encore faut-il qu’il prenne conscience de l’urgence et de la gravité. La question de sa répression se pose dès lors qu’elle est commise par le médecin. La loi limite strictement les hypothèses dans lesquelles une inaction pourra être tolérée et qu’il puisse échapper à la sanction. L’examen du droit camerounais révèle des lacunes et l’exposer est susceptible d’aboutir à une prise de conscience pouvant susciter des réactions dans le sens de la relecture de la législation pénale en ce qui concerne spécifiquement le corps médical.

En cas de négligence, le Code pénal punit d’une peine privative de liberté d’un à trois mois d’emprisonnement et d’une amende de 2000 à 25 000 FCFA.

Source : medcamer.org/responsabilite-medicale.

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