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Ces boissons dont les prix varient entre 50 et 200f constituent une réelle menace pour la santé des consommateurs.
Vendus à tous les coins et recoins des villages et villes, les whiskies en sachet font le beau temps des adeptes de cette liqueur. Les jeunes, les élèves, les étudiants, les moto-taximen, les débrouillards constituent une cible de prédilection des entreprises brassicoles. Celles spécialisées dans la production et la commercialisation de cette boisson ne lésinent pas sur les moyens afin de mettre ce « tueur » silencieux à la disposition de ceux qui l’ont adoptée comme boisson.
Dans la ville de Ngaoundéré, ces boissons voyagent d’un bout à l’autre de la ville. Transporté dans des seaux et vendus avec les cigarettes et autres produits psychotropes, le whisky en sachet se positionne aujourd’hui dans la ville de Ngaoundéré comme la boisson des pauvres. Cette boisson aux origines parfois douteuses continue de séduire malgré son interdiction depuis 2016 par les ministres de la santé, du commerce et des mines, de l’industrie et du développement technologique dans un communiqué conjoint. « J’ai fait de la vente du whisky en sachet mon gagne-pain. Je vends cela avec un peu de cigarette, de bitter cola, et des bonbons alcoolisés aussi puisqu’il y a certains qui n’aiment l’odeur. C’est pour cela qu’après avoir bu, ils sucent le bon pour faire disparaître l’odeur », explique Tada, vendeur. Les sources d’approvisionnement de ce vendeur sont multiples.
Elles dépendent de la marque. « Les whiskies comme Bullet viennent du Nigeria ave les trafiquants des motos alors que Player, Fighter, Makllan, Lion d’Or sont fabriqués au Cameroun » raconte-t-il avant d’ajouter, « Les points de grandes consommation sont les cabarets de bili-bili où les gens aiment mélanger. Ils dépensent moins et se saoulent vite. Avec 2 fighters qui coûtent 200f et un seau de bili-bili de 300f, donc avec 500f, le tour est joué ». Cet ancien étudiant reconverti en vendeur de whisky en sachet ne crache pas sur cette activité qui, selon lui, lui permet de se prendre en charge. « J’ai abandonné l’école faute de moyens, mais aujourd’hui, avec cette activité, je paie mon loyer et j’aide les petits frères » lance-t-il avec un sourire qui traduit sa satisfaction.
Dans le corps médical, la consommation de cette boisson est pointée du doigt comme source des cas de consultations. « Nous recevons de plus en plus des cas de consultation qui viennent pour des problèmes gastriques. Cela est dû à la consommation des whiskies en sachet. A notre niveau, nous prescrivons un ensemble d’antibiotiques pour résoudre le problème. La consommation excessive peut évoluer vers une cirrhose du foie. En ce moment l’intervention adaptée est une sorte de chimiothérapie » fait savoir Olivier Oumarou, infirmier, en service au centre médico-social de l’Université de Ngaoundéré. La consommation abondante de cette boisson, selon le personnel médical, peut facilement tendre vers une dépendance. « L’une des conséquences de ces whiskies, c’est la dépendance et là le sujet n’a plus aucun contrôle sur sa vie » observe-t-il.
Dans le milieu des moto-taximen, le whisky est sachet est pointé du doigt comme l’une des causes des accidents de la circulation. 6 ans après son interdiction par les pouvoirs publics, ce produit continue d’être fabriqué par les entreprises camerounaises et d’entrer frauduleusement sur le territoire par les contrebandiers et les trafiquants de moto. Ce qui remet au goût du jour l’application de certaines mesures gouvernementales sur le terrain.
Jean BESANE MANGAM