Plus d’un mois après l’élection du bureau de cette institution, le secrétaire général adjoint a menacé de démissionner verbalement si les règles de bonne gouvernance et de transparence ne sont pas respectées.
L’élection du 22 mars 2019, ayant entrainé le renouvellement du Conseil de l’Ordre national des médecins du Cameroun (Onmc), continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Dr Roger Tchamfong secrétaire général adjoint de ce nouveau bureau divise les différents bastions. Sur le plan juridique, le Sga jouit pleinement de ses droits civiques et moraux pour assumer ses fonctions. Pour d’autres, il ne devrait pas siéger au conseil de l’ordre pour la simple raison qu’il avait été suspendu pendant un an, il y a plus de 15 ans. Une peine qu’il a d’ailleurs purgée dans le respect des textes de l’Ordre. Ayant tiré des leçons de cette épisode malheureuse de sa vie, le Sénologue est devenu un fervent défenseur de l’éthique de la déontologie.
C’est dans cet engrenage que l’ex-directeur de l’hôpital provincial d’Ebolowa a informé le Président de l’Ordre de son intention de démissionner si les règles qui régissent le fonctionnement de l’Ordre ne sont pas respecter. Une déclaration qui a créé un tollé au sein de la corporation. Pendant que d’aucuns se réjouissaient de la décision colérique de l’ex-secrétaire général du bureau de l’ordre de la région du Centre au Cameroun, la déclaration est révélée irrecevable. Pour démission de l’Onmc, il faut rédiger formellement une demande de démission et l’envoyer au Président pour validation. Seulement cette procédure n’a pas été respectée. « C’est sur un coup d’énervement que j’ai dit cela. Je suis Sga du Conseil et avant j’étais Secrétaire général du bureau du Centre. Donc si je voulais démissionner, je connais la procédure. Je n’ai pas démissionné mais je souhaite que les choses se passent dans les règles de l’art », rassure le collaborateur du Dr Guy Sandjon.
Collaboration au secrétariat…
A en croire le Dr Gervais Atedjoe, Secrétaire général de l’Onmc, la collaboration avec le Dr Tchamfong ne souffre d’aucun mal. « Le Sga résidant à Yaoundé, il s’occupe des dossiers et me les transmet. Il ne prend aucune décision sans m’avoir consulté ou le Président. Logiquement, je n’ai aucun souci avec mon collaborateur. Si les gens racontent les histoires dehors cela les regardent », précise le Sg de l’Ordre. La présence régulière du cancérologue au sein de la « Maison du médecin » est donc due à l’absence du Sg qui réside à Douala. Pour l’heure, aucun incident ou disfonctionnement a été relevé. « Je pense qu’il faut laisser le nouveau bureau travailler. Les élections sont passées. Il ne sert à rien de vouloir fragiliser le bureau en place. Chacun fait son temps. Il ne faut pas que les anciens essayent de vilipender l’équipe en place. Nous devons nous respecter les uns les autres. C’est de cette façon que nous pouvons résoudre les problèmes des médecins », tance un vieux médecin à Douala.
L’équilibre régional : la pomme de discorde
Pour plusieurs médecins, la présence massive d’une région au sein du conseil de l’Onmc constitue un goulot d’étranglement. « L’invasion de notre Ordre par une région du pays n’a pas permis de respecter l’équilibre régional tant souhaité au sein de notre conseil. Dans le conseil précédent nous avons sept régions représentées. Mais dans le Conseil actuel, seul trois régions du Cameroun sont représentées », regrette un jeune médecin généraliste. Le président de l’Assemblée général rassure qu’aucune candidature respectant les normes n’a été rejetée. L’élection s’est déroulée dans la transparence. Les médecins ont voté les membres qui peuvent défendre leurs intérêts et non l’équilibre régional. « L’élection du 22 mars 2019 était très serrée. Il y a eu une forte mobilisation surtout des jeunes. Certains médecins n’ont pas pu voter parce qu’ils ne remplissaient pas les conditions préétablies et acceptées par tous. Nous sommes restés à l’Ordre jusqu’à plus de trois heures du matin pour attendre la fin du scrutin. Je n’ai jamais vu une telle transparence. Le départ de mes compagnons de route me fait mal mais je dois respecter la décision de l’assemblée et bien collaborer avec l’équipe en place », se félicite le Dr Guy Sandjon, Président de l’Ordre national des médecins du Cameroun. Tout compte fait, cette élection n’a pas encore révélé tous ses méandres. Les conditions de vie et de travail des médecins camerounais restent à améliorer. L’éthique et la déontologie battant encore de l’aile dans la corporation, l’Ordre devra se remettre à l’ordre.
Joseph MBENG BOUM