Pr. Dora Mbanya, « Si je compare seulement les données de Yaoundé en termes de nombre de poches de sang collectées, ça passe de 32 000 poches environ en 2019 à plus de 26 000 en 2021 »

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Pr. Dora Mbanya, Directeur général du Centre national de transfusion sanguine (Cnts)


En 2021, la disponibilité de poches de sang dans notre pays était de 100 mille quand le besoin était de 400 mille. Quelle est la situation aujourd’hui ?

À part les facteurs préexistants qui influencent le don de sang dans notre contexte, l’arrivée de la Covid-19 a joué un rôle négatif très significatif en ce qui concerne le don de sang. La situation de lockdown par exemple faisait qu’on ne pouvait pas collecter le sang ou organiser les collectes mobiles ; La peur d’exposition à ce virus qui empêchait aux donneurs de venir dans les formations sanitaires ; et même ceux qui étaient des donneurs et qui ont contracté la Covid-19, étant souffrants, ils ne pouvaient pas venir donner leur sang pour un temps. Tous ces facteurs ont beaucoup contribué à une baisse dramatique de don de sang dans notre pays et ailleurs. Si je compare seulement les données de Yaoundé en termes de nombre de poches de sang collectées, ça passe de 32 000 poches environ en 2019 à plus de 26 000 en 2021.

Vous avez entrepris une tournée de sensibilisation dans les fans zones de Yaoundé pour le don de sang. Est-ce à dire que la sensibilisation va mettre un terme à ce problème ?

Pendant cette période de CAN, c’est important de faire passer le message aux camerounais. Le peuple camerounais aime beaucoup le football et donc tout ce qui se passe en ce moment capte leur attention. C’est aussi un moment d’éduquer et de sensibiliser dans les fans zones en faveur du don de sang. Beaucoup de tabous et de croyances culturelles et religieuses interviennent fortement contre le don de sang dans notre contexte, ainsi que la circulation de fausses informations qui décourage les gens de venir donner le sang. D’où l’importance de cette sensibilisation et éducation sans cesse. C’est absolument indispensable selon nous.

Quel est le discours que vous tenez sur le terrain ?

Le grand discours en cette période, et qui n’est pas nouveau, est que le sang est indispensable pour sauver la vie. Beaucoup de pathologies médicales s’accompagnent par l’anémie sévère, le manque des autres composants sanguins etc et seule une transfusion sanguine sauve la vie dans ces circonstances. Les enfants de moins de 5 ans par exemple et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables. Il est donc important d’avoir le sang disponible. Bien que plusieurs médicaments soient fabriqués dans les laboratoires, la science jusqu’ici n’a pas réussi à fabriquer le sang. Donc un besoin en sang ne peut être comblé que par le sang et la seule source de ce sang c’est l’être humain. Et donc, j’encourage fortement les populations à se lever et aller donner un peu de leur sang ; pas seulement une fois mais que ça devienne un style de vie. Vous pouvez aller donner du sang si vous êtes âgé de 18 à 60 ans et en bonne santé.

Avez-vous l’impression que ce discours est entendu par les populations ?

Je suis convaincue que le message passe au moins à quelques personnes durant cette période. Je suis convaincu de cela parce que beaucoup reviennent pour plus d’informations, d’autres font des promesses de venir donner, et d’autres ont même dit qu’ils vont encourager leurs partenaires, voisins et amis. Il y en a même qui ont suggéré d’autres stratégies qu’on peut utiliser pour améliorer les sensibilisations et collectes des dons.

Propos recueillis par Kévine NGOMWO (Stg)

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