La pharmacienne, enseignante, écrivaine et par ailleurs Directeur général du Laboratoire nationale de contrôle de qualité des médicaments et d’Expertise (Lanacome) a reçu la prestigieuse distinction, le 19 décembre 2018 à Paris.
La salle des Actes de la Faculté des Sciences pharmaceutiques et biologiques, Paris Descartes s’est révélée étroite lors de la cérémonie de remise du « Prix de la Pharmacie Francophone » au Dr Rose Ngono Mballa. La longue journée s’est ouverte par les Palmarès des prix scientifiques et professionnels 2018. La Conférence du Pr Philippe Sansonetti, de l’Institut Pasteur, Professeur au Collège de France, Chaire de microbiologique et maladies infectieuse sur le thème : « Microbite instestinal et dysbiose, de la santé à la maladie : les postulats de Koch revisités ». Le troisième point inscrit à l’Ordre du jour étant l’accueil des Elus de l’année académique et le Prix de Notoriété. Le Prix de la Pharmacie francophone a été décerné au Dr Rose Ngono Mballa (Cameroun), le Grand Prix à Philippe Roingeard et le prix d’honneur à Klaus Meier.
Après avoir remporté deux fois le « Prix de l’Excellence du leadership féminin en Santé » au Cameroun en 2016 et 2017, celle que les proches appellent affectueusement « Princesse Rose », vient une fois de plus d’honorer son pays remportant cette distinction.
Pour la lauréate, l’assainissement du secteur pharmaceutique au Cameroun demeure l’une de ses priorités. Dans un contexte où le phénomène du médicament de la rue est devenu très banal. Dans les grandes villes aussi bien que dans l’arrière-pays, ces pharmacies d’un autre genre rivalisent avec les officines agréées par le ministère de la santé. Au début c’était la vente des aspirines, Efferalgan et autres médicaments génériques. Au fils des années, la pauvreté aidant, le médicament de la rue a pignon sur rue. Malgré les descentes musclées des autorités publiques de la santé pour mettre fin à cette activité, cette dernière résiste.
Des enquêtes menées, il ressort que ce sont les personnels de la santé qui ont créé cette activité, avec parfois l’aide des délégués médicaux, d’ailleurs il n’est pas rare, nous a-t-on indiqué qu’un médecin vous fasse une prescription médicale et qu’à la suite, l’infirmier en charge d’administrer le traitement vous dise qu’il peut vous vendre ce produit ainsi que d’autres accessoires de soins, devenant ainsi un démarcheur, un représentant commercial sanitaire. Ces pratiques se sont perfectionnées et dans le but de contourner les mesures de surveillance mises en place par les autorités et l’administration hospitalière, la vente des médicaments s’est progressivement déplacée et a envahi les abords des structures sanitaires dans un premier temps, les carrefours, alentours des stationnements et gares routières dans un second temps, écrit nos confrères de Médiaterre.
Le Prix de la Pharmacie francophone est destiné à un pharmacien francophone de nationalité étrangère avec pour objectif de récompenser, promouvoir et mettre en valeur ses activités professionnelles et ses travaux scientifiques qui devront avoir eu un impact important en termes de santé publique dans le pays du lauréat, dans la région ou la sous-région de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) à laquelle il appartient et/ou sur le plan international, en particulier dans les pays francophones.
Ce Prix, créé en 2000 à l’initiative de la Commission des Affaires internationales et européennes, en particulier de son Président, Gabriel Maillard, et de Jean-Paul Chiron, Secrétaire Général, initiateurs de ce Prix, est destiné à récompenser un pharmacien de nationalité étrangère pour des travaux scientifiques effectués pour la plus grande part dans son pays ou pour l’ensemble de ses activités professionnelles honorant la profession. La création de ce Prix de la Pharmacie francophone s’inscrit dans les objectifs de l’Académie : travailler au progrès des Sciences et au perfectionnement des Techniques se rapportant à la Pharmacie ; développer les relations nationales et internationales entre les Pharmaciens ; resserrer entre eux les liens de la confraternité.
Dr Rose Ngono Mballa est donc la deuxième camerounaise qui remporte de ce prix après le Dr Emilienne POLA YISSIBI en 2012. Après 30 ans expérience, elle est l’un des beaux produits de la pharmacie au sud du Sahara. Elle a fait de la lutte contre les faux médicaments et les faux produits cosmétiques. Elle ne passe pas une journée sans développer une nouvelle stratégie pour tordre le coup à cette gangrène nationale.
Le Directeur général du Laboratoire nationale de contrôle de qualité des médicaments et d’Expertise (Lanacome) n’est pas au bout de ses efforts. Au cours de l’année 2018, elle a reçu de nombreux prix au niveau national à l’instar du prix du leadership féminin en santé décerné à par le Journal Echos Santé. Elle est nantie d’un Doctorat Es Sciences Biochimie, Analyse huiles essentielles, tests pharmacologiques obtenu à 1993 à la Faculté de médecine et Sciences Biomédicales (Fmsb) de l’Université de Yaoundé I et un second Doctorat en pharmacie, option industrie, pharmacie galénique industrielle décroché en 1988 à Marseille en France. La lutte contre les faux médicaments est son combat permanent.
Joseph MBENG BOUM