Résistance aux antimicrobiens , une priorité: Bilan des 2èmes Journées Internationales
Les Deuxièmes Journées Internationales de Microbiologie, organisées par la Société Camerounaise de Microbiologie (SOCAMI), ont pris fin avec succès, ce 12 décembre 2024 à Yaoundé. Réunissant des experts de 28 pays autour du thème lié à la résistance aux antimicrobiens (RAM).
Cet événement, qui a eu lieu du 09 au 11 décembre, a permis de faire le point sur les défis et les perspectives liés à cette problématique qui menace la santé publique mondiale.
Thème de l’ édition 2024, « Intégration de l’approche ‘Une santé’ dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens : challenges et perspectives. »
La cérémonie de clôture des deuxièmes Journées Internationales de Microbiologie, organisées par la Société Camerounaise de Microbiologie (SOCAMI) a marqué un moment fort, avec des intervenants soulignant l’importance d’une approche intégrée « Une santé » pour lutter efficacement contre la RAM. Dr Founou Carrel, Président du Comité d’organisation, a exprimé sa satisfaction quant à la qualité des échanges et des présentations, mettant en avant les recommandations formulées pour renforcer les capacités des laboratoires et améliorer le diagnostic microbiologique.
Pr Hortense Gonsu, Présidente de la SOCAMI, a rappelé que la lutte contre la RAM nécessite un engagement collectif, non seulement des professionnels de santé, mais aussi des gouvernements, des chercheurs et de la société civile. Elle a insisté sur le fait que les jeunes, futurs acteurs de la santé, doivent être au cœur de cette mobilisation pour garantir des solutions durables.
Les résultats des travaux présentés ont mis en lumière des réalités préoccupantes, telles que la multirésistance des germes isolés dans les infections urinaires à Douala, comme l’a souligné Rose flore Siego, microbiologiste. Ces données, selon elle, doivent inciter à repenser les protocoles de traitement afin de mieux répondre aux enjeux de santé publique.
Le Dr Benjamin Djoudalbaye, expert en maladies infectieuses, a évoqué les conséquences catastrophiques de la RAM, qui pourrait entraîner plus de 4 millions de décès d’ici 2050 si aucune action n’est entreprise. Il a plaidé pour des mesures d’hygiène rigoureuses, une formation adéquate des professionnels de santé et une réglementation stricte de l’utilisation des antimicrobiens.
La clôture de ces journées a également permis de récompenser les meilleurs travaux de recherche, soulignant ainsi l’engagement des jeunes chercheurs dans cette lutte. Les prix décernés illustrent l’importance de l’innovation et de la rigueur scientifique dans la compréhension et la gestion de la résistance antimicrobienne.
Les participants ont quitté cet événement avec une vision claire : la nécessité d’unir les efforts à travers un réseau solide pour faire face à cette menace. Les recommandations issues des discussions seront essentielles pour guider les actions futures et renforcer les capacités de réponse face à la RAM.
Les Deuxièmes Journées Internationales de Microbiologie ont été un espace d’échanges fructueux, mais aussi un appel à l’action collective. La lutte contre la résistance aux antimicrobiens est un défi majeur qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs concernés, car il en va de la santé publique et de l’avenir de nos sociétés. La SOCAMI a d’ores et déjà annoncé son intention d’organiser une troisième édition d’ici deux ans, poursuivant ainsi son engagement dans cette lutte cruciale.
« Grâce à mes travaux, j’ai remporté le prix de la deuxième communication affichée »
Rose flore Siego, microbiologiste et chercheure dans le domaine de la résistance microbienne.
Pour ces deuxièmes journées internationales de microbiologie, j’ai opté pour la présentation de l’un de mes travaux de recherche intitulé : « Évaluation de la Résistance Microbienne, la production de Béta-lactamases à spectre élargi » Dans trois structures sanitaires de la ville de Douala.
Pourquoi cette thématique ? Cette thématique est née du constat quotidien, au laboratoire, de la multirésistance des germes que nous isolons. Nous nous sommes alors demandés ce qui pouvait justifier une telle situation et quel était le niveau de résistance attribuable à la production de bêta-lactamases dans la ville de Douala, où les données étaient relativement manquantes.
Nous avons donc entrepris de collecter des données dans trois établissements de santé de Douala, portant sur les entérobactéries isolées dans les infections urinaires. Les résultats ont révélé une résistance élevée et relativement homogène dans les trois structures. Nous avons notamment observé une résistance accrue aux pénicillines, des molécules de première intention souvent prescrites de manière empirique en attendant les résultats des analyses d’urine.
Au vu de ces résultats, il apparaît nécessaire de revoir les protocoles de traitement empirique des infections urinaires. Bien qu’il soit difficile de demander à un prescripteur d’attendre trois jours les résultats des analyses avant de traiter un patient, il est essentiel de réévaluer les molécules utilisées en première intention. Les pénicillines devraient être évitées au profit d’autres familles d’antibiotiques et d’autres inhibiteurs enzymatiques. Par exemple, l’association amoxicilline-acide clavulanique pourrait être remplacée par l’association ampicilline-tazobactam, tout aussi efficace et plus en accord avec les recommandations de l’OMS privilégiant les molécules moins coûteuses et accessibles à tous.
Grâce à ces travaux, j’ai remporté le prix de la deuxième communication affichée, une reconnaissance qui me motive à poursuivre mes recherches sur la résistance antimicrobienne. C’est une étape importante dans mon parcours de chercheuse.
« Nous espérons qu’avec le réseau que nous avons tissé, nous pourrons organiser une troisième édition de ces journées internationales de microbiologie d’ici deux ans. »
Dr Founou Zangue Carrel, Enseignant-chercheur, Université de Dschang Faculté de Médecine et des Sciences pharmaceutiques, Président du Comité d’organisation
Après trois jours d’intenses travaux, nous sommes très satisfaits de la réussite de cet événement. Nous avons organisé deux ateliers : le premier, financé par l’Institut BioMérieux de Côte d’Ivoire, portait sur la résistance aux antimicrobiens et visait à renforcer les compétences des techniciens de laboratoire en matière de diagnostic microbiologique. Le second était consacré à la détection du monkeypox grâce à des technologies innovantes, allant jusqu’au séquençage génomique des pathogènes émergents.
Les deuxième et troisième journées étaient dédiées à la présentation des travaux de jeunes chercheurs camerounais et de pays voisins comme le Tchad et le Gabon. Nous avons ainsi pu apprécier leurs recherches, les évaluer et les récompenser pour leur engagement scientifique.
À l’issue de ces trois jours, nous avons remis des prix dans trois catégories pour les communications orales et affichées. La sélection a été basée sur la qualité et l’originalité de la thématique, la pertinence des technologies utilisées et l’innovation apportée.
Nous espérons qu’avec le réseau que nous avons tissé, nous pourrons organiser une troisième édition de ces journées internationales de microbiologie d’ici deux ans.
Parmi les recommandations formulées, la plus importante concerne l’intégration systématique de la biologie moléculaire dans nos laboratoires pour une meilleure surveillance des pathogènes
Par Mireille Siapje
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