Saison des pluies dans le Nord : Paludisme, typhoïde et grippe, des menaces constantes

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La saison des pluies est, plus que jamais, une période de recrudescence des maladies hydriques et vectorielles dans la région du Nord. Actuellement au cœur de cette saison, la région fait face à une augmentation préoccupante des cas de paludisme, de fièvre typhoïde et de grippe, touchant de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables.

Le constat est alarmant. Les habitants de la région du Nord souffrent de manière croissante de ces trois maladies, directement liées aux conditions climatiques et environnementales. Les pluies régulières et souvent intenses d’août et de septembre ont engendré la formation de flaques d’eau stagnante dans les quartiers, créant des lieux de reproduction idéaux pour les moustiques vecteurs du paludisme. La végétation luxuriante qui s’épanouit à l’intérieur comme à l’extérieur des habitations offre des abris parfaits aux moustiques et contribue à la prolifération de rongeurs, potentiels porteurs de la fièvre typhoïde.

Les inondations récurrentes dans certains quartiers aggravent encore la situation, favorisant la contamination de l’eau et la propagation de maladies. La précarité des conditions de vie dans la région exacerbe le problème. Les habitations souvent surpeuplées et insalubres, construites avec des matériaux rudimentaires, sont propices à la transmission de maladies infectieuses. L’absence d’assainissement adéquat et l’accès limité à l’eau potable constituent des facteurs aggravants qui entravent la lutte contre ces pathologies.

Les témoignages recueillis auprès des populations confirment la gravité de la situation. Des conversations informelles entre voisins et connaissances révèlent une augmentation significative des cas de ces maladies. Beaucoup rapportent avoir souffert, ou connaître des proches ayant souffert de ces affections ces dernières semaines, ressenties comme une menace constante pesant sur leur quotidien.

La pauvreté contraint une grande partie de la population à recourir à l’automédication, s’approvisionnant en médicaments de qualité douteuse dans la rue, sans le contrôle d’un professionnel de santé. Cette pratique dangereuse augmente les risques de complications et peut s’avérer fatale. Seules les personnes disposant de moyens financiers suffisants peuvent accéder aux structures de santé, ce qui met en lumière les inégalités d’accès aux soins dans la région.

Les structures sanitaires de la région sont, elles aussi, confrontées à une forte pression. L’afflux de patients atteints de paludisme, de fièvre typhoïde et de grippe témoigne de la gravité de la situation. Le manque de personnel médical qualifié et de ressources matérielles représente un défi supplémentaire pour les équipes soignantes, déjà surmenées et confrontées à un environnement de travail difficile.

 Marcus DARE

 

Réaction

« Il y a des gens qui peuvent soigner la même maladie quatre à six fois durant cette saison des pluies. »

Dr Honoré Abdoulaye, Médecin Généraliste.

Concernant le paludisme, il faut dire que nous vivons dans une zone endémique. Comme c’est la saison des pluies actuellement, il y a une multiplication des moustiques, responsables de la transmission du paludisme. Cela est dû à la proximité avec des flaques d’eau et aux conditions de vie difficiles. Il y a aussi le problème de la non-utilisation des moustiquaires imprégnées et des insecticides. Le manque de sensibilisation est également en cause : les gens savent ce qu’est le paludisme, mais n’ont pas idée de ce qu’il peut provoquer. Nous voyons des enfants arriver en pédiatrie dans un état très affaibli, ou des problèmes d’anémie chez d’autres patients. Pour prévenir le paludisme, il est essentiel de nettoyer les alentours des habitations, d’éviter la promiscuité et surtout de dormir sous des moustiquaires imprégnées. Lorsqu’on est atteint de paludisme, il faut éviter d’aller se faire soigner chez le marabout du quartier.

La fièvre typhoïde est une pathologie bactérienne, encore appelée maladie des mains sales, due à une hygiène alimentaire défectueuse. Sa présence actuelle est liée à l’arrivée sur les marchés des produits de récolte comme les arachides et le maïs. La solution réside dans une meilleure hygiène alimentaire.

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Quant à la grippe, elle survient de manière saisonnière. Cette période des pluies lui est propice. Vous remarquerez que les fleurs éclosent avec le pollen. C’est aussi une période où il fait frais. Pour la prévenir, il faut se protéger du froid. Nous pensons que des recherches devraient se poursuivre dans ce domaine et que la grippe devrait être classée comme un problème de santé publique. Les politiques publiques de santé traînent à suivre. Il est crucial de se protéger contre les facteurs qui favorisent cette grippe, qui est souvent virale. La surinfection se manifeste par de la fièvre et peut être confondue avec le paludisme. Il y a des gens qui peuvent être traités pour la même maladie quatre à six fois durant cette saison des pluies. En cas de symptômes, nous recommandons de consulter un médecin pour éviter les complications, comme les surinfections pulmonaires.

Propos recueillis par Marcus DARE

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