Supplice : Le calvaire des mamans d’autistes

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Contraintes de prendre soin de leurs enfants souffrants d’autisme et de rester auprès d’eux, elles font face à des difficultés que seul l’amour permet de surmonter au quotidien.

« Larissa est jeune, elle n’est pas folle, ni possédée, encore moins sorcière. Il faut lui trouver un établissement pas seulement spécialisé mais inclusif. Ça fait des années qu’elle galère ». Il faut répondre à ce cri de détresse de Anne Marie, la mère de Larissa. Cela fait plus plus de dix ans qu’elle a arrêté de travailler pour pouvoir s’occuper de sa fille souffrante d’autisme. Dès lors, elle se trouve en situation permanente de stress face à la stigmatisation de la société vis-à-vis d’elle, de son enfant et de sa famille. « Depuis qu’on a découvert que Larissa est autiste, nous avons essayé de gérer la situation comme on pouvait. Lorsque devant les gens elle se met à crier, on me dit que j’ai possédé ma fille. Même au quartier quand j’ai un malentendu avec un voisin, la première chose qui sort de sa bouche c’est : voilà un enfant sorcier que tu as mis au monde qui te dépasse à élever », visage rempli de larmes, raconte cette maman rencontrée à Ekoumdoum, au sortie du culte hier, 02 avril, jour de célébration la journée mondiale de l’autisme.

Le souci d’Anne Marie n’est pas seulement les stigmates, mais également la prise en charge quotidienne de sa fille qui s’avère être un calvaire. Encore que pour une fille, il faut pouvoir gérer la période de menstruation. « Je n’arrive pas à la laisser même 3 min seule. Je vais la trouver en train d’éteindre et d’allumer les ampoules de la maison à tout moment. Sinon, sans aucune raison, elle crie. Comme elle ne parle pas vraiment c’est compliqué de savoir ce qu’elle veut réellement ». Et d’ajouter « quand arrive sa période de menstruation c’est la catastrophe. Elle enlève les serviettes hygiéniques que je lui mets et en fait un jouet au point de souvent les tremper dans le sceau d’eau », confie-t-elle. A l’hôpital, la dame fait savoir que le traitement infligé à l’enfant ne la laisse pas indifférente. « Je partais avec l’enfant où il y a ses semblables, mais le fait de la voir souvent attaché sur un lit le brisait le cœur malgré qu’il y avait d’autres enfants comme elle. J’ai décidé de lui donner mon temps et mon amour pour qu’elle aille mieux parce que je ne voyais pas le changement à l’hôpital », se désole Anne Marie.  Devant cette situation, son seul guide au quotidien, ce sont ses autres enfants, en bonne santé, l’amour qu’elle éprouve pour tous et le soutien de son mari. « Larissa c’est mon enfant, au même titre que les deux autres qui n’ont aucun problème. Je suis sa mère, je l’ai mise au monde, j’ai souffert de la douleur de son enfantement, je ne peux malheureusement pas l’abandonner. Je suis la seule à pouvoir y faire face, et jusque-là, je m’en sors comme je peux avec l’aide de son père et de ses frères », indique-t-elle.

Pas de place pour Larissa

La fillette de 14 ans n’est ni agressive, ni méchante, mais son poids et sa taille, dans les moyennes de celle d’un adulte, font de sa garde une épreuve de chaque instant. Sa maman a essayé à plusieurs reprises de lui trouver une école mais sans chance. « A ses 03 ans, je l’avais mis dans une école normale. Elle y faisait la maternelle et elle n’avait pas encore développé certains troubles du comportement. C’est après sa maternelle que la situation s’est dégradée et on ne l’acceptait plus dans des écoles normales », explique-t-elle. La maman de 40 ans a mis son enfant dans une école inclusive de la place puis dans une autre spécialisée, mais avec la perte de son emploi, sa situation financière est devenue instable. « La pension est chère. C’est normal parce qu’il faut manager ces enfants au quotidien mais il faut comprendre que ces cas-là sont presque toujours chez les pauvres. Par amour pour mon enfant j’ai été contrainte de quitter où je travaillais pour m’occuper d’elle. Et maintenant je vends des fruits au quartier pour pouvoir lui donner le nécessaire », fait-elle savoir. Pour l’instant, Anne Marie continue de prier et de prendre soin de sa gamine auprès de sa famille malgré les difficultés y afférentes.

Divine KANANYET

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