D’après le Directeur général de cette formation Hospitalière, elle permettra la reprise du service de Radiothérapie et la prise en charge des malades cancéreux avec une plus grande célérité.
Les malades atteints de cancer n’auront plus à se plaindre de la prise en charge concernant leur traitement à l’hôpital général de Douala. Cette formation sanitaire de référence qui a essuyé plusieurs jours avant les plaintes et les mécontentements de ses patients s’est résolue à trouver une solution rapide en service de radiothérapie. Pour améliorer les performances de ce service, l’hôpital général de Douala a procédé à l’acquisition d’une nouvelle source de radioactive Cobalt 60.
« Après de longs mois d’attente, la source est enfin disponible et prête à servir aux patients cancéreux », s’est exprimé Dr Henri Luma, Directeur général de l’hôpital général de Douala, lors d’un point de presse organisé dans l’enceinte de cet établissement hier, jeudi 21 octobre 2021. A l’en croire, la nouvelle source radioactive Cobalt 60 est officiellement entrée en service lundi 19 octobre 2021. « Elle permettra à terme d’optimiser le temps de traitement des malades, ainsi on pourra donc prendre en charge 120 patients par jour au lieu de 30. Cette acquisition fait de l’Hôpital général le seul hôpital public de la sous-région à pouvoir prendre en charge des patients avec autant de célérité », relève avec assurance Dr Henri Luma.
Cette nouvelle acquisition réjouit les malades de cancer. « Avec l’arrivée de la nouvelle source, nous sommes émues surtout en ce qui concerne les autres patients qui viendront dans cette formation sanitaire pour le traitement. Nous sommes vraiment contents », affirme Bertine Guidioum, Présidente régionale de l’Association Tous contre le Cancer dans la région du Littoral. Ce qui a encore plus marqué les patients atteints de cancer c’est le prix du traitement actuellement fixé à 50 000Fcfa. « Le vrai coût de la radiothérapie est 240 000Fcfa, à cause d’autres subventions, notre hôpital l’a baissé à 140 000Fcfa, en 2019, le Ministère de la Santé publique nous a donné 80 millions pour soigner 400 malades en raison de 50 000Fcfa ; cette année, il a donné 40 millions pour 200 malades », explique Dr Henri Luma. Ainsi, l’Etat a attribué deux subventions à l’hôpital général de Douala, permettant ainsi de ramener le prix du traitement en radiothérapie de 180 000Fcfa à 50000Fcfa pour 600 malades ; soit environs 80% des frais de traitement supporté par l’Etat.
Notons que, le gouvernement Camerounais dans un souci de toujours veiller au bien-être des populations et de venir en aide aux personnes souffrant de Cancers a consenti un effort dans le cadre de la coopération technique avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, en concluant un partage de coûts pour le rééquipement et la restauration du service de radiothérapie ouvert depuis Février 1989. A l’issue de cette coopération naitra le projet CMR78 qui permettra l’acquisition de : une nouvelle source Radioactive Cobalt 60 ; un simulateur qui permet de déterminer la zone de traitement ; un pupitre de dosimètre prévisionnel, un fantôme eau, qui permet l’étalonnage du rayonnement) ; un appareil de Curiethérapie gynécologique à haut débit de dose au Cobalt 60.
Toujours dans l’effort destiné à faciliter l’accès à la radiothérapie aux malades Cancéreux, il a paru plus qu’urgent à l’Etat du Cameroun de procéder à l’élaboration d’un Plan stratégique national de prévention et de lutte contre le cancer 2020- 2024, avec pour mission la prise en charge holistique et optimale des cancers, dans la vision d’un Cameroun émergent à l’horizon 2035.
Ghislaine DEUDJUI
Interview
Dr Martin Essomba Biwolé, Oncologue, chef service radiothérapie à l’hôpital général de Douala
«Nous allons pouvoir traiter 120 malades par jour »
Quelle est la particularité de la nouvelle source radioactive ?
La particularité c’est de permettre que les malades puissent avoir un confort de traitement que nous avions perdu depuis plusieurs années. Parce que, la source radioactive que nous venons d’acquérir va produire un rayonnement qui donne une énergie qui permet d’avoir les traitements en termes de durée plutôt de coût et cela permettra aussi de réduire la liste d’attente. Avec la source usée que nous avons enlevée samedi dernier, les traitements mettaient tellement de temps. Maintenant, nous allons résorber cette liste d’attente et pouvoir traiter les malades dès qu’ils arrivent après avoir fini leur bilan thérapeutique. Ils ne vont plus attendre longtemps.
Qu’est ce qui était à l’origine de la fermeture de ce centre de radiothérapie ?
C’était une fermeture relative. La source usée que l’on a remplacée samedi dernier était très atténuée. Ce qui veut dire que son rayonnement pour délivrer l’énergie qui permet de soigner les malades prenait beaucoup plus de temps. Donc une séance de radiothérapie qui auraient du se faire en deux minutes prenaient 10 à 15 min en fonction du nombre de faisceau que l’on combinait sur un malade. Avec cette nouvelle source, le traitement se fera très rapidement parce que le temps de traitement est divisé par 4 par rapport à l’énergie de la source que l’on a enlevée. Donc nous allons pouvoir traiter 120 malades par jour, alors que l’on était contraint d’en prendre au plus 30 avec la source usée que nous avons retiré.
Comment avez-vous géré les malades durant la fermeture ?
Le Cancer se traite par la Chirurgie, la chimiothérapie, par la radiothérapie éventuellement par l’hormonothérapie pour les cancer hormonaux sensibles. Donc ce que nous avons fait pour les malades qui ne pouvaient pas bénéficier de la radiothérapie, ça été de les orienter soit en hormonothérapie, soit en chimiothérapie quand cela a été possible…
Avant cette fermeture le service enregistrait combien de malades ?
Avant que nous ne tombions dans la période d’extrême atténuation de la source de radioactive précédente, nous avions 1000 nouveaux malades en consultations par an et donc 700 en moyenne accédaient à la radiothérapie. Les 120 malades que nous pouvions traiter aujourd’hui, peuvent passer entre 8h et 16h. Or avec la source atténuée, mes collaborateurs travaillent certains jours jusqu’à 21H. Avec la nouvelle source, on n’a pas besoin de faire des heures supplémentaires et tous les malades n’arrivent pas en même temps. Ils viennent progressivement chacun à son tour et nous les programmons.
Quel est le temps de passage d’un malade ?
Il dépend de ce que l’on traite et du nombre de faisceau que l’on met dessus. Mais il peut durer actuellement entre 3 minutes 15 secondes à 0,95 min actuellement.
Propos recueillis par Ghislaine DEUDJUI