Un congrès conjoint a été organisé du 10 au 12 mars 2021 à Douala afin de cerner au mieux la problématique complexe que posent les urgences cardiovasculaires aux pratiquants de la médecine.
« Les urgences cardiovasculaires occupent une place de plus en plus importante. Leur prise en charge efficace nécessite des infrastructures appropriées, des ressources humaines qualifiées et la mise en place d’une organisation optimale du système de santé », indique Prof Samuel Kingue, Président du comité d’organisation du 12è congrès scientifique de la Société Camerounaise de cardiologie (SCC) et du 1er congrès de l’Association des sociétés de cardiologie d’Afrique de l’Ouest et du Centre (Ascaoc).
La SCC, dont il est président exécutif a réuni à Douala et en ligne du 10 au 12 mars 2021, plus de 500 médecins généralistes et spécialistes : cardiologues, chirurgiens-cardiaques, anesthésistes-réanimateurs, urgentistes d’Europe, d’Afrique Centrale et de l’Ouest sous le thème : « les urgences cardiovasculaires ». Pour les organisateurs, le choix de cette thématique est tout aussi important, puisqu’avant l’avènement de la pandémie à Coronavirus (Covid-19), les maladies cardiovasculaires étaient considérées comme la première cause de mortalité dans le monde.
« Il est d’ailleurs important d’en parler et de trouver ensemble des solutions, de sensibiliser et partager nos expériences », affirme Marie-Solange Ndom Ebongue, médecin, Conseiller médical médical à l’hôpital Laquintinie de Douala, par ailleurs membre du comité scientifique de ce congrès conjoint. Au programme de cette rencontre qui a duré trois jours : Assemblée générale de la SCC et réunion préparatoire de l’Assemblée générale de l’Ascaoc ainsi que des sessions sur les thèmes : « Diabète et risque cardiovasculaire : cas cliniques et mise au point » ; « HTA et risque cardiovasculaire : cas clinique et mise au point » ; « syndrome cardio rénal : faut-il vraiment s’occuper des reins ? » ; « le patient diabétique hypertendu au cœur de l’innovation » ; « actualités sur la prise en charge de la maladie Veineuse thromboembolique (MTVE) avec les anticoagulants oraux directs », etc.
Au total, 7 conférences magistrales, 13 symposiums et 16 thématiques spécialistes conduites par des experts d’Europe et d’Afrique ont été programmés pendant cette rencontre. Malgré le contexte marqué par la pandémie à Coronavirus, et dans le strict respect des mesures barrières, les cardiologues ont tenu à organiser cet événement dans l’optique de poursuivre les échanges sur le thème lié aux urgences cardiovasculaires à l’ère de la Covid-19. « C’est donc une autre problématique qui se présente à nous et il est important d’en parler et de trouver des solutions », affirme le président exécutif de la SCC.
Créée en 1991, la SCC est née de la volonté des cardiologues de se regrouper en une association visant à promouvoir la spécialité, tant auprès des professionnels que des malades. Ses objectifs sont de stimuler les travaux de recherche et de propager les résultats de travaux scientifiques, dans les différents domaines de la cardiologie (épidémiologie, physiologie, pathologie, prévention, thérapeutique). Ses activités sont exclusivement scientifiques et apolitiques. Un de ses grands moyens d’action est l’organisation, tous les deux ans d’un congrès scientifique pour discuter des problèmes et des besoins de la cardiologie au Cameroun.
Ghislaine DEUDJUI
Interview
Prof Samuel Kingue
« Le nombre de cas augmente et c’est lié aussi à la transition épidémiologique»
Le Président du Comité d’Organisation met l’accent sur l’importance de la sensibilisation sur les urgences cardiovasculaires à l’ère de la Covid-19.
Le Cameroun abrite le 12è congrès scientifique et le 1er congrès de l’Association des Sociétés de cardiologie d’Afrique de l’Ouest et du Centre dans un contexte un peu particulier. Quels sont vos attentes ?
Dans le strict respect des mesures éditées par le gouvernement, pour lutter contre la propagation de la pandémie à coronavirus, les mesures ont été respectées. Les médecins du Cameroun et un certain nombre de confrères de pays étrangers, se sont retrouvés ici pour réfléchir sur les problématiques à la fois de la Covid-19 qui impactent nos populations et qui a une relation avec les maladies cadio-vasculaires. Nous réfléchissons également sur les urgences cardiovasculaires sachant que nous devons nous adapter avec cette pandémie de la Covid-19, dans la manière dont nous prenons en charge les malades qui viennent en urgence dans nos hôpitaux. Il est vrai que nous, cardiologues, réfléchissons surtout sur les urgences cardio-vasculaires, mais nous avons invité aussi les spécialistes d’autres disciplines. Nos attentes consistent à informer les médecins soignants. Cette rencontre se déroule en présentiel et en ligne. Certains médecins ne pouvaient pas venir sur le site pour ne pas briser la règle des mesures barrières, alors ils nous suivent à distance.
Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’organisation de ce congrès après l’annulation de cet événement l’année dernière à cause de la Covid-19 ?
La Société camerounaise de cardiologie a été la première à être frappée d’interdiction l’année dernière avec l’arrivée de la première vague de la Covid-19. Alors que pour cette rencontre, nous avons mobilisé plus de 700 médecins, qui devait faire le déplacement d’Europe, d’Afrique et de nombreuses villes du Cameroun. Malheureusement, l’avènement de cette pandémie a annulé notre congrès, ce qui nous a causé un énorme préjudice ; parce que nous avons engagé des dépenses financières très importantes. Malgré cela, nous avons persévéré sur le plan de l’information médicale et de concert avec les autorités, nous avons décidé de reconduire cette activité cette année. Mais, d’une manière particulièrement organisée en mettant l’accent sur le côté virtuel. Dans le respect des mesures barrières, nous avons pu relever ce défi avec beaucoup de difficultés. Nous avons réduit énormément le flux des participants, cela entraine aussi des conséquences parce que nous avons investi… et bon nombres de participants n’ont pas pu nous rejoindre à cause de la Covid-19.
Malgré le contexte, Pourquoi maintenir le congrès conjoint ?
Les Présidents de ces sociétés sont représentés ici. C’est une rencontre qui est planifiée pour être rotative entre les pays. Le Cameroun abrite ladite rencontre en 2021, l’année prochaine ce sera peut-être en Côte d’Ivoire, ou au Sénégal, ou au Mali ou ailleurs et donc c’est une rencontre rotative. Nous sommes aussi membre de l’Association de cardiologie que l’on appelle Pan African Society of cardiology (Pascar).
En ce qui concerne les urgences cardio-vasculaires, quelle est la situation au niveau du Cameroun ?
C’est une situation très importante, nous parlons beaucoup de Covid-19, mais il faut savoir que les maladies cardio-vasculaires sont en grande émergence. L’hypertension touche pratiquement 1 adulte sur 3 et c’est cela qui provoque les AVC les insuffisances cardiaques et rénales. Par ailleurs, il y a d’autres maladies qui accompagnent cela comme le diabète qui augmentent aussi en prévalence et contribuent à la survenue des complications. Les Camerounais sont de plus en plus obèses, certains fument ne surveillent pas leur alimentation et consomment de l’alcool parfois à des doses assez élevées. Tout cela fait que le nombre de cas augmente et c’est lié aussi à la transition épidémiologique donc vous avez entendu parler… les gens vivent un peu plus longtemps ce qui laissent la possibilité aux maladies cardiovasculaires de pouvoir s’installer et donc, il importe d’informer les médecins sur la prise en charge de ces maladies et même d’informer la population, mais de manière à réduire les complications.
Propos recueillis par Ghislaine DEUDJUI