Vaccination, chirurgie et paludisme : Les enjeux de la santé au Tchad
Le système de santé tchadien est au cœur des préoccupations du gouvernement. Les autorités ont présenté un bilan détaillé des actions menées et ont annoncé de nouvelles mesures pour améliorer l’accès aux soins.
Ministre Tchadien de la santé publique
Le Ministre de la santé Publique, Dr ABDELMADJID ABDERAHIM a présidé ce samedi 03 août 2024 dans la salle multimédia de son département ministériel le bilan et les perspectives de la santé publique.
Étaient présents à cette cérémonie, le Conseiller du Président de la République à la santé, Sa Majesté le Sultan de Ndjamena, les Délégués Régionaux, les partenaires techniques et financiers et plusieurs organes de presses.
Dans son discours, le MINSANTE a rappelé l’importance que le gouvernement de la République accorde au système de la santé d’une part, et d’autre part, les hautes attentes des populations en tant qu’acteurs clés du système de la santé au Tchad.
En outre, il a opportunément fait savoir que la haute hiérarchie compte sur les acteurs de la santé publique, leurs expériences, leurs compétences et leur pugnacité pour améliorer le système sanitaire du pays.
Le premier présenté par Dr MBAILAMEN DEMIAN Antoinette, Directrice de la vaccination consistait à présenter les résultats de l’enquête de couverture vaccinale : le calendrier vaccinal au Tchad est passé de 5 vaccins en 1984 à 8 en 2017 et 3 en cours d’introduction. L’objectif est d’atteindre une couverture de 90% au niveau national et vacciner complètement, ou au mois 9/10 enfants au Tchad.
Le second exposé a été présenté par Dr MAHAMAT NOUR A. DJIBRINE, DG du CHU mère et enfant de Ndjamena :Cet exposé a porté sur les fentes labiales et labiopalatines qui est la malformation congénitale (aspect déformé du visage).
Il faut dire que cette maladie constitue un problème pour la société car elle peut soit empêcher certaines filles de se marier, soit des enfants victimes de cette maladie abandonnent précipitamment l’école parce qu’ils sont stigmatisés ou même certaines femmes sont tout simplement renvoyées de leur foyer…
Il faut noter que cette maladie est couverte au Tchad à 92% et le gouvernement offre une prise en charge gratuite et complète à tous les patients souffrant de la maladie. Tous les enfants nés avec cette fente doivent bénéficier de la chirurgie dans les 24 premiers mois de vie.
Depuis 2021, des caravanes sont sur le terrain et plusieurs provinces bénéficient de la couverture et les chirurgies de routines sont gratuitement faites au CHU de la mère et enfant, mais aussi des formations des orthophonistes à lames et orthodontistes sont en cours.
Le troisième exposé présenté par Monsieur DAPSOU GUIDAOUSSOU, Directeur de la santé publique au Tchad qui a présenté les performances S1 2024*:
Cette performance s’articule autour de quatre principaux points à savoir : le contexte de la revue semestrielle S1 2024; les performances des Délégations Provinciales; les principaux défis du système et les actions prioritaires des prochains mois.
Quatre objectifs sont visés à savoir : l’analyse de la situation sanitaire du pays (morbidité et mortalité); fournir le programme politique du Président de la République ; identifier les priorités nationales en tenant compte des engagements et mettre en exergue les problèmes prioritaires du secteur de la santé.
Globalement les performances sont appréciées selon les résultats au niveau des différentes provinces et se présentent comme suit : TBM : 12,5/1000; TMN: 33/1000; TMI: 78/1000 et TMIJ: 122/1000.
Le Tchad est championne de vaccination et a reçu le Certificat Honorifique avec un gain de 7pts… et a reçu les félicitations de ALMA pour les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme.
Le Tchad a reçu également les félicitations du BID pour 7458 cas de chirurgies de la cataracte pour un total de 65262 consultations.
Aussi, le pays a reçu du DG de l’OMS lors de la 77è AMS pour l’élimination de la THA au Tchad avec moins de 1/10000ha (2018: 12 cas; 2013: 07 cas) soit 41,67% de baisse en 5 ans.
Selon les données, on retient de manière globale que le niveau de moralité et de mortalité maternelle restent élevés au Tchad avec moins la non notification des décès maternels et le niveau élevé des décès dûs au paludisme.
On constate une faible capacité de planification de suivi évaluation, de coordination, une faible décentralisation des interventions, une irrégularité des supervisions, une insuffisance de leadership à tous les niveaux, une faible culture des résultats et de recevabilité, une faible mise en œuvre de PAO, une faible implication du secteur privé à but lucratif et une insuffisance de la communauté et des OSC dans la gestion de la santé.
La vitalité du MSP, indisponibilité des agents ( en moyenne une trentaine de staff est absent des bureaux par jour), une problématique des rapports des missions…
À ce niveau on note le faible développement des soins de santé primaire, le faible déploiement de la santé communautaire, la faible quantité des soins, le non achèvement des travaux de construction des FOSA, la non existence des DS sans hôpitaux et de ZR sans CS, l’insuffisance des plateaux techniques des FOSA et le dysfonctionnement du système de référence et contre référence.
Les principaux défis liés aux produits médicaux, vaccins et technologie* :
Ici il faut noter une faible disponibilité des MEG des FOSA, la vente illicite des médicaments et la circulation des médicaments contrefaits, la faible couverture du pays en structures de santé, de la dispensation des produits sanguins sécurisés, l’absence de la production locale des médicaments et la faible fonctionnalité du LNCQM.
La sensibilité des ressources humaines est de 0,6/1000ha. On note 1452 recrutement en 2022 dont le besoin réel est loin d’être pris en compte, la répartition inadéquate des RH, quota limité et inadéquation entre les besoins et la production des RHS.
Il y a insuffisance quantitative et qualitative des infrastructures sanitaires, problématique de la disponibilité de l’énergie électrique dans les FOSA, arrêts de plusieurs chantiers de construction, le faible suivi des équipements médico techniques, la faible maintenance des équipements, la faible disponibilité des équipements médico techniques dans les FOSA et la vétusté avancée des équipements dans les FOSA.
Insuffisance des ressources financières allouées au secteur de la santé publique ( le gab est de 17,9% en 2024), retard dans les versements de la contre partie…
Les principales actions prioritaires à déployer pendant les 5 prochains mois de l’année 2024:Poursuivre le renforcement du système de santé au Tchad, renforcer les capacités nationales, intensifier les actions de lutte contre le paludisme, renforcer la prévention des risques et poursuivre le déploiement des CSU.
Compte tenu des aléas climatiques déjà en cours, plusieurs risques sont à craindre par le secteur de la santé à savoir : la faible utilisation des services de santé dans les zones inondées, élévations des charges pour les professions des certains FOSA, résurgences de certaines maladies (IRA, tétanos, morcure des serpents), cas des noyades Etc…
Des dispositions sont d’ores et déjà prises par le MSP et ces actions consistent à réactiver les EIR, la mise en place des équipes de gestion des urgences et des catastrophes, le pré positionnement des MILDA, kits de prise en charge choléra, IRA…, réunion hebdomadaire de suivi autour du SG, réunion du gouvernement ou des préfets.
Nyngaina Félix