VIH/Sida : La transmission mère-enfant, un défi persistant au Nord
Malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics et les organes techniques nationaux, la transmission du VIH de la mère à l’enfant demeure un problème majeur de santé publique dans la région du Nord. Si la sensibilisation autour du dépistage et de la prise en charge du VIH progresse, les chiffres alarmants de la transmission mère-enfant révèlent une lutte inachevée et des défis considérables à relever.
Les résultats rendus publics à l’occasion de la célébration du mois camerounais de la lutte contre le sida peignent un tableau préoccupant. Alors que l’objectif des 3/95 satisfait certaines attentes soit 98% de personnes vivant avec le VIH dépistées, 93% de celles-ci sous traitement antirétroviral, la réalité de la TME reste bien loin du but. Cette situation inquiétante, laisse ainsi un large boulevard à la contamination des nouveau-nés. Le nombre d’enfants infectés par le VIH continue de croître, malgré la disponibilité des traitements préventifs. Cette situation souligne un manque d’efficacité flagrant dans la prévention de la TME au Nord-Cameroun.
Les freins à une prévention efficace
Plusieurs facteurs contribuent à cette situation critique. De nombreuses femmes enceintes, particulièrement celles des zones rurales, n’ont pas accès à des soins prénataux de qualité, ce qui limite le dépistage précoce du VIH. Les distances importantes à parcourir jusqu’aux centres de santé, le manque de moyens financiers et la méconnaissance des services offerts constituent des obstacles majeurs. Le fait trouble résulte aussi du fait que même lorsqu’elles sont dépistées positives, certaines femmes ne suivent pas correctement leur traitement antirétroviral (ARV) pendant la grossesse et l’allaitement, compromettant l’efficacité de la prévention de la transmission. Ceci peut être dû à des effets secondaires, à la difficulté d’accès aux médicaments, ou à un manque d’information et de soutien adéquat. Les pratiques culturelles et les croyances en sont aussi pour beaucoup. En effet, Certaines pratiques culturelles traditionnelles, comme l’allaitement prolongé, peuvent favoriser la transmission du VIH. Les croyances et les stigmates liés au VIH freinent également la demande de dépistage et l’adhésion aux traitements. La peur de la discrimination et la stigmatisation sociale empêchent de nombreuses femmes de se faire dépister et de se faire suivre médicalement. Les centres de santé par exemple, surtout en zone rurale, manquent souvent de personnel qualifié pour dispenser des soins prénataux et périnataux adaptés et de matériel nécessaire à la prévention de la TME, notamment des kits de dépistage ou encore des médicaments ARV.
Des solutions pour inverser la tendance
Pour inverser cette tendance alarmante, il est crucial de renforcer la mise en œuvre des stratégies globales et multisectorielles. Le développement des stratégies de proximité, à l’exemple des consultations mobiles, pour atteindre les femmes enceintes en zones rurales. Tenir compte aussi du renforcement des moyens des centres de santé et assurer une disponibilité suffisante de kits de dépistage et de médicaments ARV. Le lancement des campagnes d’information et de sensibilisation auprès des populations sur l’importance du dépistage prénatal, de la prise en charge du VIH pendant la grossesse et de l’allaitement maternel au sein des populations affectées. La promouvoir des initiatives pour lutter contre la stigmatisation liée au VIH et encourager la participation active des communautés dans la prévention. La formation du personnel de santé sur la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement chez les femmes séropositives doit être inscrit dans le programme des formations sanitaires. Le meilleur traitement passe aussi par le soutien psychosocial aux femmes infectées par le VIH. La lutte contre la transmission mère-enfant du VIH dans la région du Nord nécessite un engagement fort et une mobilisation collective de tous les acteurs ; notamment les pouvoirs publics, organisations internationales nationales, la société civile et les communautés. Il est temps de redoubler des efforts pour protéger les générations futures de cette maladie mortelle.
Marcus DARE
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