L’épidémie de VIH ne recule pas chez les jeunes. Les filles sont particulièrement exposées, avec un risque d’infection trois fois supérieur à celui des garçons. Les enfants, notamment ceux de moins de 10 ans, sont également touchés, principalement par la transmission mère-enfant.
Selon les estimations Spectrum 2020, le groupe des 15-24 ans représentait plus de 30 % des nouvelles infections en 2019 et les 0-9 ans environ 20 %.
Selon le Plan stratégique national de lutte contre le VIH/Sida et les IST 2021-2023 du Cameroun, la prévalence globale du VIH au sein de la population adulte de 15-49 ans se situe entre 2,7 %. Elle présente une tendance à la baisse depuis 2004. L’EDS 2018, montre que 6 régions sur les 10 ont une prévalence au-dessus de la moyenne nationale (2,7 %), à savoir : le Sud 5,8 %, l’Est 5,6 %, l’Adamaoua 4,7 %, le Nord-Ouest 4 %, le Sud-Ouest 3,2 % et le Centre 3,5 %. La baisse significative de la prévalence du VIH au niveau national n’est pas observée dans toutes les régions comparativement aux précédentes études. En effet, on observe une quasi-stabilité de la prévalence dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et du Sud, alors que la région du Centre (à l’exception de Yaoundé) est le siège d’une décroissance relativement faible.
Selon l’EDS 2018, les disparités entre les tranches d’âge et le sexe demeurent très marquées. Si chez les 15-19 ans la prévalence est quasiment la même chez les hommes que chez les femmes, l’écart se creuse à partir de la tranche 20-24 ans. De manière globale, une prévalence plus élevée chez les femmes que chez les hommes (3,4 % versus 1,9 % chez les 15-49 ans) s’observe dans toutes les tranches d’âge après 19 ans. Partant de 0,8 % parmi les jeunes filles de 15-19 ans, la prévalence du VIH augmente chez les femmes pour atteindre un maximum de 6,5 % dans la tranche d’âge 35-39 ans. Elle retombe ensuite à 4,9 % à 45-49 ans pour se stabiliser à 4,8 % dans la tranche d’âge des 50-64 ans.
Chez les hommes, la prévalence augmente plus lentement, de 0,7 % parmi les 15-19 ans pour atteindre 3,6 % chez les 35-39 ans, avant de retomber à 1,8 % à 45-49 ans et de se stabiliser à 1,9 % à 50-64 ans. La même enquête a montré que les tranches d’âge 35-39 ans et 40-44 ans sont les plus touchées dans les deux sexes.
L’analyse de l’évolution des taux de prévalence mesurés dans les EDS depuis 2004 par tranches d’âge fait apparaitre un glissement progressif de l’acquisition de l’infection vers des tranches d’âge plus élevées entre les EDS de 2004, 2011 et 2018. Le différentiel femme/homme particulièrement accentué dans la tranche d’âge 20-24 ans en 2004 et 2011 est relativement moindre en 2018, mais s’observe de façon plus accentuée entre 35-39 ans et 50-54 ans.
Selon les estimations Spectrum 2020, le nombre de personnes vivant avec le VIH au Cameroun est de 506 432 personnes en 2019, dont 33 289 (6,5 %) enfants de moins de 15 ans pour un sexe-ratio de 1/1 et 308 079 femmes parmi 474 951 PVVIH âgés de 15 à 49 ans (65 %). Les estimations Spectrum 2020 montrent une baisse des nouvelles infections dans l’ensemble de la population de 48 % depuis 2010 (de 33 183 en 2010 à 17 113 en 2019). En 2019, les enfants de moins de 15 ans représentaient 19,3 % (3 308) des nouvelles infections et les femmes comptaient pour 2/3 des nouvelles infections chez les 15-49 ans (9 043/13 806).
Si le sexe ratio est de 1 :1 dans la tranche d’âge des 0-15 ans, les nouvelles infections chez les filles sont 3 fois supérieures à celles chez les garçons dans la tranche des 15-24 ans. Chez les adolescents de 10-19 ans, les jeunes filles enregistrent environ six fois plus de nouvelles infections que les jeunes garçons, un différentiel observé depuis 2004. Le groupe des 15-24 ans représentait plus de 30 % des nouvelles infections en 2019 et les 0-9 ans environ 20 %, ces derniers essentiellement issus de la transmission mère-enfant du VIH. L’apparition d’un différentiel très important entre garçons et filles dans la tranche des 10-19 ans (sexe-ratio de 1 :6) ne peut s’expliquer que par l’acquisition précoce et disproportionnée de l’infection par transmission sexuelle parmi les jeunes filles entre 15 et 19 ans. Dans la population générale [15-49 ans], le sexe-ratio demeure nettement déséquilibré en défaveur des femmes, à 1 :1,8 environ. Les nouvelles infections par région et par District de santé (DS) ne sont pas homogènes. En effet, le Nord-Ouest, Douala et Yaoundé sont les zones géographiques ayant enregistré le plus de nouvelles infections chez les femmes (830-1310), suivies des régions du Sud-Ouest, du Centre et de l’Extrême-Nord (730-830).
Elvis Serge NSAA
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