Violence urbaine : Un fléau qui gangrène la société

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La violence urbaine est devenue un problème croissant au Cameroun, avec des conséquences graves sur la société. Les altercations, les agressions, les violences physiques et verbales, ainsi que la cyberviolence, sont autant de manifestations de ce phénomène qui menace la paix sociale et la cohésion nationale. Les experts estiment que la discrimination, la stigmatisation et la marginalisation des groupes vulnérables sont des facteurs qui contribuent à l’enracinement de la violence et des discours de haine. Il est urgent de prendre des mesures pour lutter contre ces phénomènes et promouvoir la tolérance, la compréhension et la cohésion sociale.

La violence urbaine est un fléau qui gangrène les grandes villes du Cameroun.  Dans les transports en commun, les altercations entre chauffeurs et passagers sont fréquentes, allant des insultes aux rixes. « Un jour, un passager a même craché sur moi parce que je n’avais pas la monnaie exacte », témoigne un chauffeur de taxi à Yaoundé, Obobogo.  Dans les rues, les agressions verbales et physiques sont courantes. « Je me suis fait voler mon sac à main et frapper au visage alors que je rentrais chez moi après le travail le 13 janvier 2025 à Biyem-Assi », s’offusque une commerçante avec une mine d’enterrement. Dans les établissements scolaires, la violence entre élèves est un problème croissant. « Les bagarres sont fréquentes, certains se font racketter ou intimider », témoigne Audray, élève en classe de Terminale au lycée de Mendong, à Yaoundé 6. Sur les réseaux sociaux, la cyberviolence se développe, avec des insultes à caractère tribal, la publication de photos intimes sans consentement, le chantage et les menaces de rançon. Le phénomène des “microbes” à Douala, ces jeunes délinquants qui sévissent dans les quartiers, ainsi que les coupeurs de route sur les axes nationaux, ajoutent à ce climat d’insécurité.

Cette violence urbaine a des conséquences graves sur la société camerounaise. Elle engendre un sentiment d’insécurité généralisé, des traumatismes pour les victimes et un climat de peur qui nuit au vivre-ensemble. Au Cameroun, les discours de haine et les violences gagnent en intensité et se présentent sous plusieurs formes. Selon le professeur Armand Leka Essomba, chef de département de sociologie à l’Université de Yaoundé I, « la violence présente un caractère durablement enraciné » dans la société camerounaise. Les crises sociopolitiques, telles que la guerre contre Boko Haram dans la région septentrionale du pays, la crise dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les discours haineux sur les réseaux sociaux numériques, les clivages et affrontements ethno-communautaires en milieux urbains, les violences basées sur le genre et celles faites aux populations marginalisées et vulnérables, sont autant de preuves de cette réalité.  La violence urbaine a atteint un niveau alarmant au Cameroun, avec des scènes de chaos et de barbarie qui se déroulent quotidiennement dans les rues, les transports en commun et même les établissements scolaires.

L’assassinat d’un journaliste camerounais en janvier 2023, dont le corps a été découvert mutilé, a relancé le débat sur les formes extrêmes de violence dont le corps social camerounais fait l’expérience depuis plus d’une décennie. « Ces faits saillants qui traversent l’ensemble du pays, portent à croire que l’anomie est devenue une forme obsédante de la ‘normalité’ camerounaise », a déclaré le professeur Leka Essomba lors de sa leçon inaugurale en mai 2023. La violence se positionne progressivement comme un constituant de l’identité de la société camerounaise, selon le professeur Leka Essomba. « À partir de ce qui se donne à observer au quotidien, la violence se positionne progressivement comme un constituant de l’identité de la société camerounaise », a-t-il souligné. Il est donc urgent de prendre des mesures pour lutter contre cette violence et promouvoir une culture de paix et de tolérance dans la société camerounaise. Les autorités et la population doivent travailler ensemble pour mettre fin à ces violences et construire un avenir plus pacifique et plus harmonieux pour tous les Camerounais.

Les réseaux sociaux ont également joué un rôle important dans la propagation de la violence urbaine. Les insultes et les menaces de mort sont monnaie courante sur les plateformes de réseautage social, et les vidéos de bagarres et de meurtres sont souvent partagées et commentées par des milliers de personnes. « Les réseaux sociaux ont créé un espace virtuel où les gens peuvent s’exprimer sans contrôle ni responsabilité », déclaré.   « Cela a conduit à une culture de la haine et de la violence, où les gens se sentent libres de dire et de faire n’importe quoi sans crainte de conséquences ». Les autorités ont promis de prendre des mesures pour lutter contre la violence urbaine, mais les résultats sont encore attendus. Les Camerounais sont de plus en plus inquiets pour leur sécurité et leur avenir.

Le colloque qui s’est tenu en mai 2023 sur le thème du discours de haine a mis en lumière la gravité de ce phénomène qui menace la paix sociale au Cameroun. Selon les experts, le discours de haine est une réalité vieille comme le monde, ancrée dans les cultures et construite sur une tension mimétique autour de la gouvernance des ressources foncières et la gestion des ressources politiques et économiques. « Le discours de haine trouve son ancrage ontologique et épistémologique dans les différentes cultures », a déclaré Silvère Antoine Olongo, sociologue.  « Il se construit sur une tension mimétique reposant sur la gouvernance des ressources foncières et la gestion des ressources politiques et économiques. C’est une menace pour la paix sociale et la cohésion nationale ».

Les experts ont également souligné que la discrimination, la stigmatisation, la marginalisation des groupes/communautés sociaux vulnérables, la diffusion de l’idéologie dominante du système monde et le sentiment d’exclusion sont au fondement de l’enracinement de la violence et des discours de haine. « La discrimination, la stigmatisation et la marginalisation des groupes vulnérables sont des facteurs qui contribuent à l’enracinement de la violence et des discours de haine », a ajouté Olongo. « Il est urgent de prendre des mesures pour lutter contre ces phénomènes et promouvoir la tolérance, la compréhension et la cohésion sociale ». Les conséquences d’une telle situation pourraient être désastreuses. « Si rien n’est fait, les violences de toutes formes et les discours de haine pourraient dans un avenir proche plonger le Cameroun dans une situation sociopolitique et économique indésirable », a averti Olongo. La loi sur le discours haineux votée le 24 décembre 2019, est une modification de la loi n° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant code pénal des discours haineux. La loi n° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant code pénal a été modifiée et complétée pour lutter contre l’outrage aux races ou aux religions. Cette loi vise à protéger les minorités et à prévenir la haine et la violence envers les personnes en raison de leur origine, de leur religion ou de leur appartenance ethnique.

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Selon l’article 241 de la loi, “Est puni d’un emprisonnement de six (06) mois et d’une amende de cinq mille (5 000) à cinq cent mille (500 000) francs, celui qui commet un outrage, tel que défini à l’article 152 du présent Code, à l’encontre d’une race ou d’une religion à laquelle appartiennent un ou plusieurs citoyens ou résidents. Les peines prévues par la loi sont sévères, avec un emprisonnement de six mois et une amende de 5 000 à 500 000 francs. Si l’infraction est commise par voie de presse, de radio, de télévision, de médias sociaux ou de tout autre moyen susceptible d’atteindre le public, le maximum de l’amende est porté à 20 millions de francs. Les circonstances atténuantes peuvent être prises en compte, mais les peines ne peuvent pas être inférieures à trois mois d’emprisonnement et 200 000 francs d’amende. Les responsables de formation politique, de média, d’organisation non gouvernementale ou d’institution religieuse qui commettent des discours haineux ou des incitations à la violence contre des personnes en raison de leur origine tribale ou ethnique seront punis de peines doublées et ne pourront pas bénéficier de circonstances atténuantes.

La loi contre l’outrage aux races ou aux religions est un pas en avant pour la protection des minorités et la prévention de la haine et de la violence. Il est important que les citoyens et les responsables soient conscients de leurs responsabilités et respectent les droits des autres, quelles que soient leur origine, leur religion ou leurs appartenances ethniques.

Elvis Serge NSAA

 

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