Perte de l’érection Des pleurs et des solutions
Grands moments d’angoisse chez les partenaires. Des hommes victimes, sont noyés dans une angoisse presque suicidaire, tandis que les partenaires femmes vivent leur insatisfaction dans une colère muette. L’ambiance sous les draps est fortement tendue. Pourtant les solutions existent.
J.P. la quarantaine bien sonnée a encore les traces des larmes sur le visage. La nuit n’aura pas été bonne pour ce conducteur d’engins lourds, qui est rentré du voyage après deux semaines passées loin de sa femme. Une fine pluie tombe cette nuit de retour, après un petit moment de sommeil ; question de prendre un peu d’énergie pour jouir des fruits du mariage. Voilà que les difficultés commencent : « j’ai une folle envie de faire l’amour avec mon épouse, après une petite seconde d’érection, mon pénis est tombé, j’ai tout essayé. J’ai bu presqu’un litre d’eau, j’ai pris le bita kola que j’avais ramené du voyage, rien. Ma femme est entrée dans la danse, elle a aussi tout essayé, rien. Je me suis dit que cela était peut-être lié à la fatigue. Le lendemain, la même scène s’est reproduite et des jours d’après. J’ai commencé à parcourir et les hôpitaux, et tradipraticiens à la recherche de la forme, pour avoir la possibilité d’aller avec ma femme sans difficultés. Une très longue démarche d’ailleurs au bout de laquelle j’ai retrouvé une petite forme. Mais l’angoisse allait me tuer. Je marchais en parlant seul en chemin », explique-t-il.
Marcelin, plus jeune que J.P, a vécu la même situation. Son cas reste entier. Du moins, son érection est momentanée et de très courte durée. Sa compagne n’a pas supporté cela et a quitté la maison : «je ne pouvais plus la retenir. Elle a même voulu vivre le mal plus que moi-même, ne pouvant donc plus la calmer, on s’est séparé pour éviter les tensions, devenues notre quotidien, les nuits tombées..», révèle-t-il.
Les médecins appellent cela, la dysfonction érectile. Ils sont donc nombreux, ces hommes qui ont vécu ou qui vivent ces situations. D’autres dans le désespoir, vont se livrer à l’alcool. Du moins, les comportements changent carrément, et les couples se brisent. C’est dire combien le sexe tient dans nos vies.
Alphonse Jènè
Comprendre le phénomène avec
Il est chirurgien urologue et andrologue. C’est un spécialiste de l’érection qui mène des recherches sur la question. Nous l’avons rencontré pour mieux comprendre le fonctionnement du pénis en érection.
Ce que veut dire la dysfonction érectile
Beaucoup de personnes connaissent l’expression comme étant l’impuissance, la difficulté d’avoir des rapports sexuels. En fait, pour un homme, il s’agit d’une difficulté d’avoir une érection pour pouvoir avoir un rapport sexuel qui soit satisfaisant. C’est en réalité cela, la dysfonction érectile ou l’impuissance.
La différence entre dysfonction érectile impuissance..
Alors, il n’y a pas de réelle différence. En fait, c’est le même nom qui caractérise le même symptôme que beaucoup de gens appellent dysfonction érectile, lorsqu’ils ont un savoir médical avancé ou on appelle impuissance lorsqu’on veut définir le problème qu’on présente.
Les facteurs de risque
En fait, les facteurs de risque sont nombreux. Mais en majorité, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les facteurs psychogènes d’origine psychologique sont en majorité les causes de cette dysfonction érectile. Et puis, on a d’autres types de facteurs qui sont liés à la maladie, ceux qui souffrent d’hypertension, de diabète par exemple ou d’autres types de maladies peuvent avoir un problème de dysfonction érectile ou d’impuissance à un moment donné de leur vie. Et puis, on a ceux qui ont eu des maladies qui ont occasionné ou qui sont à la cause d’une opération chirurgicale. Par exemple, les hommes qui souffrent de problèmes de prostate peuvent présenter des problèmes d’impuissance sexuelle ou alors d’autres causes qui sont d’autant plus rares que nous n’allons pas détailler ici parce que ça ne concerne pas une grande partie de la population. Je voudrais surtout insister sur la problématique de la difficulté d’avoir des érections pour les hommes qui approchent la cinquantaine qu’on appelle la déficience acquise liée à l’âge, à une baisse de la testostérone chez l’homme qui est un grand facteur qui peut occuper beaucoup d’hommes autour de 45-55 ans. On le voit également depuis quelques années chez les jeunes, chez les adolescents qui n’arrivent plus à se mettre debout comme on le dit en temps normal. On peut avoir des jeunes qui constatent à l’adolescence qu’ils ont une possibilité de constater qu’il y a des problèmes d’érection.
En fait, c’est beaucoup plus lié au contexte d’éducation de l’enfant dans un premier temps. Et puis, lorsqu’on constate effectivement, mais plus à l’adolescence, plutôt vers l’âge de 17-18 ans, lorsqu’on doit éventuellement commencer à avoir les premiers contacts avec une partenaire, se rendre compte qu’il y a un problème. A cet âge-là, il ne s’agit pas d’impuissance sexuelle. Souvent, on confond à ces jeunes âgés de 17-18 ans le problème de l’éjaculation prématurée ou précoce au problème de la dysfonction érectile ou de l’impuissance sexuelle. Souvent, c’est des jeunes qui ont effectivement des bonnes érections, mais qui constatent que très rapidement, il y a une éjaculation qui arrive trop vite. Alors, ils confondent la problématique de l’impuissance sexuelle à la problématique de l’éjaculation prématurée, qu’il faut bien distinguer et qu’on retrouve trop souvent dans ces âges-là.
Et puis, il faut dire que c’est les âges où on commence à avoir des activités avec des amis, on va aux manifestations, etc., où on commence à consommer aussi des boissons alcoolisées et qui rendent dans un état parfois particulier les jeunes, qui font que lorsqu’ils ont envie d’avoir un premier rapport sexuel, ça ne se passe pas très bien. À ce moment-là, ils ont l’impression qu’ils ont un problème d’impuissance sexuelle. Mais très souvent, lorsqu’ils consultent auprès d’un médecin, on peut les rassurer et les accompagner dans cette démarche.
Un lien avec le stress…
Ça fait partie de tout le grand groupe des troubles dits psychologiques. Et ce n’est pas que le stress. Ça peut être l’anxiété, ça peut être un problème professionnel avec son collègue de travail, ça peut être un problème avec son voisin, ça peut être une dispute même avec son épouse qui fait qu’on a un certain nombre de réactions ou de non-réactions liées au fait qu’on n’a plus envie. On n’a pas envie. Ça peut être aussi lié au contexte de maladie, parce qu’on a un stress, parce qu’on vous annonce éventuellement un cancer, parce que vous avez une fille qui doit passer un examen difficile que vous accompagnez et qui vous met dans un état tel que vous n’avez pas envie et que vous soyez focalisé vers les problèmes autres qui sont les problèmes de la vie quotidienne qui vous occupent par rapport à la problématique sexuelle.
Nos habitudes alimentaires
Ce n’est pas l’occidentalisation du rythme alimentaire, c’est beaucoup plus la malbouffe. C’est-à-dire qu’on ne mange pas bien et que dans les aliments aujourd’hui, forcément avec cette facilité dans l’alimentation, on retrouve beaucoup de choses qui sont défavorables. Les graisses, tout ce qui est dans les aliments salés, tout ce qui n’est pas bien à consommer en général. Lorsque vous consommez des tonnes et des tonnes de beurre, ce n’est pas bon. Lorsque vous êtes à risque éventuellement de développer un diabète, ce n’est pas bon. Donc je ne dirais pas que c’est l’occidentalisation, je dirais plutôt que c’est une mauvaise alimentation qui peut être un des facteurs de risque. Parce que cela peut occasionner des maladies qu’on connaît, l’hypertension, le diabète ou plein d’autres maladies qui sont des facteurs qui entraînent en réalité cette difficulté. Et il ne faut pas oublier la problématique de la consommation d’alcool. On consomme beaucoup de bière, beaucoup de whisky ou beaucoup d’autres types de vins ou de spiritueux qui font que forcément, les personnes sont dans un rythme alimentaire qui n’est pas très approprié et développent des maladies qui vont avoir une conséquence directe sur leur capacité d’avoir une bonne érection.
L’alcool et autres, un impact sur la vie sexuelle de l’homme
En fait, cela n’aura pas d’impact sur la qualité érectile de l’homme, cela aura un impact sur la libido. Lorsque vous êtes stimulé par des stimulants exogènes comme ceux-là, consommation d’alcool ou consommation d’autres substances qui sont prohibées ou illicites, vous avez une force qui est décuplée, mais qui est une force psychologique décuplée. Si vous aviez déjà des difficultés d’avoir une érection, il ne faut pas penser que la consommation de l’alcool va vous aider. Au contraire, elle va vous handicaper, puisque vous serez stimulé pendant un certain temps, mais l’effet de l’alcool aidant, vous n’aurez plus de capacité. Par contre, vous aurez une envie qui sera forte. Donc la consommation d’alcool ou d’autres types de stupéfiants n’est pas très conseillée pour encourager une bonne capacité érectile. C’est plutôt à déconseiller.
Besoin d’aller avec sa partenaire, mais pas de possibilité d’être en érection…
Ça arrive… ?. C’est ce qu’on appelle une difficulté de tumescence. C’est-à-dire qu’en fait, vous n’arrivez pas à avoir un gonflement de la verge, qui est l’étape préliminaire avant que vous obteniez une rigidité de la verge, pour pouvoir enfin avoir un rapport sexuel, ça compte, bien évidemment. Mais ça arrive. C’est ce qu’on appelle, la panne sexuelle. Beaucoup d’hommes qui nous lisent se rendent bien compte que ça leur est arrivé à un moment donné. Mais cette panne sexuelle, peut arriver au moment de la post-adolescence, parce qu’on commence à découvrir un certain nombre de choses. Cela arrive aux hommes qui sont entre 45 et 55 ans, dans un contexte de baisse de la qualité de la testostérone, qui fait que cette baisse de la qualité de la testostérone fait diminuer la libido. Et du coup, comme une partie de cette testostérone aide à assurer une bonne rigidité de la verge, va favoriser la diminution de la qualité de l’érection. Et donc du coup, ils ne vont pas pouvoir avoir un rapport sexuel désiré.
Et l’intense activité sexuelle…
Jusqu’à preuve du contraire, l’intense activité sexuelle est correcte. D’autant plus qu’on sait aujourd’hui, pour les hommes, dans le cadre de la prévention du cancer de la prostate, on leur conseille, c’est paradoxal, mais on leur conseille d’avoir un minimum de 21 à 24 rapports sexuels par mois. Des rapports sexuels qui doivent exclure la masturbation, puisque ça fait aussi partie d’un plaisir sexuel de se masturber pour l’homme. Donc, c’est assez paradoxal de dire aux hommes qu’avoir des rapports sexuels nombreux peut être handicapant à l’avenir. En réalité, si à un moment donné, ils ont un handicap sur le plan de la qualité de leur érection, c’est parce que c’est introduit dans leur vie une problématique qui n’a rien à voir avec la fréquence des rapports sexuels.
L’attitude des victimes de la dysfonction érectile
Il est extrêmement difficile de se rendre compte que votre collègue de bureau ou votre voisin au quartier a un problème de dysfonction érectile si vous ne le confiez pas. Souvent, c’est très difficile d’imaginer que quelqu’un a un problème d’impuissance sexuelle.
C’est probablement, comme on le dit régulièrement, plutôt les partenaires de ces personnes qui peuvent vous dire qu’il y a un problème d’impuissance sexuelle dans la vie du couple, par exemple. Mais en général, ça ne se détecte pas comme cela. Donc, il faut déclarer de toute façon ?
Le traitement…
On traite autant un problème d’impuissance sexuelle, qu’un problème de diabète, qu’un problème d’hypertension, qu’un cancer de la prostate, qu’un problème d’hypertension. Tout se traite. Le tout, c’est de poser le bon diagnostic, lorsqu’on explique les symptômes. Mais la partenaire reste un élément important dans la pratique de l’acte sexuel.
Rassemblé par Alphonse Jènè et Flavien Ndongo