De nombreux patients, notamment dans les zones rurales, n’ont pas accès à des soins spécialisés en orthopédie et traumatologie. Les délais d’attente pour une consultation ou une intervention chirurgicale peuvent être très longs, ce qui aggrave souvent les pathologies et diminue les chances de guérison. La répartition inégale des spécialistes entraîne des disparités dans la qualité des soins selon les régions. Les chirurgiens orthopédistes en poste sont souvent surchargés de travail, ce qui peut affecter la qualité de leurs prestations.
La gonarthrose, communément appelée arthrose du genou, est une maladie dégénérative qui affecte le cartilage articulaire, cette substance lisse et protectrice qui recouvre les extrémités des os au niveau de l’articulation. Au fil du temps, ce cartilage s’use, ce qui entraîne une inflammation, des douleurs, une raideur et une limitation des mouvements. La gonarthrose était la thématique en examen lors du 8e congrès national d’orthopédie, organisé par la société camerounaise de chirurgie et orthopédie de traumatologie (la SOCCOT). Le fait que Yaoundé ait accueilli le 8e congrès de la chirurgie orthopédique et traumatologie est un signe fort de l’importance accordée à cette spécialité médicale au Cameroun.
En effet, du 8 au 10 août 2024, la ville aux sept collines a abrité la 8e édition du congrès annuel de la Société Camerounaise de Chirurgie orthopédique et traumatologie sur le thème : « Traumatologie et infection : arthroplastie de hanche, arthroplastie du genou ». Cette rencontre permettra aux chirurgiens orthopédiques et traumatologues de mieux vulgariser la pratique de la chirurgie orthopédique et traumatologique dans notre société, et surtout de contribuer efficacement à la promotion d’une santé inclusive et de qualité. « Cette joute scientifique a vu la participation des experts et des patrons venus de l’étranger, notamment le Pr Hans Moevi qui est le patron et le bâtisseur de l’orthopédie au Benin, le Pr. André-Daniel Sané et Al, qui sont venus du Sénégal, qui sont venus enrichir ce congrès. » Il y avait également l’Afrique Centrale, notamment le Tchad. Donc on avait à peu près quatre nationalités qui étaient réunies pour ce congrès riche qui a duré trois jours, explique un congressiste. Un atelier de simulation sur les os artificiels a été organisé le premier jour. Les jeunes chirurgiens orthopédistes ont appris comment réparer un os cassé sur un os artificiel. C’était un atelier de formation de très haute qualité.
Ce type de congrès permet aux professionnels de santé de se tenir informés des dernières avancées dans le domaine de la chirurgie orthopédique et traumatologique. La chirurgie orthopédique et traumatologique revêt une importance capitale pour le Cameroun, et ce pour plusieurs raisons. Les accidents de la route, les chutes et les traumatismes sportifs sont fréquents au Cameroun. Ces événements entraînent souvent des fractures, des luxations et d’autres lésions qui nécessitent une prise en charge spécialisée.
L’augmentation de l’espérance de vie et la sédentarisation favorisent l’apparition de maladies dégénératives comme l’arthrose, nécessitant des interventions chirurgicales. Certaines personnes naissent avec des malformations de l’appareil locomoteur qui peuvent être corrigées chirurgicalement. Une intervention chirurgicale réussie permet de soulager la douleur, de restaurer la fonction et d’améliorer considérablement la qualité de vie des patients.
Le nombre de chirurgiens orthopédistes et traumatologues qualifiés reste insuffisant pour répondre à la demande. Certains hôpitaux ne disposent pas de l’équipement nécessaire pour réaliser des interventions complexes. Les soins chirurgicaux peuvent être onéreux, limitant l’accès pour une partie de la population. Il est essentiel de former davantage de chirurgiens orthopédistes pour répondre aux besoins de la population.
Les hôpitaux doivent être équipés de matériel médical moderne pour garantir la qualité des soins. En organisant ce Congrès, Yaoundé se positionne comme un centre d’excellence en matière de chirurgie orthopédique et de traumatologie, ce qui peut attirer des patients de la sous-région et renforcer le prestige du pays. La pénurie de chirurgiens orthopédistes et traumatologues au Cameroun est un problème complexe qui nécessite une approche multidisciplinaire. Des efforts soutenus doivent être déployés pour former davantage de spécialistes, améliorer les conditions de travail et renforcer les systèmes de santé.
Elvis Serge NSAA
Réactions
« Ces efforts conjugués vont nous propulser en avant ».
Eh bien, le premier sentiment, c’est un sentiment de joie et de fierté ; parce que c’est très agréable de voir que désormais en Afrique, nous sommes capables de travailler en association, de travailler en communion, de nous renforcer les uns et les autres, d’un pays à l’autre, en partageant nos idées, nos connaissances scientifiques, nos expériences chirurgicales, afin que le progrès des uns contribue au bonheur des autres, et vice versa, ce qui nous permet d’avancer plus vite que
Ces efforts conjugués vont nous propulser en avant, ce qui augure d’un avenir meilleur, et qui permettra ainsi à la chirurgie orthopédique et à la traumatologie de s’affirmer, de trouver sa place prépondérante parmi les autres spécialités médicales, en sachant que la traumatologie en particulier est un véritable fléau, notamment dans nos pays.
Il suffit de voir la manière dont les véhicules sont conduits, les motos, la fréquence des accidents, la violence des chocs et la gravité des lésions qui sont observées à la suite de ces accidents, qui contrastent avec la diminution des accidents en Europe. Nous avons besoin de nous unir, nous avons besoin de nous entrainer et, pour moi, c’est vraiment une grande satisfaction de venir ici sous le manteau de président du congrès. C’est prometteur pour les plus jeunes que nous encadrons et que nous formons, qui vont prendre la relève et qui vont s’occuper du bien-être de nos populations dans les années à venir.
« C’est la première fois en Afrique qu’il y a des orthopédistes qui se réunissent dans un pays d’Afrique centrale ».
La première chose à retenir, c’est l’importance de la diplomatie universitaire. Les enseignants étrangers de haut vol sont venus nous appuyer dans l’organisation d’une conférence internationale. Cette diplomatie là est la plus importante puisqu’elle nous permet de communiquer, elle nous permet également de mieux savoir ce qu’ils font ailleurs pour nous développer. La deuxième chose que vous devez savoir, c’est que c’est la première fois en Afrique qu’il y a des orthopédistes qui se réunissent dans un pays d’Afrique centrale où a été développée une école de pensée en chirurgie orthopédique. Et cette école de pensée là est née depuis un certain nombre d’années. J’ai également dit qu’il faut féliciter le Professeur Bahebeck pour tout ce qu’il a fait. Un homme n’est pas parfait. Il faut retenir tout ce qui est de bon dans son action. C’est une conférence où nous avons discuté de grands sujets de l’heure, à savoir : le problème des arthroses chez les personnes âgées en Afrique. Il ne faut pas oublier qu’on prétendait que les Africains ne font pas d’arthrose, et que, dans les années 95, il y a une équipe belge qui est arrivée et a fait une étude à Kumba sur les personnes âgées. On a été surpris de voir qu’en réalité, les Africains se comportaient exactement comme les autres populations du monde. Donc, c’est avec grande satisfaction que j’ai ouvert ce congrès prometteur.
Propos retranscrits par Elvis Serge NSAA
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