Lutte contre la Zoonose : Prévenir la maladie à l’aide des fourmis détectrices

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Une équipe de chercheurs internationaux ont analysé un groupe de fourmis légionnaires collecté dans la forêt au nord-est du Gabon pour mieux comprendre des zoonoses.

Selon l’OMS, l’Afrique a connu une hausse de 63 % de ces épidémies entre 2012 et 2022, par rapport à la décennie précédente. Sophie Muset, coordonnatrice technique du projet Ebo-Sursy pense que cela serait dû à un accroissement des contacts de l’homme avec la faune sauvage, notamment à cause de la déforestation. Pour mieux comprendre, prévoir et prévenir les épidémies futures, l’Organisation mondiale de la Santé animale (OMSA) en partenariat avec l’Institut de Recherche pour le développement (IRD), l’Institut Pasteur et le Centre de Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) a mis en place, en 2017, le projet Ebo-Sursy.

Virologue et spécialiste des zoonoses virales à l’IRD, Eric Leroy est l’un des scientifiques d’Ebo-Sursy qui recherche de nouveaux virus susceptibles de passer du monde animal à l’homme, aussi bien en laboratoire que sur le terrain, au Gabon et en République du Congo. « Travailler dans le bassin du Congo est compliqué parce que dans cet écosystème, la végétation est très importante. Les forêts sont difficilement pénétrables, surtout pendant la saison des pluies. La majeure partie de ces territoires sont totalement inexplorés, et seul un nombre limité d’animaux peuvent y être capturés, prélevés, et donc analysés.  Les seuls échantillons pouvant être facilement récupérés sont les matières fécales. Malheureusement, seule une fraction minime de la communauté virale peut y être détectée. Avec les fourmis, plus besoin de tuer ces animaux pour faire de la recherche » affirme-t-il.

 « Ce qui est important, c’est qu’en cas d’émergence d’un nouveau virus, on peut retourner vers ces bases de données pour caractériser plus rapidement le virus. Dans le cadre du projet AfriCam, on va essayer d’utiliser ces bases de données pour les combiner avec des données réelles de présence des maladies chez les animaux domestiques et chez l’homme. Si on observe des contaminations, cela va nous permettre de réagir rapidement afin d’éviter que le phénomène ne prenne plus d’ampleur, qu’il ait des impacts sanitaires et sociaux économiques très importants et qu’on n’arrive plus à le maîtriser », explique Marion Bordier, épidémiologiste au Cirad et au projet AfriCam au Sénégal. Cette initiative lancée le 23 mai vise à déployer des systèmes de détection précoce d’émergence de zoonoses à l’aide d’une collaboration scientifique entre des virologistes, épidémiologistes, sociologues et autres dans l’approche One Health.

Connaître l’origine d’un virus, son mode de fonctionnement et la famille à laquelle il appartient permet de prévenir la propagation de la maladie, de mieux prendre en charge les cas, mais aussi d’informer le grand public. Une fois les populations conscientes qu’une maladie potentiellement dangereuse circule, elles peuvent adapter leurs habitudes dont la distanciation sociale, arrêt de consommation de viande de brousse afin d’en limiter la propagation. Mais pour cela, la préparation est la clé. En mettant en place un système de collecte régulier de fourmis légionnaires dans différents endroits, les chercheurs pourraient ainsi avoir une idée des virus qui circulent localement chez les plantes et les animaux. « On peut aussi détecter chez ces fourmis les séquences génétiques des proies qu’elles ont consommées et donc la présence simultanée de tels virus héberge naturellement le virus.  En reliant l’ADN de leurs proies et des virus qu’elles ont mangés, cela pourrait nous permettre d’identifier des réservoirs », explique Leroy.

Albert BOMBA et Mongabay

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