L’éducation et la prise en charge des enfants souffrant de troubles neuro-développementaux (TND) constituent un défi majeur au Cameroun. Dans la région de l’Adamaoua, l’absence des centres de prise en charge et des écoles spécialisées et inclusives sont les lots quotidiens des parents et enseignants qui éprouvent d’énormes difficultés malgré les efforts déployés par certains acteurs pour améliorer la situation.
Par Jean Besane Mangam
Le Cameroun ne dispose pas encore d’assez de centres de prise en charge des enfants TND. Les écoles inclusives et spécialisées sont rares dans l’Adamaoua. Ce qui limite l’accès à l’éducation pour ces enfants. Les enseignants, souvent peu formés à la gestion de ces cas spécifiques, se retrouvent démunis face aux besoins de ces élèves.
Le témoignage de madame Angèle, enseignante à l’école spécialisée des enfants à besoins spécifiques de Ngaoundéré, décrit les difficultés quotidiennes : « Il faut d’abord avoir l’amour du métier… Ils viennent sales, certains se salissent en jouant… nous sommes obligés de prendre soin d’eux.”
Campagne de sensibilisation et de formation
Initiée par le Dr. Serge Babilama Lin de la Fondation Chantal Biya, en collaboration avec d’autres acteurs, une campagne de sensibilisation à l’intention des parents et enseignants a été organisée le 29 février à Ngaoundéré. L’objectif est de vulgariser les techniques et méthodes de prise en charge des TND et d’outiller les enseignants à l’inclusion de ces enfants dans l’apprentissage. « Nous avons deux objectifs majeures. Le premier c’était de capaciter les enseignants des écoles publiques et privées et maternelles et primaire de la ville de Ngaoundéré 1er. Nous avons constaté que nous avons des enfants, des patients qui sont dans ces écoles mais donc les enseignants ne sont pas toujours édifiés, mais n’ont pas d’outils à pouvoir intégrer ces enfants dans l’apprentissage. Le deuxième objectif était que les parents sachent et connaissent qu’il y a des approches, des thérapeutes dans la ville » explique docteur Serge Babilama Lin.
Plus de 3000 enfants naissent chaque année avec des TND
Selon le Dr Serge Babilama Lin de la Fondation Chantal Biya, plus de 3000 enfants naissent chaque année avec des TND au Cameroun. Ce chiffre pourrait être sous-évalué en raison des cas non déclarés, notamment les accouchements à domicile.
Un centre d’espoir pour les enfants IMC et autistes
Madame Carine Djouellah, mère d’un enfant IMC, a créé un centre de prise en charge à Ngaoundéré. Malgré les efforts, celui-ci fait face à des multiples problèmes. Il s’agit notamment de la ressource humaine et financière pour répondre aux besoins des enfants. Elle envisage un partenariat avec la Fondation Chantal Biya pour améliorer la qualité des soins et de l’éducation dispensés aux enfants du centre.
Appel à l’accompagnement de l’État
Les acteurs impliqués dans la prise en charge des TND appelés à l’accompagnement de l’Etat pour la formation des enseignants spécialisés et la mise en place d’une politique nationale de prise en charge des TND. L’amélioration de la situation des enfants TND au Cameroun nécessite une mobilisation de tous les acteurs : l’Etat, les organisations caritatives, les familles et les professionnels de la santé et de l’éducation. Des actions de sensibilisation sur l’alimentation de la femme enceinte, pourraient aussi contribuer à la limitation de la survenue des cas.