Paul Ndom, professeur émérite d’oncologie médicale, à la faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé 1, a organisé ce 15 juillet 2024, un symposium scientifique sur les soins en cancérologie. Cette rencontre vise à questionner la qualité des médicaments en circulation au Cameroun. En garantissant l’accès à des médicaments de qualité, on peut améliorer les chances de guérison des patients cancéreux et réduire l’impact de la résistance au traitement.
C’est vrai que la mauvaise qualité des médicaments peut effectivement contribuer à la résistance au traitement chez les patients cancéreux. Cette problématique était au cœur d’un symposium, organisé ce 15 juillet 2024, par le Pr Paul Ndom, professeur émérite d’oncologie médicale, à la Faculté de médecine et des sciences biomédicales, de l’université de Yaoundé 1. Plusieurs scientifiques ont part à cette foire du savoir. Le Pr Youba Saidu, professeur associé de santé globale : Institute for global health, university of Siena Italy, Country Director, Clinton Health Accces Initiative, Yaoundé, Pr Marya Lieberman, Professeur de chimie et biochimie, university of Notre Dame Indiana USA et le Dr Anaba Ndom Dominique Christelle, Medecal Oncologist Douala General Hospital, Douala Cameroun.
Plusieurs thématiques ont été abordées. Notamment le cancer pédiatrique, l’évolution de la prévalence du cancer au Cameroun ces 20 dernières années et la qualité approximative des médicaments de la prise en charge des malades du cancer. « Nous avons constaté à notre petite échelle que nous avons un problème de médicaments, de qualité. Les médicaments que nous utilisons dans nos hôpitaux pour traiter nos malades ne sont pas toujours de qualité. Nous venons de démontrer qu’il y a un système d’évaluation de ces médicaments au Cameroun, mais pas à une grande échelle. Nous voulons par nos connaissances vulgariser cela dans notre pays. Nous voulons apprécier les médicaments, voir la concentration des produits actifs contenus dans le flacon des médicaments que nous utilisons », précise le Pr Paul Ndom.
En effet, les médicaments de qualité inférieure peuvent contenir des substances étrangères ou des dosages mal dosés, rendant le traitement inefficace contre les cellules cancéreuses. Les cellules survivantes peuvent développer des mutations les rendant résistantes aux traitements ultérieurs. « Il y a un laboratoire de régulation pour ne pas la citer qui s’occupe du contrôle des médicaments. Nous voulons appuyer ce type de recherche dans notre pays. Je suis dans la cancérologie une trentaine d’années et je me suis demandé devant les résultats médiocres pourquoi cela ? Il m’est arrivé de penser que peut-être certains produits ne sont pas bien dosés. Tous ces médicaments-là, si on les teste, on verra qu’ils ne sont pas à 100% », conclut-il. Des conditions de stockage inadéquates, comme des températures extrêmes ou une humidité excessive, peuvent altérer la composition des médicaments, réduisant leur efficacité et augmentant le risque de résistance.
Le cancer est un problème de santé publique qui cause l’un des plus grands taux de mortalité au Cameroun soit 1 à 2% de cas de cancer détectés chez l’enfant. Selon les statistiques de l’OMS en 2018, plus de 15700 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, la mortalité est de 10533 décès par an avec un ratio mortalité incidence supérieur à 65%. Toujours d’après ce document de l’OMS, il en ressort que les adultes restent la population la plus affectées avec 15262 nouveaux cas chez les 15ans et plus. Par ailleurs, les cancers les plus fréquents chez les adultes sont les cancers du sein, du col de l’utérus et de la prostate. De plus, environ 300 cas de cancer pédiatrique sont déclarés chaque année, ce qui représente environ 30% du nombre attendu pourtant de nombreux enfants atteints de cancer au Cameroun ne sont jamais diagnostiqués et ne bénéficient par conséquent d’aucune chance de traitement.
La résistance rend le traitement inefficace, retardant la guérison ou provoquant une progression de la maladie. La résistance au traitement peut entraîner une souffrance physique et émotionnelle importante pour les patients. Lutter contre la mauvaise qualité des médicaments est crucial pour limiter la résistance au traitement du cancer. Il faut appliquer des réglementations strictes pour la fabrication, l’importation et la distribution des médicaments. Il faut éduquer les patients sur les dangers des médicaments de qualité inférieure et les encourager à se procurer leurs médicaments auprès de sources fiables. Il faut investir dans la recherche de nouveaux traitements et de stratégies pour combattre la résistance aux médicaments. En garantissant l’accès à des médicaments de qualité, on peut améliorer les chances de guérison des patients cancéreux et réduire l’impact de la résistance au traitement.
Elvis Serge NSAA et Danielle NGO NGEN Stg