Pr Charlotte Nguefack Tchente, « Montrer à la population tout ce qui peut être réalisé »

La Chef service gynécologie-obstétrique, par ailleurs chef de département mère-enfant par intérim à l’hôpital général de Douala, donne les raisons de l’organisation de ces Journées portes ouvertes.
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L’hôpital général de Douala  a organisé les Journées portes ouvertes du 30 mars au 1er Avril 2023. Qu’est-ce qu’il faut savoir par rapport ?

Les Journées portes ouvertes (JPO) du département mère-enfant, sont une activité que nous menons depuis trois ans que nous avons été nommés à la tête du service de gynéco-obstétrique, puis à la tête du département mère-enfant. Nous sommes aujourd’hui à la  troisième édition. Il s’agit d’une activité de l’hôpital général de Douala étant donné que l’hôpital a deux missions. La première est la  mission curative (traitement des maladies) et la seconde, la mission de prévention de la maladie. C’est dans le cadre de cette deuxième mission que ces JPO sont organisées. On parle de prévention parce que beaucoup de maladies peuvent être évitées ou alors dépistées tôt, ainsi  entraîner la guérison. Alors que si elles sont dépistées tard, elles peuvent conduire le malade à la mort. C’est le cas avec les cancers. Donc les activités que nous menons dans le cadre de cette mission sont axées sur la prévention de la maladie. Au menu de ces  journées, il est prévu les causeries éducatives, le dépistage du cancer du sein, le dépistage des lésions précancéreuses du  col de l’utérus, le dépistage de l’anémie. Ces journées portes ouvertes ont aussi été conçues par notre administration pour permettre de montrer à la population tout ce qui peut être réalisé comme activité dans le département.

Y-a-t-il une autre raison ?

C’est également pour sensibiliser sur les préjugés selon lesquels l’hôpital général de Douala est réservé à une certaine catégorie de personnes. Pourtant c’est un hôpital comme tous les autres et parfois les soins reviennent moins chers contrairement à ce qui est pratiqué ailleurs ou même dans certains hôpitaux de la place.

Ce sont donc les activités de deux services du département mère et enfant qui sont présentées aux visiteurs lors de ces JPO ?

Les deux services (gynécologie et pédiatrie) sont présentés pendant ces journées portes ouvertes.  Le service de pédiatrie a comme activités : les consultations externes, les urgences pédiatriques qui sont ouvertes 24h/24h. L’HGD est l’un des rares hôpitaux  où vous avez le pédiatre de garde qui reste effectivement à l’hôpital 24h/24. Nous avons aussi  l’hospitalisation, le service  de vaccination qui couvre le programme élargi de vaccination tel que recommandé par le Ministère de la Santé publique. Nous avons également  le service de néonatalogie qui  compte parmi les meilleurs services de néonatalogie de la ville, nous y prenons en charge efficacement les prématurés et nouveau-nés malades.  En gynéco-obstétrique, nous avons les consultations, les urgences 24h/24h, les hospitalisations, la chirurgie gynécologie et mammaire, la chirurgie laparoscopie. Dans le service, nous réalisons aussi des échographies pour mieux affiner nos diagnostics, des colposcopies. Nous avons la chance d’exercer dans un hôpital doté d’un bon plateau technique, pour la prise en charge des cancers. Nous avons le seul service de radiothérapie fonctionnel du Cameroun.  Il y a un an et demi nous avons fait un plaidoyer auprès de la hiérarchie pour la baisse des prix afin d’améliorer la fréquentation. Ainsi, le prix des accouchements a baissé de 40%.   Nous avons par ailleurs la possibilité de prendre en charge efficacement les complications obstétricales en raison de la présence d’un service d’anesthésie réanimation, de dialyse et d’une banque de sang.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce département ?

L’une des difficultés est la fréquentation. Nous aimerions l’améliorer. La population pense que les soins sont onéreux à l’hôpital général de Douala, ce qui n’est pas toujours le cas. Cela devient évidemment plus cher de prendre en charge les complications que de prendre en charge le patient tôt et éviter la survenue de ces complications. .. Pour ce qui est du matériel, nous avons souvent des lenteurs lors des commandes en raison du système complexe des marchés publiques qui existe au Cameroun.  L’hôpital fait le maximum pour mettre à notre disposition du matériel de qualité pour travailler. D’ailleurs, il y a quelques jours, le Directeur général m’a appelé pour l’acquisition d’un matériel en chirurgie hystéroscopique. Nous avons aussi fait un plaidoyer pour le recrutement du personnel médical dans le département.

Pourquoi mettre l’accent sur le cancer du sein et de l’utérus au cours de ces Journées portes ouvertes ?

Le cancer du sein c’est le premier cancer  de la femme au plan international et au plan national. Et il y a des méthodes de diagnostic précoce qui ont été déjà validées au plan international. Sachant que c’est le premier tueur, nous devons  sensibiliser la population et réaliser le dépistage. Globalement une femme sur 12 est touchée par le cancer du sein (statistiques OMS 2020). Il peut survenir aussi chez la femme enceinte et chez elle, le pronostic est très réservé. Vous comprenez donc la nécessité de la prévention primaire (lutte contre les facteurs de risque modifiables) et du dépistage que nous réalisons lors des JPO. Par ailleurs, le cancer du col est le 2ème en  termes de fréquence. Nous avons la possibilité de détecter et traiter les lésions avant qu’elles ne deviennent cancéreuses au niveau du col, d’où la raison de la réalisation des frottis cervico-utérins pendant nos JPO.

Propos recueillis par Ghislaine DEUDJUI

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