La faim frappe aux portes du Cameroun : Une crise alimentaire qui s’aggrave

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Un constat alarmant à l’échelle mondiale. Un récent rapport conjoint de l’UNICEF, du FIDA, de la FAO, de l’OMS et du PAM dresse un tableau sombre de la situation alimentaire mondiale. En 2023, près de 773 millions de personnes, soit une personne sur onze, ont souffert de la faim. L’Afrique, particulièrement touchée, a vu un quart de sa population confrontée à l’insécurité alimentaire.

 

Sécurité alimentaire au Cameron

Ces chiffres alarmants témoignent d’une crise alimentaire mondiale sans précédent, aggravée par les conflits, les changements climatiques et les crises économiques.

Le Cameroun, un pays sous tension

Le Cameroun n’est pas épargné par cette crise. Selon le dernier rapport du ministère de l’Agriculture, la situation alimentaire s’est détériorée de manière significative. Entre mars et mai 2024, plus de 2, 796,436 Camerounais, soit 10% de la population, étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à un conflit armé depuis plusieurs années, sont les plus touchées. Les attaques de Boko Haram dans l’Extrême-Nord ont également aggravé la situation. Les déplacements de population, la destruction des cultures et les difficultés d’accès aux marchés ont considérablement réduit la disponibilité alimentaire.

Des chiffres qui interpellent. Les données sont sans équivoque : 2, 796,436 Camerounais étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë entre mars et mai 2024.10% de la population camerounaise est touchée par cette crise. 84 762 personnes se trouvaient en phase 4 d’urgence alimentaire, c’est-à-dire qu’elles étaient confrontées à des conditions de famine. 2, 796,436 personnes étaient en phase 3 de crise alimentaire, nécessitant une assistance humanitaire immédiate. 5 637 855 personnes étaient en phase 2 de sous-pression, avec un risque élevé de basculer dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Cette crise alimentaire est le résultat de plusieurs facteurs interconnectés  indiqué le ministère de l’agriculture lors de la présentation de ces résultats. Les affrontements dans les régions anglophones ont perturbé les activités agricoles et déplacé de nombreuses populations. Les sécheresses, les inondations et les attaques de ravageurs ont réduit les récoltes et dégradé les terres cultivables. La flambée des prix du carburant et des produits de première nécessité a réduit le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables.

Au-delà de la simple question de la faim, cette crise alimentaire a des conséquences graves sur la santé de la population. La malnutrition, qu’elle soit par excès ou par défaut, affaiblit les systèmes immunitaires et augmente la vulnérabilité aux maladies. Au Cameroun, près de 400.000 enfants de moins de cinq ans pourraient être confrontés à des risques sanitaires graves en raison d’une mauvaise nutrition et 12000 femmes enceintes et allaitantes seraient affectées. Selon le site reports.unocha.org

C’est dans un rapport publié le 29 mars 2024, l’analyse IPC Malnutrition Aigüe (MAN) pour la période allant de novembre 2023 à octobre 2024 que l’on a relevé des inquiétudes quant au bien-être nutritionnel des jeunes enfants et des mères.

Cette étude à couvert 32 départements dans les régions de l’Adamaoua, de l’Est, de l’Extrême-Nord, du Nord, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, du Centre, du Littoral, de l’Ouest et du Sud y compris les sites de réfugiés accueillant à la fois des réfugiés centrafricains et nigérians. Selon les experts, les jeunes enfants et les mères en particulier dans les régions du Nord du pays pourraient ne pas recevoir suffisamment de nourriture pour rester en bonne santé. Dans les départements de Logone et Chari, Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Mayo-Banyo, les prévisions indiquent  l’aggravation de la situation de mars à juin 2024.

Selon ce rapport on estime que près de 400.000 enfants de moins de cinq ans pourraient être confrontés à des risques sanitaires graves en raison d’une mauvaise nutrition ; 12000 femmes enceintes et allaitantes seraient affectées. En outre, cette étude démontre que, les cas les plus touchés sont des personnes déplacées à l’intérieur du pays et les réfugiés notamment ceux de Meiganga et de Kadei où les conditions sont classées respectivement dans les phases 4(critique) et 3(grave) de l’IPC.

Chez ces déplacés, cette situation est due aux déplacements répétés, à l’insécurité alimentaire, à l’augmentation de la morbidité, au manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement ainsi qu’aux manques de services de santé de base.

Le Cameroun n’est pas le seul pays qui connait cette situation. Selon  un rapport annuel établi conjointement par  cinq organisation des nations unies, publié en juillet 2024,  773millions de personnes environs ont souffert de la faim en 2023, soit une sur cinq en Afrique. Malgré les progrès enregistrés dans les domaines tels que le retard de  la croissance et l’allaitement maternel exclusif, l’insécurité alimentaire et la mal nutrition demeurent toujours « Au cours des deux dernières décennies, les taux de retard de croissance chez l’enfant ont régressé d’un tiers sur l’ensemble de la planète, soit 55millions d’enfants de moins ce qui montre que les investissements dans la nutrition de la mère et de l’enfant portent leurs fruits », a expliqué Mme Catherine Russel, Directrice générale de l’UNICEF.

Mireille Siapje / Audray NDENGUE Stg

 

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