La Canne Blanche: Entre Défis Quotidiens et Espoirs de Sensibilisation
Chaque année, le 15 octobre est une date symbolique pour les personnes malvoyantes et aveugles, car elle célèbre la Journée Mondiale de la Canne Blanche. Créée en 1970 par l’Union Mondiale des Aveugles, cette journée vise à sensibiliser le public à cet outil essentiel qui permet aux personnes en situation de handicap visuel de se déplacer de manière autonome. Cependant, au Cameroun, la réalité quotidienne des utilisateurs de la canne blanche est marquée par de nombreux défis.
Canne blanche, outil de communication peu connu
Au Cameroun, la canne blanche, symbole d’autonomie pour les personnes déficientes visuelles, se révèle être un outil bien souvent insuffisant face aux difficultés rencontrées au quotidien. Les témoignages de Yvone Onana et Georges, deux usagers de la canne blanche, mettent en lumière les obstacles auxquels ils sont confrontés.
Yvone Onana, une jeune femme malvoyante, témoigne des difficultés qu’elle rencontre dans les rues de Yaoundé. Malgré l’utilisation de sa canne blanche, elle se fait souvent bousculer par des passants indifférents. “J’utilise ma canne pour me guider, mais cela ne semble pas suffire. Les gens ne font pas attention, et je me retrouve souvent dans des situations dangereuses“, confie-t-elle, visiblement frustrée par le manque de considération dont elle fait l’objet.
Georges, un habitant du quartier Omnisports, partage un sentiment similaire. Frustré par les moqueries de certains passants à propos de sa canne, il souligne les dangers auxquels il fait face lorsqu’il essaie de traverser la route. “J’ai déjà été renversé plusieurs fois par des véhicules. Traverser la route est un véritable combat“, explique-t-il. Ces expériences mettent en lumière une réalité préoccupante : le manque de sensibilisation et de respect envers les personnes malvoyantes dans l’espace public.
Marc, un autre malvoyant, aspire à améliorer sa situation. Il souhaite suivre des cours de locomotion pour mieux s’orienter et se déplacer en toute sécurité. “Je veux apprendre à utiliser ma canne de manière plus efficace. Cela me donnerait plus de confiance“, déclare-t-il. Son témoignage reflète un désir de progression et d’autonomie, mais aussi une prise de conscience des obstacles qui se dressent sur son chemin.
Maxime, 36 ans, étudiant en 3ème de droit à l’université de Soa est un exemple de résilience. Aveugle, il se déplace chaque jour avec sa canne blanche, affrontant les défis de la route avec détermination. “Je reste confiant et toujours prêt à braver les obstacles. Il faut bien s y faire“, assure-t-il. Son attitude positive prouve que, malgré les difficultés, il est possible de mener une vie active et engagée.
La canne blanche est bien plus qu’un simple bâton. C’est un véritable prolongement du corps, un outil qui permet aux personnes déficientes visuelles de se repérer dans l’espace, d’éviter les obstacles et de gagner en confiance. Au Cameroun, de nombreuses associations œuvrent pour la sensibilisation à l’utilisation de la canne blanche et pour la formation des personnes aveugles et malvoyantes. A l’instar du « Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun ».
Malgré ces efforts, plusieurs défis persistent notamment, l’accès limité car l’accès à la canne blanche n’est pas toujours garanti pour tous les personnes qui en ont besoin. Des problèmes de financement et de distribution peuvent en être la cause. L’on peut aussi évoquer la formation insuffisante à l’utilisation de la canne blanche qui est très souvent limitée, ce qui peut freiner l’autonomie des personnes déficientes visuelles. Aussi, les espaces publics ne sont pas toujours adaptés aux besoins des personnes aveugles et malvoyantes. Les trottoirs sont souvent encombrés, les passages piétons mal signalés et les bâtiments peu accessibles. Quant à elle, la société dans son ensemble n’est pas toujours sensibilisée aux besoins spécifiques des personnes aveugles et malvoyantes, ce qui peut entraîner des comportements discriminatoires.
Pour améliorer la situation, plusieurs actions peuvent être mises en œuvre à en croire certains acteurs de la société. Pour eux, il est essentiel de faciliter l’accès à la canne blanche pour toutes les personnes qui en ont besoin, en mettant en place des dispositifs de distribution gratuits ou à coût réduit. Des programmes de formation complets doivent être mis en place pour apprendre aux personnes déficientes visuelles à utiliser correctement leur canne blanche et à se déplacer en toute sécurité. Les villes doivent s’adapter aux besoins des personnes aveugles et malvoyantes en aménageant des espaces publics accessibles, en installant des bandes d’éveil de vigilance et en signalant clairement les obstacles. Des campagnes de sensibilisation doivent être menées pour informer la population sur les besoins spécifiques des personnes aveugles et malvoyantes et promouvoir une attitude inclusive.
La Journée Mondiale de la Canne Blanche est l’occasion de rappeler l’importance de cet auxiliaire et de sensibiliser la société à la nécessité d’un respect mutuel et d’une meilleure compréhension des défis auxquels font face les personnes en situation de handicap visuel.
Il est essentiel que la société camerounaise prenne conscience de ces réalités. La sensibilisation et l’éducation sont des étapes importantes pour garantir que les utilisateurs de la canne blanche puissent se déplacer en toute sécurité et avec dignité. La canne blanche, symbole de courage et de détermination, mérite d’être respectée et valorisée dans notre société.
Mireille Siapje
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