Malnutrition : Un fléau silencieux des enfants des zones rurales du Nord

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La région du Nord, malgré ses richesses naturelles, cache une réalité alarmante, celle de la malnutrition chronique qui frappe de plein fouet les enfants des zones rurales.  Loin des regards, des milliers d’enfants souffrent en silence, leurs vies et leurs potentiels compromis par un manque criant de nutriments essentiels.

De nombreuses localités de la région du Nord vivent dans une précarité extrême.  L’accès à une alimentation diversifiée et nutritive est un luxe pour beaucoup de familles.  Les cultures de subsistance, souvent fragilisées par les aléas climatiques, les  sécheresses récurrentes et inondations imprévisibles suffisent à fragiliser une alimentation adéquate.  L’éloignement des centres urbains, l’absence d’infrastructures routières et le manque d’accès à l’eau potable aggravent la situation.  Ce sont les enfants, les plus vulnérables, qui paient le prix fort de cette situation.  Leur croissance est compromise, leur système immunitaire affaibli, les exposant à un risque accru de maladies infectieuses. Les conséquences sont désastreuses entre autres, le retard de croissance, le développement cognitif perturbé, et dans les cas les plus graves, la mort.  Les mères, souvent épuisées par le travail des champs et mal nourries elles-mêmes, peinent à allaiter correctement et à fournir à leurs enfants une alimentation appropriée.  Cette spirale infernale se perpétue de génération en génération.

Les efforts de l’État, une lutte de longue haleine

Conscient de l’ampleur du problème, le gouvernement déploie des efforts considérables pour lutter contre la malnutrition.  Des programmes de nutrition sont mis en place, notamment des campagnes de sensibilisation sur les bonnes pratiques alimentaires, la promotion de l’allaitement maternel exclusif, et la distribution de suppléments nutritionnels aux enfants les plus vulnérables. Des centres de santé intégrés et des unités de nutrition thérapeutique sont déployés dans certaines zones, afin de prendre en charge les cas de malnutrition sévère.  Le gouvernement, en collaboration avec des organisations non gouvernementales (ONG) internationales et nationales, travaille activement à la mise en œuvre de ces programmes.  Cependant, les moyens restent limités face à l’étendue du problème et aux défis logistiques liés à l’accès aux zones rurales les plus reculées.

La situation est particulièrement préoccupante entre mars et septembre.  Cette période correspond à la saison sèche, qui épuise les maigres ressources alimentaires disponibles.  Les cultures sont moins abondantes, les prix des denrées augmentent, et l’accès à l’eau devient un véritable calvaire.  Cette période de soudure accentue la vulnérabilité des enfants déjà fragilisés par la malnutrition.  Le taux de malnutrition augmente sensiblement durant ces mois, mettant une pression supplémentaire sur les services de santé déjà surchargés.

La malnutrition a des conséquences graves et durables sur la santé des enfants.  Le retard de croissance est l’une des conséquences les plus visibles.  Les enfants atteints ne parviennent pas à atteindre leur potentiel de croissance, ce qui affecte leur développement physique et cognitif.  Leur système immunitaire est affaibli, les rendant plus susceptibles aux infections, aux maladies et à une mortalité infantile accrue.  La malnutrition peut également entraîner des troubles neurologiques irréversibles, affectant les capacités d’apprentissage et le développement intellectuel.  À long terme, les conséquences se répercutent sur la santé, la productivité et le développement socio-économique du pays.

Combattre la malnutrition dans les zones rurales du Nord-Cameroun exige une approche multisectorielle et durable.  Il est impératif d’améliorer l’accès à une alimentation saine et diversifiée, en promouvant l’agriculture durable et résiliente aux changements climatiques.  La diversification des cultures, l’accès à des semences améliorées et des techniques agricoles performantes sont essentiels pour accroître la production alimentaire.  Parallèlement, il est crucial d’améliorer l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et aux soins de santé.  Des programmes de sensibilisation et d’éducation nutritionnelle sont nécessaires pour informer les parents sur les bonnes pratiques alimentaires et l’importance de l’allaitement maternel.  L’amélioration des infrastructures routières et des moyens de transport faciliterait l’accès aux marchés et aux services de santé.  Enfin, la mise en place de programmes de soutien aux revenus des ménages les plus vulnérables permettrait d’améliorer leur pouvoir d’achat et leur accès à une alimentation adéquate.

Marcus DARE            

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