Entretien avec le Dr Thom Bolivar, Sous-Directeur en charge de la Médecine du sport au ministère des Sports et de l’Education physique, Expert spécialiste en Médecine du sport et de l’Exercice FMSB/ Excuss ONMC 9131 ainsi que Médecin référent des Sélections Nationales du Cameroun.

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Depuis quelques années, on observe une montée en puissance de la consommation d’alcool lors des activités de sport communément baptisées « 2-0 ». Qu’est-ce qui peut justifier cela ?

La montée en puissance de la consommation d’alcool est liée à la désinformation et à l’ignorance lors de nos « 2-0 », surtout lorsqu’on pratique du sport ou de l’activité physique.

Est-il conseillé de consommer de l’alcool après un exercice physique ?

Il n’est pas conseillé de consommer de l’alcool après le sport ou un exercice physique. Cela est extrêmement dangereux pour notre bien-être physique et psychique, ainsi que pour la performance à réaliser, car l’alcool inhibe la restauration de nos réserves énergétiques dans les muscles. C’est un puissant diurétique qui déshydrate l’organisme et peut conduire à un choc hypovolémique, voire à un arrêt cardiaque dû à une fibrillation ventriculaire. L’alcool augmente également la sécrétion d’insuline et diminue le taux de sucre dans le sang, nécessaire à la production d’énergie. Il entraîne la croissance musculaire, empêche une récupération optimale, augmente le risque de blessure, entraîne la somnolence et un manque de sommeil et de concentration, pouvant conduire le sportif ou toute personne pratiquant l’exercice physique au surentraînement ou sous-entraînement. Il augmente également le taux de cortisol, à l’origine du stress, dont on connaît l’impact au niveau de l’organisme, en particulier au niveau physiopathologique. Enfin, il diminue la VO2 max, la FCMAX et la VMA. En somme, il réduit le niveau d’endurance et de résistance en raison d’un mauvais apport de substrats et de substances énergétiques.

Quelles sont les mesures préliminaires à adopter face à une personne victime d’un malaise suite à la consommation d’alcool après un exercice physique ?

Dans le cas d’une personne victime d’un malaise lié à la consommation d’alcool, deux hypothèses peuvent se présenter : soit la personne est inconsciente et respire, soit elle est inconsciente et ne respire plus. Il faut alors définir des étiologies telles que : s’agit-il d’une crise d’hypoglycémie liée à la consommation d’alcool ? S’agit-il d’une déshydratation ? S’agit-il d’un surentraînement ou d’un sous-entraînement ? Ou encore, s’agit-il d’un coma éthylique ?

De toutes les manières, s’il est inconscient et ne respire plus, une désobstruction des voies aériennes supérieures et 30 massages thoraciques s’imposent, suivis de 2 ou 3 insufflations, ou l’utilisation d’un défibrillateur automatique ou semi-automatique, appareil de choix. Il est également conseillé de le référer en milieu hospitalier pour une administration de traitement en fonction des étiologies. Par contre, s’il est inconscient et respire, on fait immédiatement une désobstruction des voies aériennes supérieures et on le met en PLS (position latérale de sécurité) avant de le référer aux urgences.

Quelles peuvent être les conséquences sur la santé d’une personne qui consomme de l’alcool après un match de « 2-0 » ?

La conséquence directe pour celui qui consomme régulièrement de l’alcool après un 2-0 est une mort subite due à un ACR (arrêt cardio-respiratoire).

Quelles sont les astuces pour garder son corps en bonne santé après un exercice physique intense ou un match de « 2-0 » ?

Pour garder son corps en bonne santé après un exercice physique intense ou un match de « 2-0 », il faut : s’hydrater avec de l’eau assiette ; s’alimenter de manière équilibrée ; et prendre un repos strict.

Que prévoit le ministère de la Santé Publique pour la prise en charge des personnes victimes de consommation abusive d’alcool après le sport ?

Le ministère de la Santé prévoit : des séances de conseil pour limiter la consommation d’alcool. Car, en dehors de cela, la consommation abusive d’alcool peut entraîner des maladies hépatiques, rénales et neurologiques. Le ministère prévoit également l’organisation de séminaires de sensibilisation des populations sur la toxicomanie et le dopage. La formation et le recyclage du personnel de santé sur les gestes de premiers secours sont également au programme.

Propos recueillis par Junior NTEPPE KASSI

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