Hôpital de district de Bonassama :une formation sanitaire en perpétuel challenge
La notoriété de cette formation sanitaire traverse les frontières de sa circonscription, seulement de nombreux obstacles entravent son épanouissement.
Situé dans le 4è arrondissement de la ville de Douala, l’hôpital de District de Bonassama aux allures modestes semble avoir fait son temps. Les murs défraichis de cette formation sanitaire qui ont accueilli l’ancien délégué de la communauté urbaine de Douala, Dr Fritz Ntone Ntone, et l’actuel secrétaire général au Ministère de la Santé Publique, Pr Louis Richard Njock laissent transparaitre un gout de vieux. Pourtant, cette formation sanitaire continue d’accueillir chaque année des centaines d’infirmiers stagiaires, médecins stagiaires et de nouveaux médecins en perfectionnement.
L’hôpital de district de Bonassama c’est 78 lits d’hospitalisation, 2 lits de mise en observation, 28 médecins titulaires dont 13 spécialistes variés. Depuis 2017, la capacité et les ressources de cette formation sanitaire ont augmenté. Ceci grâce à la mise en place d’un nouveau service. Dont, le service oncologie qui bénéficie actuellement de 8 lits et d’un espace « hôpital du jour ». Par mois, ce service enregistre entre 40 et 50 consultations. « En 2019, nous avons diagnostiqué 281 nouveaux patients et 221 avaient le cancer », nous informe Mercy Nchieh Ngong epse Lukong, major du service oncologie à l’hôpital de district de Bonassama.
Cette formation sanitaire comprend au total 18 services. Dont : l’accueil et orientation, les urgences chirurgicales, médecines et spécialités, le bloc opératoire, gynécologie et obstétrique, pédiatrie, oncologie, ORL, stomatologie, UPEC/VIH, UTC/ choléra, haut standing, laboratoire, radiologie, pharmacie, morgue, maintenance, PCI et Hygiène. « Notre hôpital bien qu’il soit petit regorge un certain nombre de service qui nous permet de satisfaire nos patients, et concernant la prise en charge des malades, tout se passe de façon ordonnée, et l’activité est équilibrée », renseigne le Dr Hélène Epee, conseillère médicale à l’hôpital de district de Bonassama.
L’hôpital de district de Bonassama qui a bénéficié par le passé de nombreux dons de certains partenaires privés tel que Cimencam en 2007 (don en matériel en maternité) et en 2008 (réhabilitation du pavillon de haut-standing) et en 2012 (réhabilitation du pavillon des urgences), fait aujourd’hui face à de nombreux défis. Ceci n’échappe d’ailleurs pas au regard critique des usagers. « L’hôpital de Bonassama existe depuis de nombreuses années, malgré les innovations faites ou apportées dans cet hôpital beaucoup reste encore à faire, dont l’amélioration de la prise en charge des patients, le cadre d’accueil proprement dit de l’hôpital, parce qu’au regard des infrastructures ce n’est pas très beau à voir », relève Martial Ntone un riverain de l’arrondissement de Douala 4è. Dans le même sillage, Mathurin Njah reste lui aussi critique sur les limites de cette formation sanitaire. « Elle est limitée au niveau des soins, il y a des cas de prises en charge qui exigent que l’on se rende plutôt dans d’autres formations sanitaires », fait-il savoir.
Malgré tout, la relation patient-infirmier reste au centre des préoccupations du personnel de cette formation sanitaire. Le surveillant général, Nformi Hycinth Kwebi veille au grain. « La relation infirmier- patient, c’est la création d’une relation de confiance entre l’infirmier et son patient/client. La satisfaction des patients et usagers est au cœur des préoccupations des infirmiers dans notre établissement à travers le respect de leur limite, la confidentialité, le respect des intimités, l’empathie, la sensibilité culturelle, le respect de la déontologie et l’éthique de la profession, le non-jugement qui implique d’accepter le patient tel qu’il est, le respect du choix du patient dans la prise de décisions, les attentes des clients, la confiance et enfin le support émotionnel pour un respect mutuel »,cite-il.
Une enquête réalisée par ce dernier dans cette formation sanitaire a permis de constater un taux de satisfaction de 70% vis-à-vis de la relation client-infirmier. Et malgré ceci, il existe toujours des plaintes sur le comportement des certains infirmiers concernant les mauvaises pratiques. Dont : « l’arnaque des patients, le mauvais accueil, la vente parallèle des médicaments, la mauvaise communication, le retard au travail et l’absence non justifiée », signale le surveillant général. Pour y remédier, la direction de l’hôpital de district de Bonassama ne ménage aucun effort pour éradiquer ces pratiques à travers des lettres de demande d’explication et la traduction des personnels concernés au comité local de lutte contre la corruption et le conseil de discipline.
Dans l’optique de suivre les prescriptions du Ministre de la santé publique, les cadres de cette formation sanitaire sont convaincus qu’il faut : organiser, diriger, surveiller le service des soins infirmiers de jour comme de nuit afin d’assurer aux malades des soins qui répondent à leurs besoins; poursuivre l’analyse et l’appréciation continuelle des soins infirmiers par des études et des recherches en vue d’améliorer leur qualité, d’accroître leur efficacité par l’utilisation judicieuse des personnels et la mise au point des consignes de tâches par poste de travail ; participer à la formation et au perfectionnement professionnel des personnels du service des soins infirmiers. Egalement de trouver des solutions : aux insuffisances des personnels infirmiers qualifiés ( IDE Infirmier principal et infirmerie supérieur , sage-femme) ; à la difficulté d’établir le planning de travail avec des nombres insuffisants des personnels qualifiés ; le manque d’infrastructure pour assurer au personnel médical un environnement de travail adéquat ; capacité de lits très faible par rapport à la demande en hospitalisation ; l’absence de certaines spécialités qui permettront d’atteindre les objectifs fixés sur la vision générale : soins holistiques-soins de qualité à bas coût. Et, des spécialistes fortement sollicités et attendus : pédiatre biologiste – radiologue-ORL- ophtalmologue…
Ghislaine DEUDJUI