Délestages: le calvaire des malades à Ngaoundéré
Les coupures intempestives et répétées du courant électrique dans la ville de Ngaoundéré créent un désordre à nul autre pareil. Les malades internés dans les hôpitaux en font les frais.
Depuis plus de 2 semaines déjà, la région de l’Adamaoua vit sous un régime de rationnement du courant électrique fourni dans les ménages. De nombreux quartiers sevrés de l’électricité pendant plusieurs heures. Ces heures de coupures varient entre 12 et 14heures par jour. Ce qui crée des désagréments à n’en point finir. Les aliments sont difficilement conservés dans les chambres froides, créant une importante dépense pour les familles et le milieu des affaires où les denrées ont besoin du froid pour être conservés en bon état. « Je suis dépassée par ces coupures qui durent toute la journée ou toute la nuit. Tous les aliments que je conserve au congélateur commencent se décomposent facilement. J’ai des enfants qui tombent de plus en plus malades depuis l’arrivée de ces délestages. Je me demande si ça va changer ou on va passer toute la saison sèche comme ça. C’est de trop, nous ne sommes qu’en novembre », se désole Aïssatou, femme au foyer et gérante d’une poissonnerie dans la ville de Ngaoundéré.
Pour justifier les raisons de ces coupures, l’entreprise en charge de la fourniture de l’énergie, a publié il y a peu un communiqué qui indique que les coupures sont dues à la baisse du niveau d’eau au barrage de Lagdo, lui-même tributaire de la pluviométrie peu abondante cette saison dans cette partie du pays. Des raisons très vite battues en brèche par les populations qui ne veulent rien comprendre du tout. « Nous ne comprenons rien de tout cela. Nous sommes en début de saison sèche, mais on nous fait savoir que le niveau d’eau a trop baissé cette année, ce n’est pas une raison. On ne consomme pratiquement rien, mais la facture est toujours élevée. Cela ressemble à du vol », s’offusque Elie, étudiant.
Dans les formations sanitaires, les malades et les gardes malades sont sans voix. Des résultats des examens médicaux retardés, des réactifs qui subissent, tous les ingrédients sont réunis pour augmenter la souffrance des malades. « Je suis allé pour des examens à l’hôpital. Une fois les prélèvements effectués, on a coupé le courant, j’étais obligé de patienter que le générateur soit actionné pour que le laborantin travaille. Je suis désolée de constater que chaque jour, il y a coupure. Eneo sort des communiqués pour donner des raisons, mais ce n’est pas suffisant. On ne peut pas se développer dans ces conditions », ajoute Aïssatou.
Pour faire face aux temps morts imposés par les coupures, certaines formations sanitaires sont dotées de groupe électrogène qui sert à alimenter les structures. C’est le cas de l’hôpital de district de Dang où un groupe électrogène a été acquis pour suppléer Eneo en cas de délestage.
Le programme hebdomadaire de rationnement est loin de satisfaire les déshydratas des populations face à ce qui est devenu comme une tradition dans la région de l’Adamaoua depuis quelques jours.
Jean BESANE MANGAM